« Tu veux faire un métier de mecs ? Fais-le comme un mec »
Anne. C’était il y a 20 ans. J’étais enceinte de presque 9 mois, je dégoulinais littéralement et je travaillais vaillamment, puisque fausse indépendante, j’avais droit royalement à 3 semaines d’indemnités de « congé » de maternité, que je me réservais pour "l’après". J’allais sur le terrain armée de mon carnet et de mon appareil photo, puisque bien entendu, on devait tout faire (y compris développer les films et scanner les négatifs). Les photographes pro n’étaient pas tendres, puisqu’on marchait (contraints et forcés) sur leurs plates-bandes. Il fallait jouer des coudes pour arriver à prendre un cliché. Durant cette courte période, j’ai pu goûter maintes fois et avec un plaisir décuplé, vu mon état, aux joies des coudes dans le ventre, des vernissages sans une goutte de soft et des longues cérémonies pompeuses (ah ! la rentrée du barreau !) sans qu’on me propose un siège. Je ne sais pas si c’est du sexisme. Certains diraient qu’au contraire, puisqu’on ne faisait pas la différence entre le peu de femmes du métier et les hommes, ni entre les femmes enceintes et les autres. En tout cas, c’est comme ça que je l’ai vécu. Quelque chose de l’ordre de « Tu veux faire un métier de mecs ? Fais-le comme un mec ».