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Hôpitaux : les assistant·es au bord du gouffre

Partie 1 : À Érasme, sept pédiatres en formation entrent en résistance contre leurs horaires infernaux

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Sérima Tebbache, médecin assistante en pédiatrie, a décidé de s’élever contre les conditions de travail épuisantes qu’elles et ses collègues subissent dans les hôpitaux bruxellois.

Marin Driguez. CC BY-NC-ND.

Depuis début octobre, Serima Tebbache et six autres médecins assistant·es en pédiatrie tiennent tête à leurs supérieures, à l’hôpital universitaire Érasme (Bruxelles). Face aux horaires effrénés qu’elles subissent, elles refusent de signer l’opting out, ce document qu’on soumet aux médecins en formation pour qu’ils prestent des heures supplémentaires contre rémunération. Cet acte de résistance, très rare, vise à obtenir des horaires « décents » : 48 heures par semaine, au lieu des 60 ou 72 heures souhaitées par les hôpitaux. Bienvenue dans le quotidien infernal des assistant·es en milieu hospitalier.

Le 11 octobre, Serima Tebbache constate, une fois de plus, qu’elle n’en peut plus. Elle vient de terminer 24 heures de garde à Érasme (Cliniques universitaires - ULB), à voir des patient·es hospitalisé·es et d’autres aux urgences. À s’occuper de bébés en difficultés en salle d’accouchement, à gérer les petits et les grands problèmes qui se posent en néonatalogie, avec des prématuré·es et des nouveaux-nés malades. Cette nuit de garde, elle l’a menée seule. Serima Tebbache était l’unique « pédiatre » présente à l’hôpital, du samedi 10 au dimanche 11 octobre.

En rentrant à la maison, lessivée, elle n’a aucune peine à se rappeler qu’il y a trois ans, dans un autre hôpital, elle avait fait un burnout, traversé un trou noir d’un an et demi, qui marque toute une vie, et qu’aujourd’hui, à 30 ans, elle est à nouveau épuisée.

Quelques jours plus tôt, le 29 septembre, soit l’avant-veille de son premier jour d’assistanat à Érasme, elle nous écrivait justement ceci :

« Bonjour, je suis médecin-assistante en pédiatrie. J’ai mon diplôme de médecine et je suis presqu’en dernière année de formation pour ma spécialisation. Ça fait quatre ans que je travaille dans les hôpitaux de Bruxelles et que je fais partie des assistants en médecine qui font tourner l’hôpital en travaillant beaucoup, entre 50 et 90 heures par semaine, pour des salaires pas très glorieux, environ 10de l’heure. J’en ai marre de ce système injuste où on nous demande beaucoup de sacrifices pour pas vraiment …

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