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Mode de la route

panneau-routier

Pour habiller son kot, rien de plus chic qu’un panneau de sens interdit. Mais quel est le coût, pour la collectivité, d’un tel sens de la déco ?

Le commissaire Yves Lagrange le sait d’expérience : les étudiants de Louvain-la-Neuve ont le goût du mobilier urbain lorsqu’il s’agit d’aménager leur logis. Au détour d’un contrôle, il lui a déjà été donné de voir « des panneaux de signalisation aux murs ou en guise de table et même une grille d’égout détournée en barbecue ». C’est sûr qu’un beau signal rouge vif apporte tout de suite une touche de vie. Et ça témoigne d’une audace rare. Mais on se dit aussi que si tous les étudiants belges se mettent à préférer les signaux routiers aux meubles Ikea, ça risque de causer quelques soucis logistiques et pécuniaires aux pouvoirs publics.

Quel que soit l’interlocuteur, difficile d’obtenir une réponse précise quant aux coûts que représentent pour les communes les vols de panneaux, lanternes de chantier ou cônes orange. Plutôt que de comptabiliser tout ce qui disparaît, « on essaye surtout de remplacer au plus vite », précise Michel Tricot, chef de cabinet du bourgmestre sortant à Louvain-la-Neuve.

La police fédérale recense, elle, toutes les plaintes liées à des vols de panneaux en Belgique. En 2017, ce sont 365 disparitions qui ont été déclarées. À près de 50 € le panneau, on arrive tout de même à la coquette somme de 18 000 €. Un chiffre vraisemblablement en deçà de la réalité, car peu de vols de ce genre sont en réalité déclarés.

L’ivresse

Les Arsène Lupin du Code de la route sont-ils forcément estudiantins ? Michel Tricot avoue remarquer une augmentation des disparitions en début d’année scolaire. « On imagine que les étudiants et les baptêmes y sont pour quelque chose », dit-il. Une affirmation que nuancent des membres d’un cer­cle universitaire : « Aucune activité de vol de panneaux n’est organisée dans le cadre de la bleusaille. Dans le cadre de l’ivresse par contre… »

Laura, voleuse occasionnelle, examine les raisons qui la poussent à emporter des signaux. « Ce qui m’amuse, ce n’est pas le vol, plutôt le changement de contexte. Un panneau “déviation”, à l’intérieur, c’est décalé. » En veillant toujours à ne pas perturber la sécurité routière, précise-t-elle.

À Ohey ne se trouve aucune université. Ça n’a pas empêché ce village dans le Namurois de se faire dépouiller de près de 200 panneaux de signalisation en mars 2018. Ne sont donc plus soupçonnés des étudiants bourrés mais des voleurs de métaux, cherchant à récupérer l’aluminium. Quel gâchis ! Si seulement ils étaient conscients du potentiel esthétique.

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