Quand Electrabel faisait du business avec Cosa Nostra
Enquête : Raf Sauviller
Traduction (CC BY-SA) : Thomas Lecloux
Illustrations : Dave Lander (CC BY-SA) : OSP.
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Pour se fournir en électricité verte, Electrabel s’est associée en 2008 avec l’homme de paille de Matteo Messina Denaro, le parrain de la mafia sicilienne Cosa Nostra en cavale depuis 1993. Ces révélations, publiées en janvier 2016 par le site d’information flamand Apache.be, n’ont reçu aucun écho dans la presse belge. Médor les a vérifiées, recoupées et traduites en français : oui, pendant deux ans au moins, le leader du marché de l’énergie en Belgique a frayé avec la mafia sicilienne. Et les éminents dirigeants, administrateurs et réviseurs d’Electrabel n’ont rien fait pour s’y opposer.
En Belgique, Electrabel est toujours le numéro un du marché énergétique national. Mais l’entreprise, sous contrôle français depuis 2005, perd des clients à un rythme effréné et se retrouve sur le gril plus souvent qu’à son tour. Notamment pour sa politique controversée en matière de production d’énergie nucléaire, ou pour la facilité avec laquelle ses lobbyistes parviennent à obtenir des cadeaux fiscaux auprès des autorités belges. Bien sûr, l’entreprise prend part à l’engouement politiquement correct pour l’énergie « verte ». Mais il semblerait que l’électricité verte d’Electrabel ne soit pas si propre que ça.
Fin 2007, Electrabel Italia, filiale d’Electrabel, a acquis une participation de 90 % dans la société italienne WindCo, qui exploite un parc d’éoliennes dans la province sicilienne de Trapani. Electrabel le mentionne elle-même dans son rapport d’activités de 2007. Electrabel Italia a acheté 90 % des actions de WindCo à la société luxembourgeoise Lunix SA, qui était alors l’unique propriétaire de WindCo. Lunix a conservé les 10 % restants de WindCo. Plus qu’un partenaire commercial, Lunix est ainsi devenu de facto un partenaire d’affaires d’Electrabel.
Les enquêteurs de la Direction des enquêtes anti-mafia (DIA) de Palerme, l’organe de la justice italienne spécialisé dans la lutte contre la mafia, ont cependant constaté que la société luxembourgeoise Lunix SA, à sa création, était détenue à hauteur de 0,03 % par une obscure société du Panama, le paradis de la fraude fiscale où criminels et blanchisseurs d’argent aiment établir leurs sociétés écrans. Le reste est entre les mains du …