Je n’ai tout simplement… pas été totémisée du tout

Bonjour, mon témoignage est différent, mais peut-être rejoindra-t-il d’autres histoires vécues et cachées… parce que considérées comme honteuses et synonymes d’échecs. Moi, je n’ai tout simplement… pas été totémisée du tout. Enfin si, À 17 ans, lorsque j’étais cheffe nutons dans une autre fédération, après avoir quitté ma fédération et mon groupe de guides où personne, après quatre ans de guidisme et quatre ans de louvetisme, n’avait trouvé utile de me totémiser.

Chaque année, j’ai attendu ce que je considérais comme un sésame d’intégration.. mais chaque année, j’ai été « oubliée » et les guides plus jeunes que moi ont reçu un totem sans que personne ne m’explique ma « non-totémisation ». J’ai perdu du terrain dans la hiérarchie de la patrouille et vu les plus jeunes prendre ma place dans le rang.

J’ai vécu cet « oubli » particulier dans le silence et le déni. Une terrible humiliation. Qui macère comme une blessure, dans la honte de ne pas satisfaire des exigences qui n’étaient pas verbalisées ! Et la peur de « réclamer ». La tristesse de ne pas coller au projet de mes parents qui m’avaient « déposée » chez les guides pour compenser mon statut atypique d’« enfant unique ».

J’ai questionné récemment ma cheffe de l’époque et quelques guides : personne ne se souvient de rien. J’étais prête à tout entendre… mais pas ça. Comble du comble. La cheftaine a « oublié » que je n’ai pas été totémisée. Elle « va regarder dans les archives de la compagnie ».

Un jour, poussée par ma mère, je suis partie. Enfin consciente, mais si tard, que je devais quitter un lieu où je ne m’épanouirais jamais. Mais si tard. Ces années sont caractérisées par un immense silence, y compris de la part de mes amies guides totémisées (car heureusement j’avais des amies).

Je tente de regarder aujourd’hui avec compassion l’enfant trop calme et discrète, pleine d’idéal et de sens du devoir que j’étais et j’essaye de ne pas faire les mêmes erreurs que mes parents avec mon propre enfant.

Merci pour votre article qui me permet d’exprimer un traumatisme silencieux qui aujourd’hui encore me donne les larmes aux yeux. J’ai 46 ans.

Scout toujours ? Le mur de témoignages

De mars à août 2023, Médor s’est penché sur les mouvements de jeunesse belges et leurs débordements.
Sur ce mur de témoignages désormais clôturé, vous pouviez partager votre expérience. Ensemble, vos témoignages nous ont permis de comprendre comment se mettent en place des dérives. Les conclusions de cette enquête participative sont à retrouver sur medor.coop/scouts

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