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Dis, Sabri, tu crois qu’on relance une bourse diversité ?

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Axel Korban. CC BY-SA.

Il y a des mois, on est tombées sur Sabri Derinöz. Ce chercheur en sciences sociales est une sorte de météorologue des médias, à qui nous avions demandé de réaliser un baromètre de la diversité chez Médor. Avec son stiff et son ordi, il avait épluché nos articles, traqué les gens qu’on y interrogeait, levé les yeux quand une femme ou une personne en situation de handicap y était identifiée juste par son prénom.

Puis, il avait mis ça dans des cases très sérieuses (merci l’AJP !), et passé le tout à la moulinette. Le résultat était un peu attendu : Médor aussi a son petit côté « costard-cravate », qui fait que les hommes blancs des catégories socio-professionnelles supérieures sont sur-représentés. Dans nos articles comme dans nos équipes.

Sabri a aussi fait partie du jury de notre première bourse diversité. Aujourd’hui, nous, on a bien envie de lancer une nouvelle bourse. Mais avant, on l’a recontacté pour avoir son avis. On vous le fait en très résumé :

  • Sabri, t’as vu les articles des lauréates ( et ) dans le dernier Médor ? T’en penses quoi ?
  • Passionnant !
  • Yesss !
  • Bon, après, j’aimerais surtout entendre l’avis des autrices sur leurs articles et sur leur expérience ainsi que le point de vue de la rédaction de Médor. Comment ça s’est passé ? Qu’est-ce que vous avez appris de cette expérience ?
  • Plein de trucs, Sabri. On y revient dans un prochain épisode, promis. Et en tant que jury, qu’est-ce que tu as pensé du processus ?
  • Pour une première, c’était très bien, avec notamment la volonté d’avoir un jury diversifié et une délibération très riche. (Pour nos ami.es lecteurs et lectruches, la composition du jury se trouve en bas de ce lien ). Après, il y a certainement des possibilités de réfléchir encore aux méthodes de prise de décision pour éviter au maximum des biais dans la sélection et un trop plein de subjectivité.
  • C’est vrai qu’on avait bossé sur la diversité du jury (notamment de genre, d’âge, d’origine) mais pas vraiment sur la « bonne façon de délibérer ». Le temps d’une salade composée, on l’a faite à l’ancienne : lecture des dossiers chacun chez soi, tours de table et votes à main levée.
  • Il faut trouver des moyens pour que tous les membres du jury puissent avoir accès égal au débat, et que des profils maîtrisant mieux les "codes" de la prise de parole ou de décision ne deviennent pas, de facto, ceux qui poussent le groupe en entier à prendre leurs décisions.
  • Ok. Pour la méthodo, promis, on va se creuser la tête. Mais ça vaut la peine d’en relancer une (de bourse) ? Tu trouves que c’est une mesure qui répond au problème (Si Sabri répond "non", on est foutus) ?
  • C’est plus que nécessaire de continuer ce type d’initiative. C’est un très bon exemple pour contrer les arguments que l’on entend régulièrement dans les médias "mainstreams" quand on pointe leur manque de diversité :

  • C’est faux ! Pour peu qu’on prenne la peine de laisser une porte ouverte. Je dirais même pour peu qu’on évite de verrouiller la porte à triple tours. Il y a en effet plein de barrières à l’entrée qui ont été maintes fois démontrées mais rarement démontées. Dans l’idéal il faut même aller chercher ces profils diversifiés qui, usés par des années confrontés à un mur, ont soit abandonné leur vocation de journaliste, soit ont trouvé d’autres moyens de l’assouvir, notamment en créant leurs propres médias.
  • Tu nous as plusieurs fois parlé de l’importance d’avoir des profils non-universitaires. Pourquoi ? Pour sortir des vérandas Willems (il a lu notre édito) ! Le vécu du confinement qui apparaît dans les médias est celui d’un petit pourcentage de la population. Dans certains groupes Whatsapp, ça ne manquait pas de souligner la surreprésentation des Augustin, Clémentine, Emma, Maxime et Louise, enfants de cadres, intellectuel.le.s et directeurs.trices ou encore la limitation du sport au tennis et au kayak.
  • A part ça, t’as remarqué comme on devient bons, par rapport à notre premier baromètre ?
  • Je n’ai pas fait de nouveau baromètre, lors de mes rares moments de loisir, pour objectiver la situation ! Mais je trouve que la volonté de "diversité" transparaît clairement, notamment dans le dernier numéro (numéro 20). On sent cette envie d’aller au bout des choses et ce, malgré les moyens limités.
  • Un truc fondamental à dire pour terminer ?
  • J’aimerais juste souligner que l’approche transparente sur les questions de diversité qu’a pris la rédaction de Médor est essentielle notamment parce qu’elle oblige la rédaction à s’engager et qu’elle amorce un dialogue et une forme de "co-construction" de ce qu’est le média avec ses publics (et au-delà).
  • Bon, Sabri, c’est décidé. On va la lancer cette deuxième bourse diversité !


Allez, on va bosser. D’ici là, n’oubliez pas : Si vous avez des remarques constructives, des idées géniales, des conseils ou des seaux de tomates, envoyez-les à diversite@medor.coop.

Bisous

Les Autruches

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