"Ne prends pas l’ascenseur avec moi, je ne sais pas ce que je te ferais"
Fiona (pseudo). Je travaillais en tant que pigiste dans un grand média belge il y a moins de dix ans. Un homme, déjà transféré d’un plateau à un autre pour des plaintes de harcèlement sexuel, m’a envoyé plusieurs mails. Extrait choisi : "Il ne faudrait pas que tu prennes l’ascenseur avec moi aujourd’hui, je ne sais pas ce que je te ferais." J’avais 22 ans. Il en avait 45. J’étais pigiste, il avait un CDI. J’en ai parlé à des collègues, en CDI également. Ils m’ont dit de me taire, car le harceleur risquait le licenciement. Toujours dans la même rédaction, un employé m’a secrètement suivie dans la rue et pris des photos de moi avant de me les envoyer. Un troisième employé m’envoyait des SMS depuis un numéro "anonyme" (mais il était facile de deviner son identité), commentant mon physique quand je passais devant son bureau. Même réaction de mes collègues dans les deux cas : "Tais-toi, il pourrait avoir des ennuis". J’ai fini par quitter cette rédaction. J’ai récemment reparlé de ces hommes, toujours en fonction aujourd’hui, à mes collègues de l’époque. Réponse ? "Ce sont des gentils harceleurs. Ils ne sont pas dangereux et ne méritent certainement pas de perdre leur travail."