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Carmen Boarici : jamais à la maison en temps d’urgence
Textes (CC BY-NC-ND) : Quentin Noirfalisse
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Médor documente la vie et le travail des soignants belges. Chaque semaine, durant l’été, nous publierons de nouveaux portraits de ceux d’entre eux qui ont succombé au Covid-19. Aujourd’hui, Carmen Renate Boarici, une infirmière d’origine roumaine, dont l’assiduité au travail n’avait d’égal que la légendaire discrétion.
Métier : infirmière
Lieux de travail : Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles
Jour du décès : 20 avril 2020
Âge : 51 ans
Passion : la formation continue en méthodes de soins, aller voir son fils faire de la plongée sous-marine
Carmen Boarici a grandi dans la Roumanie de Ceaucescu, à Brasov, petite ville de Transylvanie entourée par les Carpates. À 13 ans, elle voit sa mère mourir, faute d’un système de soins capable de traiter tout le monde. Carmen fulmine. Contre son pays. Contre elle-même : elle n’a pas pu aider sa mère à guérir. C’est décidé : elle deviendra infirmière.
Après avoir été enrôlée dans l’armée roumaine pour soigner les soldats, elle essuie une solide déconvenue dans sa vie de couple, qui lui a donné un premier enfant, Maria, aujourd’hui établie à Londres. Carmen part s’installer en Belgique où on lui propose un contrat.
Elle a l’intention de tout rebâtir. Elle travaillera pour le Chirec (Centre hospitalier interrégional Edith Cavell), à Bruxelles, avant de bifurquer, en 2018, vers les Cliniques universitaires Saint-Luc où elle travaille en gériatrie.
Carmen parlait peu. Elle bossait. Une de ses rares amies, Véronique Fayt, aide-soignante au Chirec, se rappelle d’une femme « dévouée, franche, toujours prête à rendre service, extrêmement discrète ». Carmen empilait les journées de travail, et lors de ses jours de récupération, elle cherchait du boulot par intérim ou se formait à d’autres méthodes de soin non conventionnelles, comme la Technique Bowen, qui vise à soigner le corps à travers …