Un immense boys club
Constance (pseudo). J’ai travaillé 8 ans dans la rédaction nationale d’un grand média. Par où commencer ? La main aux fesses d’un collègue ? Les mails incessants d’invitation à manger d’un autre ? Mes propositions de sujets qui ne valaient même pas qu’on me regarde quand je parle, jusqu’à ce qu’un confrère sorte la même idée, soudainement jugée brillante ? Ce cameraman glauque et collant avec qui des consœurs avaient obtenu de ne plus travailler, mais qui n’a jamais été recadré ? Ce journaliste vedette qui lançait ses remarques salaces devant toute la rédaction ? Les rires forcés des gens qui auraient du s’indigner ? Ce supérieur hiérarchique qui n’était inique qu’avec les femmes ? Cet ingénieur du son dont tout le monde savait qu’il laissait traîner ses mains en plaçant les micros ? Les quelques têtes de gondoles à talons ne sont, dans ce media, que la peinture friable qui cache un immense boys club qui se soutient envers et contre tout. Si il t’accorde une petite place au soleil, on attend de toi que tu joues le jeu et que tu ries à tes humiliations. Que tu te contentes de ce petit créneau qui t’es accordé, à l’ombre de tes pairs. Ou tu laisseras ta place à plus docile que toi.