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Le bottin du gratin

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Paul d’Orlando. CC BY-NC-ND.

Le bottin téléphonique a disparu en 2020, mais la « haute société » garde son annuaire papier : le High Life de Belgique. Et si j’essayais d’y entrer ?

Né en 1880 et paraissant chaque année à la Saint-Nicolas, le High Life de Belgique est un « répertoire reprenant les coordonnées de plus de douze mille familles de la haute société, belge ou étrangère, établies en Belgique ». Des comtesses, des ducs et des baronnes par centaines. Des particules. Des prénoms avec des tirets : Philippe-Charles, Marie-Astrid. Des grades militaires. Des compositions de familles issues de la noblesse, de l’aristocratie et de la bourgeoisie (avec les noms de tous les descendants et leur année de naissance). Introuvable en librairie, l’annuaire est strictement réservé aux membres à jour de cotisation (40 euros pour être dedans, plus 60 euros pour recevoir l’exemplaire de l’année).

Je réussis tout de même à dénicher un exemplaire de 2009 sur un site de vente de seconde main. Des publicités en papier glacé pour du saucisson et des tondeuses à gazon garnissent les pages intérieures… Non, je plaisante… Les annonceurs se situent plutôt dans le monde de la finance, de l’immobilier et de la grosse cylindrée. L’éditeur ayant poliment répondu non à mes demandes d’interviews, j’envoie des mails au hasard des adresses renseignées dans le High Life pour qu’on me le raconte de l’intérieur.

Carton d’invitation

Baudouin d’Andrimont me répond. « Ma famille y est présente depuis plusieurs générations. Mes parents dès leur mariage dans les années 1940, de même que mes grands-parents antérieurement. On l’utilisait comme carnet d’adresses, pour voir les changements, enfants, mariages, décès. Je me souviens de ma mère l’utilisant pour sélectionner et inviter des personnes. »

Quoi ? Figurer dans le High Life permet d’être invité à siroter du champagne chez madame la marquise ? Je suis journaliste à Médor et j’ai une particule berbère à mon nom. Je coche quelques cases. Allez, je tente ma chance… J’envoie un message au High Life. Mon profil va être examiné. Mais c’est pas sûr que j’aurai mon quart d’heure de mondanité.

Présent dans l’annuaire presque malgré lui (son épouse fait partie des 0,3 % de nobles du pays), Alessandro Albani me répond à son tour : « Le High Life, il y a ceux qui y sont de naissance et puis ceux qui veulent y entrer parce qu’ils rêvent d’être invités à prendre le thé dans un château… Ou bien peut-être qu’ils veulent marier leur fille ou placer leur fils. Plus un club est select, plus on veut y entrer et plus l’orgueil de ses membres enfle… Pourtant ce n’est pas dans le High Life qu’on trouve les gens de qualité, c’est plutôt dans les hôpitaux ou dans la rue avec ceux qui aident les démunis. » Sympathique et chaleureux, il propose qu’on se rencontre. Avec grand plaisir, vous êtes le bienvenu chez moi. Y a pas de château, mais y a du thé.

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