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No man’s Lasne

La commune qui n’appartenait plus à personne.

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1.« Le long des chemins et de la voie publique, les haies et les buissons ne peuvent avoir une hauteur supérieure à 1,80 m » (extrait code rural art35) 2.Carte postale de l’église de Lasne, 1904.

Colin Delfosse. CC BY-NC-ND.

D’un côté, cinq villages et deux hameaux, fusionnés contre leur gré autour d’un bout de rivière, la Lasne, en 1977. De l’autre, des Bruxellois venus chercher un coin de prairie où planter une villa dans les années 1960. Mais cinquante ans plus tard, comment vit-on à Lasne ?

C’est l’histoire d’un bout de terre limoneuse à l’ombre de la butte du Lion qui voit la lente disparition de ses villages, gommés au nom de l’urbanisation. Des hameaux comme Ransbeck, Plancenoit et Maransart ont fondu dans une agglomération qui n’appartient désormais plus à personne, prise d’assaut par une immigration bruxelloise en quête de verdure, de calme et d’entre soi. Lasne, comme Waterloo, la Hulpe, ou Rhode-Saint-Genèse, a fait les frais de la tache d’huile.

Aujourd’hui, les citoyens des premières générations sont devenus les victimes parfois consentantes d’une libéralisation croissante des territoires. Cette nouvelle population a modifié la sociologie de ces villages, jusqu’à en devenir l’emblème. Lasne incarne le BCBG décomplexé. Elle est, au yeux des Belges, cette commune huppée, quadrillée de villas blanches et de haies cyclopéennes, dont ne s’échappent que des SUV. Le cliché est tenace tant il colle à la réalité.

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Patrouille d’ESG Security, compagnie privée de sécurité basée à Lasne travaillant également à Rhode-Saint-Genèse et Waterloo. « Notre core business : le particulier », souligne Dominique Colson, fondateur.
Colin Delfosse. CC BY-NC-ND

Paix, opulence et effets pervers

Le vivre ensemble en est le premier dommage collatéral. Pourquoi s’embarrasser du bien commun, dès lors qu’on n’a rien à en attendre ? Aujourd’hui, la majorité des Lasnois ne travaillent pas dans leur commune, ils la parcourent. Ils y coexistent, côtoyant leurs voisins sur le parking des commerces. Une majorité ne voit plus l’intérêt d’investir les espaces communs. La recomposition du territoire, induite par la taille des parcelles, implique une mobilité « dure » et cloisonne les agglomérations résidentielles. Les édiles communaux reflètent parfaitement cette vision, portant haut les couleurs du libéralisme : impôt minimum, intervention minimum.

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«  La sécurité est le projet phare de la commune  », lance la bourgmestre Laurence Lotthier au lendemain des élections communales de 2017. «  Nous voulons frapper un grand coup  ».
Colin Delfosse. CC BY-NC-ND

Mais ce havre de paix et d’opulence connaît quelques effets pervers. La concentration de richesses sur un territoire restreint si proche de Bruxelles attise les convoitises et suscite par conséquent de l’insécurité et un sentiment d’insécurité. Quand ils sont concernés par des cambriolages fréquents, des habitants se mobilisent pour organiser la surveillance de leurs quartiers. Loin d’être uniques en Belgique, ces regroupements de citoyens œuvrant pour la sécurité reconfigurent le rapport à l’autre. S’ils recréent effectivement du lien social, ils institutionnalisent un système de veille et deviennent, malgré eux, le visage d’une société repliée sur elle-même.

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Village de Maransart (début du 20e) et village de Couture-Saint-Germain où se situent trois des quartiers sous surveillance des Partenariat locaux de prévention (PLP) de Lasne.
Colin Delfosse. CC BY-NC-ND
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1. Halloween à Lasne : peur sur la ville.2. Le Royal Waterloo Golf Club de Lasne.
Colin Delfosse. CC BY-NC-ND
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Colin Delfosse. CC BY-NC-ND
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