"Il faut qu’elles soient fières d’avoir traversé une vraie épreuve"

Ayant moi-même gardé un très bon souvenir de ma totémisation, ma fille aînée est partie à son 1er camp guide tout à fait sereine. A son retour, elle m’a raconté à quel point la "tot" était terrible et qu’elle ne voudrait plus jamais revivre ça.

Plus que les épreuves, c’est surtout le climat dans lequel la totémisation se déroule. Ça dure plus de 48h pendant lesquelles, chefs et CP crient, insultent, rabaissent les futures totémisées. Elles doivent toujours regarder le sol et interdiction de se parler entre elles. Épuisées, on les empêche de s’endormir, ma fille entend ses amies pleurer autour d’elle mais ne peut pas les approcher. Il y en a une qui fait une véritable crise d’angoisse, les chefs ne viennent même pas, ce sont les aînées (15 ans !) qui s’en occupent..

Ma fille se dit forte, elle sait que d’autres ont plus souffert qu’elle. Mais sa sœur est 2 ans plus jeune et est très sensible, elle me dit qu’il faut absolument qu’elle arrête après les lutins, que sa sœur ne pourrait jamais supporter ce qu’elle a enduré sans être complètement détruite.. Le temps passe et évidemment, sa sœur veut quand même aller aux guides et recevoir son totem.

Nous avons de la chance, une nouvelle compagnie s’est créée au sein de l’unité, ce sera peut-être différent. Confiantes, avec une autre maman (qui a aussi une mauvaise expérience avec ses aînés), nous allons trouver le staff avant le camp. C’est positif, il y a eu une prise de conscience au sein de l’unité et une véritable volonté de changement.

Puis, c’est la douche froide, le changement doit se faire très progressivement nous dit-on.. comme ça a toujours été comme ça, on ne peut pas tout changer d’un coup. Certains chefs prendront le rôle de méchant mais pas tous, il faut qu’elles soient fières d’avoir traversé une vraie épreuve. Et puis, si on change directement, les plus grandes vont être jalouses, il faut quand même leur laisser l’occasion de se venger..

A ce stade, je ne sais plus quoi dire, je suis juste écœurée de la nature humaine… Mon aînée et moi, préparons du mieux qu’on peut la plus jeune à partir. On lui dit de mettre sa carapace et d’attendre que ça passe. Le fait d’avoir eu un des chefs qui est effectivement resté bienveillant pendant l’épreuve l’a aidée aussi. Ce n’était pas gai mais elle ne gardera pas de traumatisme de sa totémisation.

Aujourd’hui, mon aînée est CP. Ouf, elle n’a toujours pas besoin de vengeance, elle a prévenu les plus jeunes de sa patrouille et fera tout ce qu’elle peut pour adoucir la totémisation. J’espère que les choses vont continuer à changer. Les guides ne seront pas moins fières si on s’éloigne de ces pseudos-baptêmes. Le dépassement de soi, cela peut aussi se faire dans la bienveillance et l’entraide !

Scout toujours ? Le mur de témoignages

De mars à août 2023, Médor s’est penché sur les mouvements de jeunesse belges et leurs débordements.
Sur ce mur de témoignages désormais clôturé, vous pouviez partager votre expérience. Ensemble, vos témoignages nous ont permis de comprendre comment se mettent en place des dérives. Les conclusions de cette enquête participative sont à retrouver sur medor.coop/scouts

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