12min

Anne Delvaux : l’insoumise

_dsf1625.jpg
David Leloup. CC BY-NC-ND.

Anne Delvaux ne regrette rien.

« J’aurai vingt minutes de retard. Un rendez-vous décalé avec un client. » Anne Delvaux, 45 ans, a quitté la politique il y a deux ans, après avoir été évincée d’un cdH pour lequel elle a trusté les voix au Sénat, à Liège et à l’Europe. Aujourd’hui, elle est coach certifiée et se bâtit une clientèle dans le monde des entreprises. Elle arrive, sourire aux lèvres, affable, dans le café de la gare des Guillemins, à Liège, sa ville natale. Elle commande un vin blanc. Pour nous ce sera deux 33, et des cacahuètes. Au téléphone, elle nous a prévenus : elle n’a pas sa langue en poche, et la particratie à la belge lui laisse un sentiment de révolte. Un entretien de près de six heures s’entame. Elle démarre par un quartier populaire liégeois, bifurque sur une carrière de journaliste couronnée par la présentation du JT (pas vraiment un cadeau, finalement) et une vie politique où Anne Delvaux ne voulait pas être qu’une attrape-voix. Un itinéraire « sans regret » que Médor a choisi de retranscrire en « je », pour mieux vous y plonger.

Je ne sais pas jusqu’où je peux parler de moi. J’ai entamé il y a deux ans un parcours de développement personnel qui me permet en tout cas de dire que je suis idéaliste, atypique à contre-courant.

J’ai grandi à Grivegnée. Mes parents avaient un commerce de vin rue Bonne Femme. Ils étaient indépendants. Mes grands-parents maternels étaient très présents. Ils étaient aussi indépendants. Ils avaient une boucherie chevaline juste à côté de chez nous. J’ai donc mangé pas mal de cheval dans mon enfance. Et j’ai gardé chez moi un objet curieux : le presse-viande de mon grand-père. Tous les matins, il me donnait un grand verre de jus de viande. Je ne blague pas. Aujourd’hui, je suis végétarienne.

Mon enfance est compliquée à expliquer. Ma maman était présente. Mon papa ne l’était pas. C’est difficile de raconter ce qui suit sans donner l’impression de m’apitoyer sur mon sort. Les débuts de ma vie ont été assez durs. Mon père avait des soucis d’alcool. Il était violent, envers ma mère et envers mon frère et moi. Jusqu’à mes 8 ans, j’ai vécu en mode survie. Le commerce a fait faillite. Il y a eu une procédure judiciaire qui a contraint mon père de partir. Ensuite, on s’est retrouvé dans une situation financière tendue.

1988

J’ai quitté Liège, pour vivre autre chose. Je n’avais pas la vocation d’être journaliste ou de devenir reporter. Je voulais juste me débrouiller. Je suis partie étudier à Louvain-la-Neuve. Je voulais faire la psychologie mais j’ai choisi sciences économiques, politiques et sociales, une voie un peu fourre-tout, puis j’ai bifurqué vers le journalisme.

Jacques Bredael m’a repérée. À l’époque, il présentait le journal télévisé et il donnait un cours de télé à l’UCL. Lors d’un exercice où je m’essayais à la présentation d’un journal télévisé, il est entré dans le studio et m’a dit « Incroyable ! Tu dois poursuivre dans le journalisme ». C’est lui qui m’a donné l’envie journalistique.

1992

Je me suis retrouvée en stage à « Au nom de la loi. » Il n’y avait que des journalistes chevronnés, des anciens de la maison : Georges Huercano-Hidalgo, Gérard Rogge, Michel Hellas, Jean-Paul Procureur… Le premier jour, je suis arrivée à la RTBF Charleroi super tôt mais personne n’est venu m’ouvrir. J’ai attendu une heure à l’accueil. À la fin de mon stage, le producteur a pris une feuille et a dit : « Anne Delvaux, son stage, c’est comme un rond. Ça part là et ça revient au même endroit. » Je n’ai pas compris pourquoi il mimait ce zéro. Je me suis levée et j’ai dit qu’il souffrait d’un complexe de supériorité. Je suis partie. J’avoue être sortie de mes gonds. Un journaliste de l’équipe m’a dit dans la foulée : « Après ça, ça va être dur pour toi d’entrer à la RTBF. »

Avant la fin de mes études, j’ai été informée qu’on engageait à la RTBF. Après avoir postulé, surprise : le même producteur qui m’avait malmenée au restaurant laisse ce message sur mon répondeur : « On vous engage à Charleroi pour l’émission Cartes sur Table. » Après avoir fait de l’info régionale à Charleroi (Régions Soir), j’ai été envoyée à Bruxelles où j’ai été accueillie au JT. J’étais à la cellule belge et j’ai commencé à apprendre et à aimer ce boulot extraordinaire de journaliste, avant que l’on me propose de présenter le JT. Dans un premier temps, j’ai refusé de faire celui de 19 h 30. On m’a aiguillée vers celui de la mi-journée et j’ai foncé.

2001

Au JT de 13 h, je me suis amusée mais j’ai vite perçu mes limites. Je pouvais donner ma touche, choisir mes invités, je lisais leurs livres, j’allais voir leurs pièces. Je ne voulais pas faire un JT simpliste. À l’époque, il y avait déjà une tendance très lourde : il fallait faire « sexy ». On disait, plus haut dans la hiérarchie, qu’il fallait faire de la proximité. Cela impliquait de parler de moins en moins de l’international. Ça me rendait malade. Pour moi, la proximité, ce n’est pas le localisme. Quand on fait une ouverture du journal sur la fête du 15 août, ça veut dire quoi ? Qu’il ne se passe rien d’autre dans le monde ce jour-là ? Parler du coût de l’énergie, ça, par exemple, cela nous rassemble tous.

2004

Je suis devenue présentatrice du JT de 19 h 30 le week-end et j’ai commencé à me dire que j’allais partir quand j’ai définitivement compris que je n’étais pas maître de mon contenu. Un jour, il y a eu une offensive d’Israël à Gaza. Cette fois-là, les Nations unies ont condamné rapidement. Et l’Europe a condamné encore plus vite. Il fallait ouvrir le JT avec ça. L’éditeur me répond que non, cette réaction de l’Europe, c’est mineur, et qu’on va plutôt parler de la nouvelle loi sur le bénévolat. J’ai appelé le rédacteur en chef pour lui dire que je ne voulais pas. Je n’ai pas été entendue. Le lendemain, toute la presse titrait en une sur Gaza. Mais ni le rédacteur en chef ni l’éditeur n’ont reconnu cette erreur de jugement. Cet exemple est loin d’être isolé. Finalement, tout cela me minait, car les téléspectateurs et la presse extérieure m’identifiaient au journal que je présentais. S’ils avaient su à quel point, parfois, ce journal ne me ressemblait pas…

On me rappelait souvent que j’étais quand même la « blonde ». Comme j’étais une râleuse, que je voulais aller à contre-courant, j’ai décidé un jour de me teindre les cheveux en brun. Ça, au moins, on ne pouvait pas me l’enlever. Des médias ont fait des sondages éloquents : « La préférez-vous en brune ou en blonde ? »

2007

J’avais une réputation d’emmerdeuse, de femme exigeante. Je n’avais pas tous les leviers sur le journal que je présentais, juste celui de l’écriture de mes textes. Faire le JT était un combat tous les jours. Quand mon homologue masculin, François de Brigode, qui avait, c’est vrai, plus d’expérience, disait « non » à un sujet, c’était « non ». Quand Anne Delvaux disait « non », c’était souvent « oui ». Il ne faut cependant pas croire que je n’ai pas adoré ces années RTBF. J’étais fière d’être un maillon dans une longue chaîne de collaboration. Néanmoins, à cette époque-là, j’avais envie de vivre autre chose. Je me sentais « étriquée » dans ma fonction de présentatrice du JT de 19 h 30.

Un jour, j’ai reçu un coup de fil. C’était Jean-Paul Procureur, avec qui j’avais travaillé à Cartes sur Table. Et qui était parti au cdH. Il m’a proposé de rejoindre le parti. J’étais tellement surprise qu’en sortant de Reyers, j’ai fait un accident. Ce coup de fil m’avait complètement perturbée.

Je n’ai jamais été dupe du fait qu’on venait chercher mon image. Il fallait parler du fond dès le départ pour ne pas devenir une potiche. J’ai discuté durant trois heures avec Joëlle Milquet des matières sur lesquelles je pourrais travailler. Dont le con­gé d’adoption, un sujet crucial pour moi, puisque j’ai adopté moi-même un enfant.

– C’est la première chose que tu proposeras, on te soutiendra.

– Mais je ne suis pas juriste, moi.

– T’inquiète pas, tu auras plein de collaborateurs pour t’aider.

Aujourd’hui, neuf ans plus tard, on n’a toujours pas légiféré sur les congés d’adop­tion.

Joëlle Milquet me propose la deuxième place au Sénat. Une chambre de réflexion. J’ai essayé de le voir positivement. Il y avait des thématiques que j’aimais beaucoup, comme la bioéthique. Je sais que c’est plutôt en fin de carrière qu’on y va, mais je n’ai pas négocié.

Au Sénat, je l’avoue, je me suis ennuyée. Je ne veux pas dire qu’on n’y fait rien, non ! Mais le rythme, déjà plus lent qu’à la chambre, y était à l’époque considérablement ralenti par la période interminable de négociation de « l’orange-bleue ». On introduisait des demandes d’explications, pour jouer notre rôle de contrôle de l’exécutif. C’était le jeudi, plutôt tard. Et souvent, les ministres n’étaient pas là.

Très vite, au Sénat, on m’a dit de ne pas perdre mon temps à déposer des propositions d’initiative personnelle. On m’a plutôt encouragée à déposer des propositions que le gouvernement lui-même s’apprêtait à déposer. En principe, il y a trois pouvoirs distincts : le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Dans les faits, la distinction est parfois très peu claire, osons le dire ! C’est le résultat de la particratie. Tant qu’elle prévaudra, il n’y aura pas de démocratie réelle en Belgique.

J’ai apprécié présider le comité d’avis fédéral chargé des questions européennes au Sénat. Les thématiques européennes me plaisaient. On m’a ensuite confié la rédaction du programme du cdH pour les européennes de 2009. Avec un collaborateur à mi-temps. Les partis nationaux ne donnent jamais à l’Europe l’importance qu’elle a et qu’elle mérite d’avoir.

2008

« Faites en sorte que son bal de sénatrice ne fonctionne pas. » C’est le message qu’a fait circuler à mon égard un responsable de ma section cdH locale. Et ce genre de message était récurrent. Cela peut se comprendre : certains sont là depuis bien plus longtemps que vous en politique et ils voient quelqu’un qui débarque et qui leur prend la place. Cela dit, ça fait partie du job finalement. Et quel bonheur quand finalement les militants, les élus ou les citoyens lambda vous soutiennent.

2009

Certaines personnes ont été contentes, au sein du parti, que je parte à l’Europe. Je n’allais plus être sur leurs plates-bandes, leur prendre des voix. La concurrence pouvait être rude et peu fraternelle. Un jour, la « speakerine » que j’étais (on oubliait souvent que j’étais journaliste) a dit à un membre haut placé du cdH qu’il aurait fallu davantage bâtir son équipe plutôt que de se mettre lui-même en avant. Il s’est levé et a dit : « Toi, la starlette de la télévision, tu ne sais pas tout ce que j’en ai crevé pour en arriver là. » Je découvrais là toute l’envie, la peur aussi que je pouvais susciter chez des soi-disant pontes du parti.

Le Parlement européen est extrêmement critiqué. Moi, il m’a passionnée. J’ai pu y travailler comme un électron libre, tout en m’y investissant beaucoup. Chaque vote que j’ai fait a été précédé d’une analyse. Il faut dire que les sessions de vote peuvent être très longues. On pouvait passer trois heures à se pencher sur la politique agricole commune, avec des centaines de votes qui se succédaient à une cadence infernale.

Oui, j’ai voté pour que la DG Commerce et Karel De Gucht, alors commissaire européen, négocient le TTIP avec les Américains. Mais avec des conditions claires : pas d’OGM, pas d’importations de poulets chlorés ni de retour de boomerang quand l’Europe prend des mesures de restriction par rapport à certains produits en provenance des États-Unis ! Mais je n’étais pas contre le fait d’avoir un traité de commerce avec les États-Unis. L’opacité qui s’est développée autour du TTIP me dérange désormais. Hélas, comme tous les traités internationaux, ça se négocie dans une petite sphère. Malheureusement assez fermée.

La question des OGM me bouscule beaucoup. Je suis très sensible à l’idée qu’on ne puisse pas contrôler le contenu de son assiette. Je défends l’agriculture traditionnelle, bio, locale et familiale ou à petite échelle. Soutenir les OGM, c’est soutenir l’agriculture industrielle. C’est ne favoriser que certains types d’aliments, réduire les variétés, de tomates par exemple, et la diversité de notre assiette. Affirmer qu’on va nourrir l’Afrique avec des OGM, cela revient à dire qu’on va les rendre dépendants de Monsanto. Leurs semences, les paysans africains devront en racheter chaque année, et à quel prix !

J’ai été observatrice durant les élections au Congo en 2011. Nous sommes allés dans le Bas-Congo. La nuit, on a dormi chez des prêtres. La population s’est levée bien plus tôt que nous. Les Congolais avaient vraiment envie d’aller voter. C’était impressionnant. Il y avait une tension palpable car les résultats ont été contestés. Dans un des bureaux de vote où je suis allée, Kabila n’était pas du tout donné gagnant. Il y a eu une bagarre entre des militants de Kabila et d’autres citoyens. Le jour de la proclamation, l’Union africaine a communiqué que tout allait bien, alors que les résultats ne semblaient pas fiables. L’Europe, elle, n’a pas voulu communiquer tout de suite. C’était plus prudent mais aussi plus problématique, en termes de positionnement politique.

Mon plus gros travail parlementaire a été la rédaction d’un rapport sur les politiques européennes en matière d’énergie et de climat d’ici à 2030. Durant un an, j’ai multiplié les rencontres, sans éviter personne, de la société civile aux secteurs polluants. Je voulais que l’Europe maintienne un cap ambitieux, alors que la crise affaiblissait l’envie d’avancer sur ce dossier.

Mon groupe, le Parti populaire européen, était contre ce rapport. Je redoutais un vote négatif, car, même dans mon propre camp, certains veulent réduire les efforts en termes de réduction de gaz à effets de serre au nom des intérêts économiques. En descendant dans l’hémicycle ce jour-là, je n’avais aucune idée de ce qui allait être voté. Nous avons obtenu un engagement pour 40 % de réductions de gaz à effet de serre, 30 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici à 2030 et un objectif contraignant de 40 % en matière d’efficacité énergétique. Ma résolution a été adoptée en février 2014. Elle a fait passer un message, mais elle n’était pas contraignante. Elle demandait notamment la création d’un poste spécial pour le climat. C’est au niveau du Conseil européen, comme d’habitude, que ça a bloqué.

Deux jours avant cette victoire parlementaire, j’ai découvert, en arrivant à Strasbourg, que le syndicaliste Claude Rolin (CSC) allait prendre la tête de liste européenne du cdH que Benoît Lutgen (le nouveau président du parti) m’avait pourtant confiée quelques semaines plus tôt.

Le parti voulait que je siège au parlement fédéral. En 2013, j’avais pourtant dit : « Jamais de la vie. Je reste au Parlement européen. » Ce n’était pas pour l’argent. Je ne voulais pas revenir au niveau national où je savais que je m’étiolerais, vu mes convictions et mon mode de fonctionnement. Je pouvais comprendre la logique du parti : le cdH était sûr d’avoir un siège à l’Europe et il devait faire des voix au fédéral. Mais je ne l’acceptais pas. À l’Europe, personne ne me ramenait sans cesse à ma carrière médiatique. J’avais les mêmes chances que les autres. Mon groupe, même si j’avais du mal à m’entendre avec certains de ses membres, me donnait de plus en plus de responsabilités.

Je n’aime pas revenir sur la manière dont le cdH a organisé ma sortie par presse interposée, de manière diffamatoire. Même si j’ai complètement tourné la page et n’ai plus de rancœur, cela me reconnecte à des pratiques inacceptables. Intuitivement, je sentais peut-être depuis au moins six mois que quelque chose ne marchait pas. J’avais entamé une formation en coaching en septembre 2013. C’est lors de cette semaine infernale que j’ai passé mon examen de certification de coach. Je l’ai réussi. Heureusement.

Alors que je faisais une mise au vert avec mon équipe à Durbuy, le 18 janvier 2014, Benoît Lutgen m’a demandé de venir à Liège. Il m’a alors déclaré, devant témoin, que j’obtenais la tête de liste pour les européennes. Je n’y croyais plus, j’ai même eu du mal à exprimer ma joie, alors j’ai simplement dit : « Merci ». Le soir même, nous avons fêté la bonne nouvelle avec toute mon équipe. Une nouvelle campagne s’annonçait et on échafaudait déjà son lancement.

Quelques jours plus tard, tout bascule. Un de mes collaborateurs m’appelle en catastrophe et me demande si j’ai vu Sudpresse. Non, j’étais occupée à visiter une maison. Le journal titrait « Anne Delvaux lâchée par le cdH ». Des caciques du parti me descendaient anonymement, disant non seulement que j’étais une « diva » mais, surtout, que je ne faisais rien à l’Europe. J’ai demandé à Benoît Lutgen de me soutenir, de démentir et d’en profiter pour annoncer publiquement ma tête de liste à l’Europe. Il m’a répondu que sa crédibilité était en jeu. Et que pour moi, « l’Europe, c’était mort ». Le surlendemain, Claude Rolin était présenté comme tête de liste cdH aux euro­péennes.

Je suis retournée au Parlement à Strasbourg. Le cdH, c’était déjà fini pour moi à ce moment-là, mais la façon dont ça s’est passé m’a sérieusement ébranlée. On a voulu me faire endosser un communiqué pour dire que j’avais choisi une nouvelle carrière et que le parti me souhaitait bonne chance. J’ai refusé, je ne voulais pas qu’on croie que je partais de bon cœur. Même si, au fond de moi, quelque chose me disait que pour préserver l’intégrité de mon esprit, je devais m’éloigner de cette sphère politique qui venait de me démontrer ses pratiques douteuses. Certains ont alors dit : « Elle est capricieuse, elle n’est intéressée que par le salaire de l’Europe. » Très drôle comme on peut juger sans savoir. J’ai renoncé à tout et me suis retrouvée momentanément sans l’assurance d’avoir un revenu fixe. J’ai pris d’énormes risques pour moi et pour ma famille.

J’avais dit d’emblée à Joëlle Milquet, en avril 2007, qu’il me fallait pouvoir conserver un esprit critique pour entrer en politique. Au lieu de prendre quelqu’un avec une certaine notoriété juste comme une attrape-voix, peut-être aurait-il été judicieux de lui donner de l’espace, avec le droit de prendre un peu de recul, d’exercer son esprit critique. Sinon, on entre dans le moule et cette notoriété tellement recherchée par les partis disparaît dans la normalité. De vrais tacticiens auraient dû le comprendre.

Aujourd’hui, j’offrirais bien des fleurs à Benoît Lutgen. Il m’a fait un beau cadeau : j’ai pu sortir d’une routine, j’ai pu me rapprocher de mes enfants, que j’avais mis de côté pour la politique, mais aussi de moi-même. Il n’est pas question que je revienne un jour en politique. Mais il ne faut jamais dire jamais, même si on le pense très fort. Mes actes citoyens, je les pose dans ma vie quotidienne. La politique ne m’a pas fait perdre mes idées.

Lors des dernières élections, j’étais au Maroc. Il fallait que je sois loin pour ne pas participer à un système que je critique, pour l’avoir vécu de l’intérieur. Question de cohérence. Au-delà de tout cela, je ne regrette rien, ni les revers ni les déceptions. C’était mon chemin à moi. Je tire de tout cela de précieux enseignements pour moi-même mais aussi sur le fonctionnement de notre société. C’est une force. Pas une faiblesse.

Dernière mise à jour

Un journalisme exigeant peut améliorer notre société. Voulez‑vous rejoindre notre projet ?

La communauté Médor, c’est déjà 3445 abonnés et 1862 coopérateurs

Vous avez une question sur cet article ? Une idée pour aller plus loin ?

ou écrivez à pilotes@medor.coop

Médor ne vous traque pas à travers ses cookies. Il n’en utilise que 3 maximum pour la sécurité et la navigation.
En savoir plus