15min

Dans ma rue, je vends

0.jpg
Marie Vahdat. CC BY-NC-ND.

Le trafic de drogue. Un milliard de chiffre d’affaires en Belgique, des mafias internationales, des grossistes et… des petits dealers de rue qui ramassent les miettes. Où postule-t-on pour devenir dealer ? À qui envoyer son CV ? Entre souvenirs d’enfance et rencontres au présent, j’ai tracé le parcours qui mène au trafic. Voici les huit étapes du deal.

Cet article a été réalisé par le lauréat de la bourse Inclusion de Médor. Plus d’infos ici.

Dans mes mains, une photo de classe qui date de 1981, ma première année primaire. On y voit une vingtaine d’enfants répartis en trois rangées et l’institutrice, Madame Lozardeau, debout à nos côtés. Je suis en haut à droite. Celui qui sourit en bas à gauche, c’est Samir. Il deviendra un dealer de rue. Il fera de la prison et se rangera à l’aube de la trentaine pour devenir commercial dans une boîte d’équipements sportifs. Dans la rangée du milieu, il y a Mansour et Diallo, côte à côte, qui sourient de toutes leurs dents. Ils enchaîneront les séjours en prison puis l’un se laissera pousser la barbe et l’autre mourra dans un accident de voiture.

C’est sûrement à cause d’eux que cette photo a été saisie par la police lors de la perquisition menée chez moi. Sous la pression policière, un petit dealer avait dénoncé son fournisseur. Un gars mystérieux qui se faisait appeler « Lunette » et traînait du côté de l’université. J’avais 19 ans, je portais des lunettes et j’étais en fac d’histoire. En plus, j’apparaissais sur quelques photos prises par des policiers en planque, jouant au football avec des individus impliqués dans le trafic de stupéfiants. De quoi valoir une visite matinale de la police chez ma mère. Son appartement fut complètement retourné. Tout ça pour saisir une poignée de clichés dont un seul me sera rendu. La fameuse photo …

Lire, en toute liberté

Cet article semble vous intéresser. Vous pouvez lire la suite à votre aise : c’est un cadeau. Nos contenus doivent être accessibles au plus grand nombre. La période d’essai d’un mois, gratuite et sans engagement, est également faite pour cela. Cependant, nous avons besoin d’être financés pour continuer notre projet. Si vous trouvez notre travail important, n’hésitez pas : abonnez-vous à Médor.

Un journalisme exigeant peut améliorer notre société. Voulez‑vous rejoindre notre projet ?

La communauté Médor, c’est déjà 3444 abonnés et 1862 coopérateurs

Médor ne vous traque pas à travers ses cookies. Il n’en utilise que 3 maximum pour la sécurité et la navigation.
En savoir plus