Privée de cette expérience géniale
Une amie et moi avons été harcelées aux louveteaux, par effet de contagion : son grand frère y ayait été harcelé avant notre arrivée. Cela consistait en des moqueries et un surnom insultant, les "moulettes", le grand frère étant surnommé "la moule". Ces moqueries ont duré un an, j’y allais en pleurant tous les samedis. Jusqu’à ce que mes parents acceptent de ne pas me réinscrire. Cela venait à la base des autres enfants, mais les chefs n’en avaient rien à faire, voire s’en amusaient.
Les chefs ne faisaient que des jeux de compétition valorisant toujours le même type de compétences, et j’étais systématiquement dans le groupe des perdants ; à la fin des réunions, ils récompensaient toujours les mêmes enfants avec la "dent d’Akela", destinée à un enfant s’étant démarqué ou dépassé ; je faisais partie de ceux qui ne l’ont jamais reçue. C’était une troupe mixte, et c’était en grande majorité les garçons qui recevaient les gratifications.
Un jour, il m’est arrivé de battre l’un des chefs à un jeu en "duel", il s’est senti humilié de se faire battre par une petite louvette et il a refusé de l’admettre. Ça a été ma seule réussite et elle a été invalidée. Avec le recul, je me rends compte qu’il y avait un biais sexiste dans leurs comportements et leurs activités, et qu’ils n’avaient aucune attention pour prévenir ou réguler les dynamiques toxiques, ils n’étaient même pas outillés pour les voir.
Pour moi, les scouts c’était l’horreur, une peur permanente d’être humiliée ; et en plus je me sentais comme punie car privée de cette expérience géniale pour les autres.
Moulette