Difficile de faire bouger les choses
J’ai été animatrice pendant des années et on peut dire une chose, c’est qu’il est difficile de faire bouger les choses. Dans notre unité, nous avons mis un point d’honneur à faire de la totemisation un moment d’accueil approprié à un enfant de 12 ans. Il a fallu du temps, du longues discussions, beaucoup de remises en question, accepter de critiquer ses propres pratiques et surtout, oser contester/oublier des rituels mis en place depuis des années qui ne faisaient plus sens. Lors de notre dernier camp j’ai pleinement pris conscience de cette problématique. Nous étions dans une prairie juxtaposée à une autre, où campait une troupe que nous ne connaissions pas. Les abus se multipliaient : scouts en plein soleil sans eau pendant des heures en position "gueule en terre" ; pompes la tête dans les flaques ; réveils pendant la nuit en hurlant ; totemisation de 3 jours avec corvées pendant que les animateurs picolaient… Quand nous avons remis en question cela dans mon staff, en disant qu’on ne pouvait pas rester sans rien faire, on nous a dit qu’"on ne savait pas rire" ; "qu’avec nous, les gosses deviendraient des moules" ; "qu’on avait vécu pire, nous." C’est là que se trouve la majorité du problème, reproduire ce que l’on a vécu car "on est pas morts hein" !
Même si ce sont des anecdotes dans ma vie scoute, très riche et épanouissante, elles sont terribles et reflètent une certaine réalité. J’ai parfois l’impression que la fédération ne prend pas la mesure de ce problème. Les animateurs sont pour la plupart jeunes et ont besoin de plus d’encadrement, ils sont parfois influencés par leur vie étudiante à l’université. Je ne souhaite pas faire une généralité car il y a énormément de personnes merveilleuses qui donnent du temps, du talent et du coeur, qui remettent en question leurs pratiques, ont conscience de l’importance du consentement,…
Redunka