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Chapitre 1 : L’héritier

Maisons-murées-Huy

Dans le quartier Axhelière, plusieurs maisons ont été murées par la Ville pour empêcher les squatteurs d’y trouver refuge.

Serena Vittorini. CC BY-NC-ND.

Propriétaire de nombreuses maisons laissées à l’abandon dans un quartier de la rive gauche hutoise, Marc Hennau est affublé du surnom « l’homme aux 100 maisons. » Sous sa gestion, le patrimoine familial construit sur plusieurs décennies s’est effrité plongeant tout un quartier dans le désarroi.

Si l’on en croit l’expression, les Belges ont une brique dans le ventre. Chez les Hennau, il pourrait bien s’agir d’une maison. Aujourd’hui, Marc, fils unique de René Hennau et Astrid Sondron, se retrouve à la tête de dizaines de biens, dont la grande majorité est maintenant à l’abandon. Mais, avant de faire les gros titres de la presse régionale et de provoquer l’ire des politiques locaux, l’histoire de sa famille est une belle success-story.

« Déjà au temps du grand-père de Marc, la famille possédait plusieurs maisons et terrains, » se remémore Joseph Fievez, ancien député wallon. Dans les années 60’ à Huy, la famille est essentiellement (re)connue pour son commerce, la boucherie Chevaline, dont les inscriptions ornent toujours la vitrine de l’établissement – également abandonné. À la barre, les frères Hennau, Mathieu et René, ainsi qu’Astrid, l’épouse de ce dernier. « C’est une famille de bosseurs, continue celui qui fut également locataire de la famille durant plus de 40 ans. Mathieu, par exemple, effectuait des gardes de nuit lors de la construction de la centrale nucléaire, avant de conduire un bus de ramassage scolaire et de travailler à la boucherie. » Le cercle vertueux est lancé.

Le commerce fonctionne bien, les logements sont occupés, les loyers encaissés. Dans le même temps, les dépenses sont limitées, très contrôlées et la famille s’enrichit. Le patrimoine grandit et les Hennau achètent et construisent plusieurs logements Rive Gauche. Dans la famille, les rôles sont bien définis. Astrid Sondron, mère de Marc, perçoit les loyers et assure, avec rigueur, la gestion administrative. Les frères, étant très manuels, effectuent les travaux dans les maisons. Car, chez les Hennau, on aime faire soi-même et éviter de dépenser le sou de trop. « On ne pouvait pas deviner qu’ils étaient riches, lance une habitante. Ils vivaient, sans artifice, de manière très simple ».

Voilà pour le cadre familial.

Une fois ses études terminées, Marc, seul héritier débute dans les affaires familiales aux côtés de ses parents. Mais si son père lui a transmis son côté manuel, sa mère ne lui a pas donné son sens de la gestion. « C’était un gentil garçon, mais il était plus désorganisé, » résume Joseph Fievez. Malgré tout, il gagne en responsabilités. La transition s’organise et Marc reçoit plusieurs terrains et maisons.

En 1994, il est nommé gérant de la société immobilière Hennau & Fils, qui gère une partie des biens. Son père, lui, se retire (officiellement du moins) en 2005. Les affaires sont moins fleurissantes, la société fait faillite en 2017. Les raisons sont plurielles – et pourraient faire l’objet d’un éclairage si vous le décidez – mais, pour le conseiller communal Grégory Vidal (DEFI), une hypothèse est cependant à écarter : « Il faut arrêter de croire que le propriétaire laisse volontairement ses maisons à l’abandon, c’est impensable. Il n’a aucun intérêt à faire cela et il a hérité d’une situation bien difficile. » Pour les gens rencontrés aujourd’hui, Marc renvoie l’image d’un homme débordé et dépassé par la situation. « Peut-être que, de par son éducation, il n’a pas osé se faire aider en pensant pouvoir tout gérer tout seul » avancent plusieurs interlocuteurs. Reste qu’actuellement, la situation est hors de contrôle. En premier lieu pour les habitants du quartier Axhelière qui subissent, au quotidien, les répercussions des lieux abandonnés par l’héritier. Entre les maisons murées, les squatteurs, la drogue et le sentiment d’insécurité, le coupe est pleine. Mais cela, c’est une toute autre histoire.

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