Il y a ceux qui bossent à la ferme ou gardent leurs frères et soeurs
"J’ai 150 élèves. Je subis la fracture numérique et sociale de mes élèves. Je donne, comme demandé par ma direction, des exercices de consolidation/renforcement/dépassement. Mais tout est facultatif, excepté les travaux prévus avC (avant confinement :-p) Les élèves font leur possible, mais certains n’ont pas d’ordinateur ou d’imprimante, se débrouillent avec leur smartphone et leur 4G. D’autres travaillent à la ferme ou s’occupent de leurs frères et soeurs (j’ai une élève qui a 4 enfants de moins de 10 ans à garder, dont un HP : elle se retrouve directrice de crèche et instit en plus de devoir gérer sa propre scolarité…). Certains m’envoient des travaux par la poste, ou prennent des photos de ce qu’ils écrivent à la main. Il y en a aussi dont je n’ai AUCUNE nouvelle. Et je ne sais pas quoi faire avec ceux-là. De mon côté, c’est l’enfer : je reçois 100 mails par jours (ou des messages sur messenger), je sursaute chaque fois que j’entends le "blings" de mes mails. Je suis noyée par ce besoin d’instantanéité de l’enseignement à distance."
Elodie, enseignante