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« Nous devons nous retirer de la nature »

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Camille Potte. CC BY-NC-ND.

Les éléments se déchaînent et, oui, les inondations empireront quoi que nous fassions, selon le géographe Gerard Govers. Il faut changer radicalement nos habitudes. Par exemple : se détacher de la terre, manger moins de viande, produire de la nourriture de manière artificielle.

Extraits d’une interview diffusée par De Morgen, le 24 juillet 2021.

Ces inondations meurtrières de l’été : que s’est-il passé au juste ?

Gerard Govers : C’était ce qu’on appelle une perturbation cyclonique. Il en passe chaque année plusieurs dizaines au-dessus de la Belgique, mais celle-ci est restée très longtemps au même endroit : environ 72 heures, alors qu’en temps normal le système se déplace au bout d’une journée seulement. Si tel avait été le cas, nous n’aurions reçu que la moitié ou le tiers des précipitations. L’essentiel est là : toute l’eau contenue dans l’air humide s’est abattue pendant 72 heures sur une même région. Chez nous, il s’agissait notamment de l’Ardenne.

Comment se fait-il qu’une telle perturbation reste bloquée au même endroit ?

C’est une question assez complexe qui n’est bien comprise que depuis quelques années – ce qui montre une nouvelle fois la vitesse à laquelle la science évolue. Vous m’auriez demandé il y a cinq ans si nous savions tout du réchauffement climatique, je vous aurais probablement répondu oui. Pourtant, le premier article scientifique consacré à ce phénomène n’a été publié qu’en 2013.

Quelle est l’essence de cette nouvelle découverte ?

Pour l’expliquer simplement : un courant se déplace en altitude d’ouest en est, et dans ce courant se trouvent de petites ondes qui accompagnent le mouvement et restent donc peu de temps au-dessus de nos têtes. Le grand problème observé aujourd’hui dans l’atmosphère, c’est que ces ondes restent stationnaires. Les recherches sont encore en cours, mais cela tient au fait que les pôles se réchauffent plus vite que le reste de la planète. C’est ce qui chamboule tout l’écosystème.

Que se passe-t-il ensuite ?

En moyenne, la planète s’est réchauffée d’environ 1,2 degré depuis l’époque préindustrielle. Les pôles, eux, se sont réchauffés de 3 à 4 degrés. Une des conséquences est que la différence de température entre les pôles et l’équateur se réduit, ce qui provoque ces ondes stationnaires.

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Camille Potte. CC BY-NC-ND

Ces pluies fortes sont peu analysées

Pourquoi le même phénomène s’est-il produit en Autriche et en Allemagne ?

Parce que le système reste stationnaire au-dessus du monde entier. […] Tout est interconnecté. Les pluies torrentielles en Europe étaient liées à la sécheresse extrême dans le nord-ouest des États-Unis. Trop d’air humide est resté stationnaire ici, et trop d’air sec là-bas. Mais les deux phénomènes font partie du même système.

Et la cause de ces conditions météorologiques extrêmes, c’est le réchauffement climatique ?

Il faut bien définir notre propos. Les conditions météorologiques extrêmes ont toujours existé, c’est un fait. En 1908, Louvain a été complètement inondée. Des événements de ce type se produiront toujours. Seulement, le réchauffement de la planète les rend beaucoup plus vraisemblables. Leur fréquence augmente. Parallèlement, le réchauffement du climat se répercute ailleurs : comme l’air est plus chaud, il peut contenir plus d’humidité ; et, quand il pleut, les précipitations sont alors beaucoup plus abondantes. Tout cela explique l’événement dramatique que nous venons de vivre.

Le géologue flamand Manuel Sintubin soutient que nous nous sommes trop focalisés sur l’atténuation, sur la limitation du réchauffement de la planète, et trop peu sur l’adaptation. Êtes-vous d’accord ?

Il faut trouver le juste équilibre entre les deux. Dans le cas qui nous occupe, personne n’aurait pu prédire que Pepinster allait être inondée. Évidemment, l’adaptation est importante. Nous allons connaître des sécheresses plus extrêmes, des précipitations plus intenses, une hausse du niveau de la mer, et j’en passe. Nous devons nous y préparer, notamment en prédisant le mieux possible la météo pour pouvoir venir en aide aux personnes concernées en temps et en heure. Mais je ne vois pas comment on pourrait protéger à court terme un endroit comme Pepinster contre de telles trombes d’eau.

On ne peut pas aménager des digues et prévoir des zones inondables partout ?

Dans le paysage plan de la Flandre, il est beaucoup plus facile de donner de l’espace aux cours d’eau. […] En Ardenne, ce sera beaucoup plus difficile. La gestion des sols ne fera pas la différence non plus. Toutes ces terres sont saturées d’eau et réagissent donc exactement comme des sols pavés, si bien qu’il n’est plus utile de débétonner. Je pense que, la fois prochaine, il s’agira surtout d’avertir et d’évacuer les habitants à temps.

Tous les observateurs semblent désormais s’accorder sur ce point : on aurait pu, et dû, avertir ces gens à temps.

Oui, nous savions ce qui nous attendait environ deux jours à l’avance. Nous ne pouvions pas prévoir une telle ampleur, mais nous savions que ces inondations risquaient d’arriver. On aurait dû évacuer ces personnes à temps. Il doit être possible d’évacuer des zones vulnérables dans une commune comme Pepinster dans un délai de 24 heures, pour que les gens ne doivent pas être secourus sur leur toit. Mais je ne veux pas critiquer quelqu’un à tout prix. Les Allemands, qui sont toujours bien organisés, ont connu le même problème.

Le barrage d’Eupen aurait-il pu jouer un rôle ? On entend beaucoup de critiques selon lesquelles il aurait été délesté trop tard.

Certainement. Quand on attend un tel phénomène météorologique, il faut abaisser le niveau des lacs de barrage le plus rapidement et le plus drastiquement possible. Ce faisant, et en évacuant plus vite les zones d’habitation, on peut déjà limiter le nombre de victimes et de disparus, et probablement aussi éviter une partie des dégâts matériels. En parallèle, il faut investir dans des mesures propres à limiter la gravité des inondations : des bassins de rétention, de l’espace supplémentaire pour les cours d’eau, etc.

Une solution durable nécessiterait des expropriations massives. Ne faudra-t-il pas l’envisager, à terme ?

Il est possible d’exproprier et de prendre des mesures drastiques dans certains endroits. Mais Pepinster et Verviers sont des lieux de vie ancestraux. Il est difficile de convaincre les habitants de quitter ces lieux définitivement.

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Camille Potte. CC BY-NC-ND

Fuir la digue

Notre littoral résistera-t-il à l’élévation du niveau de la mer ?

D’ici à la fin du siècle, la mer aura monté de 60 à 80 centimètres. La côte devra donc être mieux protégée. Ce ne sera pas simple partout, mais c’est possible.

Mais un appartement au rez-de-chaussée sur la digue, vous n’en achèteriez plus ?

Non. Tout comme je n’achèterais pas une maison de vacances dans le sud-ouest de l’Espagne, car la sécheresse y deviendra de plus en plus extrême. Nous ne pouvons pas adapter tout partout.

Si l’adaptation n’est pas possible partout, l’atténuation est-elle finalement plus importante ?

Encore une fois, nous devons associer les deux, trouver le juste équilibre. Mais l’atténuation joue un rôle important. Si nous y mettons tous nos efforts, il est encore possible de contenir le réchauffement tout juste sous la barre des 2 degrés d’ici à la fin du siècle.

N’a-t-on pas toujours dit que le réchauffement se poursuivrait encore longtemps même si nous ramenions immédiatement nos émissions à zéro ?

Si les émissions disparaissaient maintenant, le réchauffement s’arrêterait relativement vite. La couche qui surplombe notre atmosphère se réduirait immédiatement.

Donc, nous devons atteindre le plus vite possible l’objectif zéro émission ?

[…] L’ambition de l’Union européenne est bonne : 55 % d’émissions en moins d’ici à 2030 par rapport à 1990. La question est de savoir si nous allons convaincre tout le monde à si court terme. Huit ans à peine nous séparent de 2030, la pression est donc énorme.

Où vous attendez-vous à voir des résistances ?

Le système d’achat de normes d’émissions tel qu’il existe actuellement dans l’industrie sera aussi instauré dans les transports et les bâtiments. Émettre une tonne de CO2 coûtera de l’argent. Beaucoup d’argent, même : pour l’industrie, le montant est passé en quelques années de 5 à 60 euros par tonne. Si ces prix continuent de grimper ainsi pour toutes les formes d’émission, il faut peut-être s’attendre à une résistance organisée. L’objectif serait alors manqué.

Vous pensez à un soulèvement social tel que celui des gilets jaunes ?

Sans doute, oui. Le prix du gaz naturel augmente. En théorie, les fournisseurs ne sont pas autorisés à répercuter le coût croissant des droits d’émission sur le consommateur, mais ils le feront bel et bien. L’Union européenne promet qu’elle utilisera une partie des recettes pour corriger les injustices du système, mais quand bien même : une diminution de 55 % d’ici à 2030, c’est gigantesque. Le plan est ambitieux sur d’autres points aussi : plus de transports en commun, moins de consommation d’énergie, plus d’attention pour l’économie circulaire et pour la biodiversité. Il s’agit réellement de préparer l’Europe pour la seconde moitié du XXIe siècle.

Moins de viande

En matière d’agriculture, que préconisez-vous ?

On veut donner plus de place à l’agriculture biologique telle que le prône, par exemple, Greta Thunberg. Et c’est en contradiction avec le reste du « New Green Deal », le pacte vert pour l’Europe. Plus d’espace pour l’agriculture, c’est moins d’espace pour les forêts, et les forêts restent le meilleur moyen de stocker du CO2 sur les terres. Cet élément du plan me dérange. Les décideurs européens se font une fausse idée de l’agriculture : ils voient encore de jeunes gens travaillant dans les champs pour produire de la nourriture dans le respect de l’environnement. Mais l’agriculture moderne ne fonctionne pas de cette manière.

Comment fonctionne-t-elle ?

L’agriculture moderne est un processus très industriel qui nous permet de ne consacrer que 10 % de notre budget à l’alimentation et d’utiliser le reste de notre argent à d’autres fins agréables.

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Camille Potte. CC BY-NC-ND

Pas besoin d’acheter nos légumes à la ferme du coin, alors ? Nos haricots peuvent tout aussi bien venir du Kenya ?

Tout à fait, tant que ce n’est pas tous les jours. Regardez les chiffres : les kilomètres parcourus par nos aliments importent peu. C’est ce que nous mangeons qui a bien plus de poids. Si nous voulons vraiment rendre notre agriculture plus respectueuse de l’environnement, nous devons manger moins de viande rouge. C’est vraiment le facteur numéro un. Je ne peux trop insister là-dessus. Moi aussi, j’aime le steak, vous savez. Mais nous devons oser le taxer beaucoup plus. Si votre kilo de viande génère des émissions de CO2 de 130 kilos, vous devez le payer. Nous devons compenser les émissions que nos préférences alimentaires entraînent. Dès lors, il y a fort à parier que nous mangions automatiquement moins de steaks.

Vous estimez qu’il faudrait surtout manger plus de poulet ?

Oui, mais je le disais aussi sous forme de boutade. À ce sujet, l’écomoderniste flamand Thomas Rotthier souligne que nous créerions beaucoup de souffrance animale, et il a raison. Mais d’un point de vue climatique, il est en effet préférable de manger du poulet que du bœuf. Les émissions provoquées par la production de viande rouge sont colossales. Celles engendrées par d’autres types de viande et par les produits laitiers sont modérées, et celles de la production de fruits et de légumes sont relativement négligeables – même pour des haricots du Kenya. Une chose est en tout cas certaine : les haricots du Kenya valent mieux que le steak de Belgique.

Selon vous, à quoi pourrait ressembler notre production alimentaire dans trente ans ?

Nous devons produire une grande partie de notre nourriture dans un milieu industriel, et non plus dans les champs, afin de pouvoir affecter les terres à d’autres utilisations. Nous devons oser adopter les nouvelles technologies pour la production de viande de culture et de lait artificiel, par exemple. Beaucoup de recherches scientifiques doivent encore être menées, mais les avancées sont plus rapides qu’on ne pourrait le croire. Les entrepreneurs y verront tôt ou tard des possibilités à saisir, tout comme Elon Musk en a vu dans le domaine des voitures électriques.

Nucléaire, oui merci

En parlant d’énergie, comment voyez-vous l’avenir sur ce plan ?

Nous devons remplacer au maximum les carburants fossiles par l’électricité. Chaque année, la Flandre recense encore 40 000 nouveaux raccordements au gaz, et il faut y mettre un terme. Nous devons passer aux pompes à chaleur et aux réseaux de chaleur. Idem pour les voitures : on doit passer à l’électrique. La question suivante est de savoir comment générer cette électricité. Il faut en tout cas que ce soit de manière écologique : grâce aux énergies renouvelables – solaire et éolienne donc –, à l’énergie nucléaire et éventuellement aux énergies fossiles à condition de capter et de stocker le dioxyde de carbone.

L’accord gouvernemental se laisse une échappatoire en ce qui concerne les centrales nucléaires : si l’approvisionnement devient compromis, les deux centrales les plus récentes pourront rester un peu plus longtemps en activité.

Je dirais presque que c’est à espérer, dans un tel cas, mais je ne le pense évidemment pas. C’est une mauvaise loi, car elle détermine que la Belgique ne peut plus jamais construire de réacteur nucléaire. Mais imaginons que, d’ici cinq ans, Bill Gates lance un nouveau réacteur exceptionnellement efficace. Nous ne pourrions pas le construire ? Je suppose que la loi serait alors modifiée, mais tout de même : il n’est pas judicieux de diaboliser une technologie en particulier. Et nous devons absolument abandonner le discours selon lequel nous arriverons à 100 % d’énergie renouvelable. Ce sont des fables.

Mais les nouvelles centrales nucléaires sont extraordinairement chères, tandis que l’énergie renouvelable est sans cesse meilleur marché.

C’est exact. Les grands systèmes énergétiques contiennent de toute façon une grande part de renouvelable. Par grands systèmes, j’entends l’Europe et l’Amérique, par exemple – pas la Belgique. L’énergie solaire est bon marché et demande peu d’entretien : mes panneaux solaires installés en 2008 produisent toujours et je n’ai pas à m’en préoccuper. Mais toutes les études montrent que, dans ces grands systèmes, on a toujours besoin de 10 à 30 % d’énergie garantie, c’est-à-dire d’une source d’énergie stable que l’on peut enclencher et désenclencher selon les besoins. À défaut, on rend l’énergie inutilement chère.

Et ce n’est pas possible avec du renouvelable ?

Non. Il existe grosso modo quatre possibilités pour ça : la biomasse, l’énergie fossile, l’hydrogène, et enfin l’option nucléaire. Pour la biomasse et le gaz, il faut capter et stocker le carbone. Je ne crois pas tellement en l’intensification de la biomasse, car la densité énergétique offerte est trop basse et l’impact sur la nature trop grand. L’hydrogène vert offre des perspectives certaines, mais ce n’est pas pour demain. Le nucléaire me semble être une option sur laquelle nous pouvons miser. Même le bureau d’études de l’Union européenne a dit officiellement que l’énergie nucléaire constitue une forme d’énergie durable, ce qui signifie que nous sommes plus ou moins arrivés au bout de la discussion. Peut-être sera-t-il possible de fonctionner avec de petits réacteurs modulables en 2030 ou 2040 ?

Il y a une différence essentielle entre écologistes et écomodernistes : les premiers disent que tous les habitants de la planète n’ont pas besoin de leur propre voiture ; les seconds veulent offrir notre niveau de prospérité à tout le monde.

Encore une fois, la polarisation du débat ne me semble pas utile. Je vais donc être circonspect dans ma réponse. La pensée écologiste contient des éléments sensés. Nous devons nous contenter de moins, c’est exact sur un certain nombre d’aspects : moins d’énergie par unité de produit intérieur brut, moins d’énergie par mètre carré bâti. Et l’exemple de la voiture n’est qu’un exemple : plus de transports en commun, c’est mieux qu’une voiture par personne.

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Camille Potte. CC BY-NC-ND

Se retirer de la nature

Nous vivons à l’anthropocène, l’ère dominée par l’homme. Jusqu’à présent, celui-ci a causé des dommages considérables. Devons-nous évoluer vers un « bon anthropocène », comme le dit notamment Manuel Sintubin ?

C’est ce pour quoi je m’engage depuis des dizaines d’années. Je ne dis pas que toutes les idées qui vont aujourd’hui dans ce sens sont parfaites en l’état. Mais ce doit être le but ultime : une humanité neutre sur le plan climatique qui endommage le moins possible la planète et vit ainsi en harmonie avec la nature. Voilà l’objectif : ne plus ruiner notre propre lieu de vie. Écologistes et écomodernistes doivent pouvoir s’accorder sur ce point. Mais nous n’atteindrons pas ce bon anthropocène en construisant des châteaux en Espagne ; nous l’atteindrons en utilisant toutes les solutions de façon réaliste et pragmatique. Il n’existe pas de solution miracle universelle.

C’est une sorte d’utopie que vous nourrissez là…

… C’est une observation pertinente. Les utopies peuvent cependant être dangereuses, quand le leader finit par être tellement convaincu de la validité absolue de ses idées que tous les sacrifices en deviennent justifiés pour atteindre le paradis. Si cela se produit, nous serons dans le pétrin ; on tomberait alors au niveau de Staline et de Hitler, ce qui n’est évidemment pas souhaitable. Je dis toujours qu’il vaut mieux sombrer de façon démocratique qu’être sauvé de manière dictatoriale. Si le prix à payer pour sauver la planète est la liberté humaine, nous n’aurons rien gagné.

Alors on continue à se débrouiller démocratiquement ?

Nous avons un idéal en tête. Mais connaissant le genre humain, atteindre cet idéal sera une gageure. Ce qui est certain, c’est que nous pouvons faire mieux qu’aujourd’hui.

Pour prolonger ou accompagner la lecture, Pointculture nous propose Tempête de Didier Laloy. Un morceau instrumental étourdissant au violoncelle et accordéon diatonique.

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  1. Appelé « onde de Rossby stationnaire » dans le jargon.

  2. En vertu du plan « Fit for 55 ».

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