Très difficile, dans ma famille, d’ouvrir le débat
Dans ma famille, tout le monde est scout depuis plusieurs générations. J’ai entendu je ne sais combien de fois ces récits épiques de réunions clandestines organisées pendant l’occupation de Bruxelles par les nazis. Hitler avait interdit aux scouts de se rassembler. Ils ont continué à le faire, comme un acte de résistance, et ont rendu des services à la population. J’ai grandi avec cette idée héroïque de jeunes à la morale irréprochable. On m’a répété aussi qu’être chef, c’était ajouter une ligne déterminante sur son CV. C’est très difficile dans ma famille d’ouvrir le débat sur les dérives du mouvement surtout que j’y ai, moi aussi, vécu les plus beaux moments de mon adolescence. Pourtant, je dois l’admettre : on avait une façon de se moquer de celles qui n’étaient pas dans le coup, de les dégoûter, de tout faire pour qu’elles n’aient pas envie de rester. On voulait un groupe de filles dynamiques, sportives, en bonne santé, avec les mêmes codes. Avec le recul, ça me débecte.
Sapajou