Je n’étais plus un enfant mais un soldat fautif, coupable, qui devait être puni
Mon expérience des louveteaux, dans deux troupes différentes, a été globalement négative. Enfant plutôt anxieux et timide, c’est mon père qui tenait à ce que je tente le scoutisme car il en avait retiré beaucoup de positif (débrouillardise, vie au grand air, camaraderie). Ma première troupe m’a marqué par son côté vain et violent. Ma seconde troupe a plutôt été marquée par le harcèlement de la part des autres enfants. Particularité : mes harceleurs étaient les mêmes personnes que je côtoyais à l’école primaire, sans problème particulier là-bas. Avec le recul, il semble assez clair que la différence d’institution jouait un rôle.
Dernier souvenir enfin, peut-être le plus humiliant. Il s’agissait de mon premier camp ou hike, après la première nuit sur place. On ne m’avait pas vraiment expliqué les règles en vigueur : faire son lit nickel au lever. Rien de choquant en soi, je n’étais juste pas au courant. Il aurait suffi de me le dire pour que je m’exécute, étant plutôt obéissant. A la place j’ai eu droit à un geste de dégoût du chef, devant tout le monde, lors de sa tournée d’inspection. Je n’étais plus un enfant mais un soldat fautif, coupable, qui devait être puni. Difficile après ça de ne pas voir le scoutisme comme un ersatz de vie militaire dans lequel les petits chefs en herbe peuvent s’en donner à coeur joie.
Je crois que le scoutisme n’a pas su évoluer, a été incapable de prendre en compte la diversité des vécus, des réalités sociales et psychologiques, et reste de facto limité à un certaine catégorie de personnes. Quant aux autres, il les exclut, les broie ou les fait rentrer dans le rang.
Noni