« J’ai dit non, il a organisé mon harcèlement »

Caroline (pseudo). C’était au début des années 2000, bien avant MeToo, Weinstein et cie. Je débarque pour un stage dans un quotidien. Je suis directement "prise en main" par G., un journaliste qui devait faire deux fois mon poids et mon âge. D’emblée, je suis fascinée par le récit de ses aventures de journaliste qu’il me raconte au détours des repas et des apéros qu’il m’offre régulièrement. Il me fait rire, m’apprend les rudiments du métier. Je ne vois pas le mal : comment pourrait-il croire qu’il aurait une chance de sortir avec moi ? Même quand il pose ses mains sur ma cuisse ou me caresse la main sous la table. A l’époque, je suis naïve, je sors tout juste de ma campagne etje fais mes premiers pas dans la capitale, pleine de curiosité et d’ambition. Je ne me méfie pas. Un mois plus tard, je reviens à la rédaction comme pigiste. Il m’offre mon premier GSM, un Nokia évidemment, disant "ça devrait te servir". Quelques jours plus tard, un samedi matin, il m’appelle :  - « Je viens te chercher, tu es prête ? »  - « Euhhh… prête pour quoi ? » - « J’ai réservé des billets de train pour aller à Paris ! Je t’emmène ! ». Le lendemain, j’avais un reportage important, un gros sujet à couvrir. Et surtout, vraiment aucune envie de passer le w-e avec G.  Dès le lundi, fini les sourires et les remarques d’encouragement. Au contraire, des brimades à répétition, du dénigrement, voire du dédain pour mon travail. Pire, G. organise alors un véritable harcèlement contre moi au sein de l’équipe. Il fait croire que je couche avec le chef de service. Plus personne ne me dit bonjour le matin. Je perds totalement confiance en moi mais je m’accroche, parce que je suis passionnée. Il quitte le journal quelques mois plus tard. J’ai fini par trouver ma place au sein du service, au bout d’un an. C’était l’épisode le plus violent que j’ai connu. Après ça, c’est plutôt du sexisme quotidien diffus que j’ai vécu. Les gros libidineux ne manquaient pas dans la rédaction. Si j’osais mettre une jupe, les commentaires fusaient. Au début je me disais "bon allez, c’est flatteur et c’est pas méchant" mais au fond, on se sent toujours rabaissée par ces commentaires, comme l’impression de passer pour la fille qui n’attend que ça. Après quelques tentatives, retour au jean-baskets. J’aurais sans doute pu m’en foutre, assumer, mais je préférais avoir la paix.

Mon média, ce macho

Si vous êtes journaliste ou collaboratrice d’une rédaction belge et que avez été victime de sexisme (de la remarque machiste jusqu’au harcèlement), racontez-le ici. Pour que cela n’arrive plus. 

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