“Toi qui es féministe, peux-tu m’expliquer comment on fait pour vous draguer maintenant ?”
Sarah (pseudo). C’était un matin très tôt à la radio. J’arrive la tête encore lourde de sommeil et trouve mes collègues à leurs postes. Une bise, un café et on commence à discuter de l’actualité. Je suis en pleine réflexion et le rush commence à monter à cause de l’heure qui tourne ; il faut vite trouver un angle pour ouvrir le premier journal. D’un coup, sorti de nul part, un collègue se tourne vers moi et me dit : « Dis, toi qui est féministe, peux-tu m’expliquer comment on fait pour vous draguer maintenant ? » Par vous, j’ai supputé “la gent féminine”. J’ai ri jaune et n’ai plus rien dit. Après coup, je m’en veux ; j’aurais dû lui expliquer que ce n’était pas le lieu et certainement pas le moment pour parler de ça, et que me couper ainsi était irrespectueux, violent et sexiste. J’ai essayé par la suite d’en parler à mes collègues (en grande majorité masculine), ainsi qu’au premier concerné qui n’était pas méchant mais plutôt intrigué par ma réflexion. La sauce n’a jamais vraiment pris, et les derniers mois dans cette rédaction, au sein des conversations interpersonnelles, j’éludais tout sujet portant sur le(s) féminisme(s) et les droits des femmes par fatigue d’être le punching ball de service des blagues vaseuses et machistes.