Pourquoi voulons-nous trouver les victimes du Covid-19 parmi le personnel de santé ?

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Marin Driguez.

La pandémie de Covid-19 a rappelé à tout le monde que le travail des professionnel.le.s de la santé n’était pas un métier sans risques. Qu’il comportait, aussi, une sacrée dose de don de soi et d’abnégation. Et que ces personnes, aujourd’hui applaudies à 20 heures, vivaient aussi dans des conditions de travail difficiles, et en voie de précarisation, même avant la pandémie.

Dans certains Etats américains, jusqu’à 20 % des personnes contaminées travaillent dans les soins de santé. En Italie, ce chiffre est de 11 %. Comme le rappelle l’Organisation mondiale de la Santé, un ensemble de facteurs favorise ces contaminations, notamment des longues heures de travail, dans des départements à hauts risques et l’absence d’accès à des équipements de protection adéquats.

Comme le dit bien le média The Guardian, qui mène un projet de décompte et de portraits des victimes similaire au nôtre, les soignant.e.s ont déjà permis de sauver des milliers de vie, et sont souvent ceux et celles qui accompagnent les derniers instants des dizaines de milliers de victimes du Covid-19 (c’est notamment le cas, en Belgique, du personnel des maisons de repos et de soin).

Nous visons à prendre en compte les professions de la santé dans leur diversité, du personnel actif en soins intensifs à celui des maisons de repos, des aides-soignant.e.s aux nettoyeuses et nettoyeurs de chambres, des médecins aux ambulancières.es et avons aussi rajouté ceux qui soignent des publics précarisés, dans la rue, dans les centres de demandeurs d’asile, ainsi que les pharmaciens.

Retracer le nombre de victimes ne vise pas qu’à obtenir un chiffre (qui n’est pas compilé par les autorités belges) ou à dresser une liste. L’objectif est aussi de rendre hommage, sur le long terme, au personnel soignant décédé et de connaître qui a dû lutter contre la maladie et qui est passé par les soins intensifs, afin de comprendre les effets à long terme sur le personnel des maisons de repos et des hôpitaux.

Documenter leur parcours, que l’issue ait été fatale ou plus heureuse, permettra aussi de mieux connaître les rouages du monde sanitaire en ces temps de crise, et comprendre ce qui a pu dysfonctionner, notamment en matière de politique d’équipement de protection. Les recherches scientifiques faites actuellement à ce sujet visent, d’ailleurs, à mieux décoder les contextes de contamination, pour se préparer pour l’avenir.

Vous pouvez nous envoyer votre témoignage ici.

Il s’agit aussi d’une étape que nous estimons nécessaire dans le suivi des effets du Covid-19 sur le monde hospitalier.

Le personnel soignant au sens large est soumis actuellement à des niveaux de stress importants. Pour le personnel de première ligne, les risques de trauma seront à surveiller sur le long terme. Idem pour les effets secondaires potentiels du Covid-19.

Nous avons conscience que ce projet de mémorial en ligne ne pourra sans doute pas être exhaustif.

Nous nous engageons à lui appliquer de hauts critères journalistiques, dans le respect de ces victimes et, le cas échéant, d’en tirer des articles d’intérêt public.

Avec votre aide, nous espérons aussi créer une information qui suscite changement et réflexion dans l’univers des soins de santé.

Pour toute question, vous pouvez nous écrire à sante@medor.coop.

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