De nombreux profs sont encore inconscients des inégalités
"Notre école a mis les moyens qu’elle avait à disposition pour maintenir un lien avec les élèves les moins réactifs lors de cette période de confinement. Si la mesure venait de la direction, elle était ensuite laissée à l’appréciation des titulaires. C’est à eux que revenait le soin de contacter par téléphone les élèves et/ou leurs parents. Au début du confinement, c’était la découverte contrainte de l’enseignement à distance. Je me suis sentie un peu perdue. Il a fallu prendre mon courage à deux mains pour me familiariser avec des outils pédagogiques numériques tels que Socrative, Kahoot, Smartschool. Si je commence à prendre mes aises, il est évident que le suivi des élèves est moins facile à travers un écran qu’en vis-à-vis. De nombreux professeurs sont à ce jour encore inconscients de la réalité [des inégalités scolaires]. La loi de la méritocratie domine, sans préoccupation des privilèges de base. La grande partie des élèves qui assistent aux "lives" que je dispense sur notre plateforme Smartschool sont des élèves sans difficultés scolaires, provenant pour la plupart de milieux relativement favorisés. J’ai beaucoup moins de retour des élèves plus précarisés, d’un point de vue scolaire ou social."
Sophie, enseignante