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Roulage de pelles à la Chambre

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Johan Massez. CC BY.

On y entend davantage de « Monsieur le Président » que de « Mijnheer de Voorzitter ». Un vent de francisation souffle sur nos débats parlementaires, alors que les francophones y sont minoritaires. Het incident is gesloten ?

Traîner des journées entières à la Chambre dans l’espoir de pulvériser son niveau de néerlandais, c’est la mauvaise idée de l’année. L’usage du français y est plus répandu, alors que, représentation proportionnelle oblige, les députés flamands y sont majoritaires (87 contre 63 francophones). Pour comprendre, on multiplie les contacts aux services presse et protocole de l’hémicycle. « Pourriez-vous me communiquer vos statistiques en matière d’utilisation des langues ? (Silence) Vous voyez de quoi je vous parle ? » Négatif. Ces chiffres n’existeraient pas.

Flairant le scoop du siècle, on insiste. « Il y a encore quelques années, ces statistiques linguistiques figuraient dans le rapport annuel, admet Eric Vanderbeck, directeur d’administration au Service du Compte rendu intégral de la Chambre. Mais ce dernier s’est vu considérablement réduit pour raisons économiques. » Même s’ils ne sont plus publics, ces chiffres existent pourtant encore. Les voici : en 2014-2015, première année de cette législature, le français a trusté 49 % des débats pour bondir à près de 55 % l’année suivante. Et à quelques semaines des congés parlementaires, la langue de Voltaire a déjà monopolisé 56,6 % de la session 2016-2017. Pour info, sous les précédentes législatures, le néerlandais squattait 60, voire 70 % des débats.

Alors qu’est-ce qui a changé à la Chambre ? Les francophones les plus bavards – on pense à l’Écolo Jean-Marc Nollet sur la question nucléaire, par exemple – cannibalisent-ils le temps de parole néerlandophone ? Ne cherchez pas midi à veertien uur. Depuis que la N-VA est sur le trône (avec le CD&V, l’Open VLD et le MR comme seul parti du sud du pays), l’opposition est principalement francophone. Et quand une question parlementaire est posée en français, la coutume veut que la réponse ministérielle soit donnée dans la même langue. La politesse, c’est sacré. Flamingants ou pas.

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