Aucun dispositif pour signaler des abus

Quand j’étais louvette (8-12ans) mes chefs mecs faisaient constamment des blagues sexuelles. Il rigolaient entre eux du fait qu’on ne comprendrait pas car on était trop petites. Une fois, je mangeais une saucisse et un d’eux a dit que j’aimais beaucoup avoir des bites dans la bouche. Sur le moment je me souviens que ça m’avait mise mal à l’aise mais je ne comprenais pas pourquoi parce que tout le monde semblait trouver ça drôle et normal. Ça à beaucoup impacté ma conception de la sexualité comme un truc uniquement pour les hommes, où je n’aurais pas vraiment de consentement.

Le climat était très lgbt-phobe et misogyne. Ce qui a fait que je suis restée dans le placard des années à subir tout ça en silence. Une cheffe s’est fait "outer". Quand les guides on été au courant, beaucoup de choses lesbophobes ont été dites dans son dos. Je pense que si ma troupe avait été accueillante de mon homosexualité, ça m’aurait énormément aidé car ça se passait vraiment mal chez moi et a mon école.

J’ai aussi entendu plein de trucs racistes. Des guides noires à qui sont systématiquement donnés des totems de singe.

À ma totémisation je ne comprenais pas du tout ce qu’il se passait. Du jour au lendemain on m’a juste dit "c’est la tot’tu nous obéir sinon ça va mal se passer". Étant autiste j’ai du mal à comprendre les implicites, les règles sociales et l’imprévu, donc j’étais complètement perdue, c’était très stressant. Je me souviens d’un moment en particulier où j’étais à bout et où deux cheffes que j’aimais beaucoup sont venues vers moi et on commencé a me dire des trucs horribles : "je n’avais pas d’ami.e.s", "j’étais vraiment nulle". Ça m’a d’autant plus marquée car à ce moment là je me faisais harceler à l’école.

On m’a dit que je ne pouvais pas arrêter la tot’, sinon je devrais la refaire l’an prochain. Dès que je parlais sans autorisation, je me faisais crier dessus donc ça rend très dur de dire stop. On est au milieu de nulle part, on n’a pas de moyen de contact avec l’extérieur… Je pense que tout est fait de sorte à ce que des abus puissent se dérouler facilement et sans répercussion sur les responsables. Il n’y avait aucune mise en place de dispositifs pour signaler des abus.

Scout toujours ? Le mur de témoignages

De mars à août 2023, Médor s’est penché sur les mouvements de jeunesse belges et leurs débordements.
Sur ce mur de témoignages désormais clôturé, vous pouviez partager votre expérience. Ensemble, vos témoignages nous ont permis de comprendre comment se mettent en place des dérives. Les conclusions de cette enquête participative sont à retrouver sur medor.coop/scouts

Médor ne vous traque pas à travers ses cookies. Il n’en utilise que 3 maximum pour la sécurité et la navigation.
En savoir plus