Une école de la soumission
J’étais scoute il y a soixante ans. À la lecture de votre article, je constate que rien n’a changé. Au contraire. De mon temps, il y avait également les abus de pouvoirs, les humiliations, la violence sadique, les pulsions sexuelles non (ou pas encore maîtrisées)… Les "meutes" comprennent des adolescents de 12 à 18-20 ans et comme vous le mentionnez, les "grands" ont tout pouvoir sur les plus petits.
"De mon temps", les groupes guides et scouts n’étaient pas mixtes. Quand les chefs scouts venaient, lors de camps à l’étranger, rendre visite aux chefs guides, nous les petites, nous dégustions. Je n’ai jamais compris pourquoi devant un groupe hilare j’ai dû lever ma jupe jusqu’à la taille. Et cela c’était encore "gentil".
Mais les filles entre elles avaient aussi plus d’un tour dans leur sac : ainsi Pirlouit a-t-elle dû montrer ses seins devant toute la troupe ! Suis-je la seule à avoir été offusquée ? J’avais 14 ans.
Je n’ai jamais gravi tous les échelons et suis partie dans une troupe protestante. Là, pas de débordement et beaucoup plus de solidarité amicale.
Dès son fondement, le scoutisme est teinté de militarisme, de patriotisme infantile et de violence. C’est une école de la soumission, de l’apprentissage du suivisme en groupe et de l’ambiguité. Car en dehors du plaisir que procurent les jeux et les activités collectives, les rituels (la totémisation entre autres…) sont l’occasion de tous les débordements. Sans autres regards que ceux des parents qui sont parfois d’anciens scouts - allant jusqu’à rire de la souffrance de leurs enfants…
"Mes" cheffes sont, maintenant, de respectables vielles dames et je suis certaine qu’elles ouvriraient des yeux ronds lisant le souvenir qu’elles m’ont laissée. Il y a quelques années, j’en ai rencontré une et j’ai été sidérée : elle n’a jamais pris la moindre distance avec le scoutisme. En fait, la soumission à l’idéologie Baden Powell a parfaitement fonctionné !
Aigrette