Un avortement et deux claques
L’infirmière qui trouve que, « franchement, vous auriez pu faire plus attention », le gynéco qui décide (seul) de vous poser un stérilet : les « sabotages » d’IVG (interruption volontaire de grossesse) sont une réalité. Dans la foulée de cette enquête, Médor ouvre un mur de témoignages. Pour libérer la parole sur ce sujet tabou.
À l’aide d’une sonde, recouverte de gel, le médecin examine le ventre d’Alice. La jeune femme est allongée sur une table d’auscultation. À sa droite, des images en noir et blanc s’affichent sur le moniteur. Alice détourne la tête. La main du médecin s’immobilise. Il zoome sur l’écran : « Oh qu’il est beau ce bébé ! » La patiente serre les mâchoires. Ce n’est pas pour un suivi de grossesse qu’elle est venue mais pour évaluer l’âge du fœtus. Dans une semaine, Alice se fera avorter.
« Punir les patientes. » Ces termes, la Commission nationale d’évaluation relative à l’interruption de grossesse n’hésite pas à les utiliser pour qualifier les dérives observées lors de certains avortements. La commission, présidée par Sylvie Lausberg (historienne et psychanalyste) et Mario Van Essche (avocat), se charge d’apprécier l’application de la loi relative à l’IVG de 1990 et de formuler des recommandations.
Dans son rapport de février 2021, elle observe qu’en milieu hospitalier, la prise en charge peut être inadéquate et irrespectueuse : « Pour certains soignants, l’IVG reste un acte punissable pénalement et à la limite de la légalité. » Certains comportements auraient « comme objectif, conscient ou non, d’infliger une sorte de “punition” aux patientes, avec en filigrane l’idée que de la sorte elles feront “plus attention la …