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J’ai eu un avortement "exemplaire" côté médical, et je tenais à le partager pour donner un exemple de ce qui se passe bien, mais aussi pour montrer pourquoi l’idée que "l’avortement est un choix" est tellement réducteur de la réalité des gens. Je suis tombée enceinte l’année passée, en pleine crise de Covid. J’ai des problèmes hormonaux assez graves et non reconnus, ça s’appelle les PMDD, c’est des troubles prémenstruels aggravés. Les 3/4 de mes médecins ne savent pas ce que c’est. Quand je suis tombée enceinte c’est comme si j’étais tombée malade. Je ne savais pas monter une cage d’escalier. Tout était douloureux, je n’arrivais pas à bien respirer, j’avais du mal à faire des taches simples et ça m’a créé un sentiment de panique totale. (…) J’ai avorté aux Pays-Bas car c’est là que j’habite. Quand je suis rentrée dans la clinique, on m’a accueillie avec des sourires, les gens étaient gentils, jovials. La doctoresse m’a reçue, elle avait à peu près mon âge, ou un peu plus âgée. Quand on m’a demandé d’expliquer la raison de mon avortement, j’ai eu super peur, j’ai commencé à lister : Je n’ai pas de revenu stable. Mes parents ne vivent pas dans mon pays, ne peuvent pas m’aider. Ma santé est en danger, même à 4 semaines. C’est impossible. La doctoresse m’a répondu du tac au tac que c’était on-ne-peut-plus valable comme raisons. J’ai senti dans le ton de sa voix une manière de me dire que c’était pour moi une décision mature, qu’elle sentait que c’était un compromis, que je n’avais ni envie d’être dans cette situation, et qu’à long terme je voulais vraiment avoir un enfant, elle était soutenante et respectueuse de mon intimité, de pas poser trop de questions non plus. Je l’ai remerciée à la fin de la séance et elle m’a répondu que c’était normal, c’était son travail, et que si ça avait été fait autrement elle aurait mal fait son travail. Ca m’a vraiment sauvé la vie. Je n’avais personne autour de moi. Je me sentais si mal, même à entendre des copines qui avaient pu garder leur bébé parce que leur parents étaient plus fortunés que moi, ou dont leur parents avaient pu garder leur bébé pour les mêmes raisons et à ne sentir que si peu d’espace dans ces conversations. J’avais l’impression que de dire "j’avorte pour des raisons financières et de santé", ça aurait été vu comme un caprice, parce que émotionnellement j’avais l’air de tenir le coup. C’est vraiment un truc dont on ne parle jamais.

Mon avortement, si violent

Si vous avez été victime de violence(s) lors de votre IVG, à travers des mots ou des actes du personnel soignant, n’hésitez pas à livrer votre témoignage. La parole libérée contribue à ce que de tels agissements ne se reproduisent plus.

Ce mur de témoignages fait écho à notre article "Un avortement, deux claques", paru dans le numéro 23, en juin 2021.

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