Elle arrête de bosser les WE "pour apprendre des berceuses"
Valérie (pseudo). "Lors de ma première grossesse, il y a 3 ans, j’ai décidé d’arrêter provisoirement les piges dans l’audio-visuel. J’étais fatiguée des semaines de 6 jours et des week-ends passés dans la newsroom. Sans blague. Et je n’osais pas quitter mon job fixe dans la com’à deux doigts de mon congé de maternité. Sans blague. Mon rédac’chef a annoncé aux autres journalistes, en réunion, queje souhaitais sans doute consacrer mes week-ends à "apprendre des berceuses". Et un autre m’a félicitée pour ce magnifique "projet de vie". J’étais en train de me tirer une balle dans le pied, j’en étais consciente. Une partie de moi le regrettait déjà - après tout,j’avais pleuré de joie, un an plus tôt, quand j’avais été admise dans la réserve de recrutement après une réorientation professionnelle un peu tardive. Mais une autre partie de moi se disait qu’il y a des priorités dans la vie. J’avais envie de profiter de ce qui m’arrivait. Je sentais un petit être bouger dans mon ventre et rien d’autre (ou presque) ne comptait que ce bonheur. Après sa naissance, j’étais si fatiguée que je n’étais pas sûre de ne pas avoir perdu quelques neurones dans l’aventure. Je n’ai pas osé me relancer dans le journalisme tout de suite. Personne ne m’a fermé la porte au nez : je n’ai pas pris la peine ou le risque de frapper. Je me suis dit : "Laisse tomber le journalisme indépendant pour le moment. Tu trouves que tu as le temps, l’énergie, la flexibilité ? Tu te vois au boulot le dimanche à 7h du matin ? Pas terrible pour une maman… Et tu te vois quitter ton job pour te donner vraiment les moyens ? Ton prochain congé de maternité alors, tu y as pensé ? Non, laisse tomber le journalisme pour le moment. Tu t’y remettras dans 2 ou 3 ans, quand tu auras… 40 ans". 40 ans ? Vertige. Réalisme ? Ou (auto-)discrimination sexiste ? Je ne le sais pas très bien moi-même. Je vous laisse le casse-tête de trancher. Toujours est-il qu’enceinte et maman d’un petit enfant, je ne pense pas avoir les même perspectives professionnelles qu’un homme - que mon homme, par exemple. Et je n’arrive pas à m’y faire.