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Une dizaine de professionnels de la santé morts du Covid

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Marin Driguez.

Fin avril, Médor ouvrait une enquête participative intitulée « Mort.e.s en première ligne ». Nous clôturons aujourd’hui le premier volet de cette enquête sur le milieu hospitalier belge, en temps de Covid.

Ces trois derniers mois, nous avons cherché, comptabilisé, documenté et rendu hommage aux membres du personnel soignant décédés du Covid-19 en Belgique. Aucun chiffre officiel n’existait en avril. Amnesty International estime que plus de 7 000 soignants de par le monde ont succombé à la maladie après l’avoir contractée dans l’exercice de leur travail. En tête, le Mexique (1 320), les États-Unis (1 077) et le Royaume-Uni (649). En Belgique, Sciensano s’est engagé à voir s’ils disposaient d’un chiffre officiel à nous fournir (à suivre).

Nous avons rédigé les portraits de six professionnel.le.s de la santé décédé.e.s en première ligne en Belgique. Leurs familles et leurs proches nous ont autorisés à publier ces textes.

Isaura Castermans, infirmière en maison de repos, avait 30 ans. « C’était une personne très attentionnée. Elle aimait beaucoup son travail, même si sur la fin, c’était devenu plus difficile. Son métier n’est pas toujours apprécié à sa juste valeur », explique Sauro Cimino, son compagnon.

Thérèse Atongo, infirmière de nuit, avait 47 ans. « Elle jamais eu peur de la maladie, elle a toujours voulu rester avec nous », se souvient Patricia Blondelet, une collègue.

Marc Dujardin, médecin pensionné, avait 68 ans. « Il n’était pas en première ligne comme les infirmières en maisons de repos ou les soignantes aux soins intensifs. Mais comme médecin, la maladie l’inquiétait depuis février, et il disait depuis longtemps que l’on connaîtrait de futures épidémies plus graves que celles d’avant », raconte sa fille, Chloé Dujardin.

Luc Couvreur, médecin généraliste, avait 74 ans. « Toujours tiré à quatre épingles, comme un gentleman anglais. Il avait aussi beaucoup d’humour », souligne Luc De Keyser, confrère et ami.

Marie-Madeleine Mpembe, aide-soignante en maison de repos, avait 56 ans. « On lui a demandé de faire des remplacements et elle n’a pas voulu refuser. En mars, elle travaillait tous les jours », précise un proche.

Carmen Boarici, infirmière, avait 51 ans. « Chaque décès est un décès de trop, chaque décès de soignante ou de soignant est source non seulement de tristesse mais aussi de colère », lit-on dans une déclaration de l’hôpital où Carmen Boarici travaillait.

Nos recherches, et vos contributions, nous ont permis de confirmer les décès de trois autres personnes. Leurs familles ont souhaité que l’on s’abstienne d’écrire un texte d’hommage à leur propos. Nous nous limiterons donc à ceci : il s’agit d’une infirmière, d’un médecin généraliste et d’un médecin urgentiste. Ils avaient entre 49 et 70 ans.

Sept autres cas sont encore entourés de points d’interrogation. Nous avons décidé d’en rester là pour le moment, les concernant.

Nous arrivons donc à une dizaine de professionnel.le.s de la santé, décédés du Coronavirus en Belgique, alors qu’ils et elles travaillaient en première ligne.

Comme nous l’écrivions en avril : « Retracer le nombre de victimes ne vise pas qu’à obtenir un chiffre (qui n’est pas compilé par les autorités belges) ou à dresser une liste. L’objectif est aussi de rendre hommage, sur le long terme, au personnel soignant décédé et de connaître qui a dû lutter contre la maladie et qui est passé par les soins intensifs, afin de comprendre les effets à long terme sur le personnel des maisons de repos et des hôpitaux. »

Si le mémorial se clôture aujourd’hui, le travail d’enquête se poursuit. Jusqu’au mois de décembre, nous allons mener une enquête sur les hôpitaux belges, leurs modes de financement et leurs stratégies de management :

« L’hôpital et le monde du soin sont-ils devenus une entreprise comme une autre ? Avec ses logiques de rentabilité, ses variables d’ajustement et ses privatisations de services ? »

Prochain rendez-vous, le 9 septembre dans notre magazine et sur notre site, pour une plongée dans nos hôpitaux devenus des machines à soigner les chiffres.

Pour toute question, vous pouvez nous écrire à sante@medor.coop.

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