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Soigner sa sortie

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Noémie Marsily. CC BY-NC-SA.

Son surnom, c’est Beh-Beh. « Voix rauque », en arabe. Rapport au timbre éraillé qui colle parfaitement à sa gueule de « serial braqueur », comme titrait la presse après l’une de ses multiples condamnations. Vingt-huit ans passés derrière les barreaux. Plus de la moitié d’une vie, racontée au parloir le temps de sept visites. On taira son nom, histoire de ne pas hypothéquer encore plus ses chances de réinsertion. On fera semblant de croire à cette idée, la réinsertion, bien que ni lui ni grand monde ne se fasse la moindre illusion. « Si je sors, je pète un câble, on ne peut pas éviter le dérapage. »

La table étroite est striée d’encre, des sillons noirs et bleus creusés dans les nervures du bois par des mains impatientes. Comme un banc d’école, mais ici les cancres ont mal tourné. « La loi ne garantit pas la justice », a griffonné quelqu’un. Un autre a gravé « Portes de l’enfer ». Deux chaises, une poubelle, une fenêtre grillagée. Un ventilateur antique, posé au-dessus de la porte, atténue à peine l’austérité monacale de ce réduit que j’ai tout le temps de détailler, depuis l’heure que j’y patiente.

En fait, ça fait un an que j’attends. Un an que j’essaie d’entrer en prison pour la raconter de l’intérieur, à travers les yeux d’un détenu. La taule, dans l’imaginaire, est un lieu dont on cherche à s’évader. Y pénétrer est également difficile : des mois de démarches avec les directions d’établissement et avec l’administration auront été nécessaires.

Jusqu’à ce jour de mars 2019 : il a fallu mener une dernière négociation à l’entrée, vider ses poches, laisser le téléphone dans un casier, franchir un détecteur de métaux, quatre portes dont deux blindées, une dernière grille, toutes gardées par un agent, jusqu’à ce couloir vétuste où s’alignent les parloirs des avocats. Un monde d’obstacles, où chaque étape dépend d’un tour de clé, où le temps s’étire d’autant plus qu’on n’a pas de téléphone pour le tuer. Attendre.

Strip-tease

Beh-Beh finit par se poser devant moi, dos bien calé sur la chaise. Sur ses gardes. « C’est vous, le journaliste ? On ne m’avait pas prévenu. » Quand ils sont amenés au parloir, les détenus ne savent pas qui ils auront en face d’eux. Un assistant social, rarement. Un journaliste, jamais. « Vous ne vous êtes pas renseigné sur moi ? » Il s’en étonne, mais non, pas vraiment. Histoire de ne pas avoir d’idée préconçue. Par pudeur aussi, pour éviter de le ramener à un passé qu’il préférerait oublier. Mais lui se souvient de tout, et n’est pas du genre pudique. Nous ne nous connaissons pas depuis cinq minutes qu’il a ôté sa tunique blanche pour dévoiler un torse criblé de cicatrices. « Style Arme fatale », rigole-t-il, en référence à un strip-tease fameux de Mel Gibson. « J’ai perdu le rein gauche, un morceau de poumon. » Troué de six balles par un bijoutier, un jour de décembre 2001. « J’étais dans un sac de mort, j’avais déjà fait les prières. Mais apparemment le Seigneur en a voulu autrement. » Après des mois dans le coma, retour à la case prison pour cet habitué. « J’ai fait presque toutes les prisons du Royaume. Merksplas, Dendermonde, Gand, Lantin, Marneffe, Saint-Hubert, Arlon, Ittre. » Avec son débit de mitraillette, je peine à toutes les noter.

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Noémie Marsily. CC BY-NC-SA

Plus que Mandela

Beh-Beh alterne les méfaits et l’enfermement depuis qu’il a décroché de l’école. « J’ai arrêté en quatrième (secondaire). À La Providence, à Anderlecht, on était 40 par classe. J’ai senti que ce n’était pas ma place. De toute façon, il n’y a pas de travail. Un prof m’a dit, je ne vais jamais oublier cette parole, “pas besoin d’un diplôme, tsé, on ne va de toute façon pas t’engager”. »

Pas grave, il dirige un trafic d’héroïne et de cocaïne avant même sa majorité. « Si tu voulais quelque chose, t’inquièteJ’avais de l’argent, on croyait que ça allait durer. Personne n’aurait pu savoir, à part le Seigneur. » Après les stups, il enchaîne les cambriolages, les braquages. Des peines toujours plus lourdes. Il est en détention depuis si longtemps qu’il parle encore de ses butins en francs belges. « J’ai dépassé Mandela depuis un an et demi. » Il le dit crânement, comme s’il prétendait à la noblesse du prisonnier politique. Dans la foulée, il ajoute : « J’ai pas de sang sur les mains. » Pour lui, on ne devrait pas mélanger « les gens qui volent », comme lui, et les assassins. Il y a une différence. Mais cela fait déjà près de deux heures que nous parlons. Il quitte le parloir en ménageant ses effets. « Je ne ferme pas la porte, je ne suis pas payé pour ça. »

Gratifications

Beh-Beh est payé pour bosser à l’atelier. Moins d’un euro de l’heure. « Tu colles des trucs, des mèches pour les parfums hygiéniques. » Des sociétés attirées par le faible coût du travail – plus faible encore que dans les ateliers protégés – emploient des détenus dans plusieurs prisons de Belgique. À Forest, on a produit des câbles, des tringles de rideaux, et maintenant des désodorisants. Dans son dernier rapport, la commission de surveillance de Forest souligne que les revenus sont « très largement insuffisants pour permettre l’acquisition de biens de première nécessité ». On ne parle pas ici de salaire, et encore moins de droit du travail. On dit « gratification », comme si c’était une faveur. Ceux qui bossent bénéficient du régime semi-ouvert : dans les ailes A et B, les portes sont ouvertes une bonne partie de la journée et les détenus vaquent à leurs occupations.

Beh-Beh touche aussi l’aide sociale : 30 euros par mois. De quoi se payer la télévision, « 12,5 euros par mois en solo. » Il loge en cellule individuelle. « Je préfère être en solo. Je n’ai pas besoin de parler, j’ai l’habitude. »

La cantine permet aux détenus de s’acheter de la nourriture, des cigarettes ou des articles de toilette. Les prix sont plus élevés de quelques dizaines de centimes que dans les grandes surfaces. Avec la différence qu’elle empoche, la prison gère une sorte de caisse de solidarité au bénéfice des prisonniers démunis. Elle paie aussi des achats et réparations que sa maigre dotation ne lui permet pas de financer.

Les appels téléphoniques aussi sont coûteux. Exorbitants même, jusqu’à il y a peu : le tarif était cinq fois plus élevé que le prix moyen du marché. Ce n’est que depuis la conclusion d’un nouveau marché public, en 2018, que les détenus peuvent appeler leur famille sans se ruiner.

Le tarif des biens entrés en douce est plus prohibitif encore. Pour un téléphone, lancé au-dessus des murs par des complices ou dissimulé « parfois dans le cul, ce n’est pas un secret », il faut compter 800 euros.

Bougies Babybel

Grâce au régime semi-ouvert, les ailes A et B sont prisées des détenus, bien que leurs cellules soient, paradoxalement, les plus vétustes de Belgique. Leur état est même « moyenâgeux », selon la commission de surveillance. Pas d’eau courante ni de W.C. : les détenus font leurs besoins dans un seau hygiénique qu’ils vident dans un dépotoir mal entretenu au fond des ailes. En cas de grève, la porte n’est ouverte que deux fois par jour, mais Beh-Beh est rompu à ce traitement. « Je prends des bouteilles d’un litre et demi, j’en ai une cinquantaine. » Quand les grèves durent, l’hygiène corporelle en prend un coup. « Après trois jours, ils sont obligés de donner une douche. » Le reste est à l’avenant : matelas en mauvais état, draps, papier toilette et vaisselle insuffisants. Mais Beh-Beh ne s’en émeut pas plus que ça. Il se souvient en rigolant d’une époque lointaine où c’était pire. « Ils éteignaient les feux à 20 h 30. Comment veux-tu lire Bob et Bobette ? » La technique en vogue, il y a vingt ans, consistait à faire fondre des emballages de Babybel en une bougie de fortune.

Oiseaux par la fenêtre

Lors de ma visite suivante, en avril, Beh-Beh est reparti vers l’aile C, en régime fermé. Sanctionné pour un trafic de téléphone. « J’ai été suspendu parce que des connards ont lancé des GSM. Ils les ont interpellés. Autour de l’enceinte de Saint-Gilles et Forest, il y a des caméras à gogo. Mais je ne suis pas dans ce coup-là. » Coupable ou pas, il a replongé au bas de la liste d’attente. S’il se tient à carreau, il pourra regagner une place au travail.

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Noémie Marsily. CC BY-NC-SA

Entretemps, il n’y a rien à faire, à part regarder la télévision, lire, prier, dormir. « Je ne m’emmerde pas du tout. C’est le contraire. En vérité, je suis libre dans ma cellule. Personne ne me dit quoi que ce soit. J’appelle ça la liberté emprisonnée. » Il connaît le Coran et la Bible sur le bout des doigts, étale sa maîtrise de l’Histoire et de l’actualité. Des restes de l’enfant doué qu’il était. « J’étais premier de classe à l’Institut Notre-Dame de Lourdes, à Yvoir, en quatrième et cinquième primaire. » Deux années d’internat, où il a été placé par le juge, l’ont éloigné un temps des trottoirs bruxellois, de la délinquance précoce, d’un père violent. D’Yvoir, il se souvient de tout. « Même du numéro de téléphone de l’école. J’entendais les oiseaux, c’était la première fois de ma vie que j’étais dans une classe où il n’y avait pas de bruit. » De ces deux années au vert, interrompues brutalement par la mort de son frère, ne restent que quelques souvenirs. « J’ai encore le dictionnaire illustré de 1981. Ils vont m’en donner minimum 1 000 euros. » Quand il sortira, le cours du livre d’occasion sera sans doute dévalué par rapport à celui de son imagination. Mais déjà, il sort du parloir. Bravache, il me lance : « Vous êtes libéré. » Beh-Beh aime décidément soigner ses sorties.

Masturbation

Attendre, encore. Fin avril. Un agent est venu m’informer qu’il faudra patienter davantage. Son collègue s’est trompé et a envoyé Beh-Beh à la douche plutôt qu’au parloir. Moi aussi, je finis par creuser un sillon d’encre et d’ennui sur la table étroite. Dans le couloir, je fais les cent pas et croise une assistante sociale, désespérée de perdre son temps. Elle me raconte qu’elle accompagne un détenu qui reprend l’université, en sociologie. « C’est rare. Depuis le temps que je travaille en prison, c’est le premier cas. »

Beh-Beh débarque enfin, frais lavé et de bonne humeur. Il a envie de déconner plus que de répondre à mes questions sur la radicalisation en prison. Les jeunes barbus, ceux « qui se radicalisent ou qui sont islamisés, je ne sais pas quel qualificatif vous pouvez leur coller », ils ne l’impressionnent pas vraiment. Un jour, « ils étaient tous en train de parler, le sujet c’était la masturbation, que c’est pas bien et tchik et tchak, ils faisaient tous les musulmans. C’est là que je dis, celui qui ne s’est jamais masturbé, il lève la main. Dans le groupe, ils priaient, ils s’étaient reconvertis, ils avaient fait acte de pénitence, dans leur délire, ils étaient déjà des saints. Je leur dis : “Mais arrêtez, vous vous branlez.” » Et qu’ont-ils répondu ? « Ils n’ont rien dit, ils sont partis faire leur sport, les autres ont fumé leur joint. » Il en rigole encore. « Il y a moyen que tu puisses tenir tête à des gens comme ça. Quoique, dans un autre pays, avec les vols que j’ai faits, je serais un manchot. Alors franchement la démocratie, c’est à l’aise. »

Murs sans affiches

Mai. Dehors, les murs sont couverts d’affiches électorales. À l’intérieur, nulle trace d’un débat politique. En France, pour la première fois, plusieurs milliers de détenus peuvent voter aux européennes. En Belgique, rien de tel n’a été prévu pour les 6 000 électeurs incarcérés. Il n’y a pas de bureau de vote en prison ni aucune information fournie sur les possibilités de voter par procuration. « Empêcher 6 000 personnes de voter, cela revient à priver toutes les électrices et tous les électeurs de la commune de Floreffe ou de Neufchâteau de se rendre aux urnes (…) Les voix de ces 6 000 personnes sont perdues et personne ne va les chercher », prêche l’association Genepi dans un communiqué. Dans le désert. Tout au plus a-t-elle pu organiser des ateliers électoraux dans huit prisons de Belgique, pour une centaine de détenus. À Forest, la direction a refusé.

Les élections, de toute façon, Beh-Beh n’en a « rien à kicker ». Il a beau être né dans les Marolles, il n’a jamais eu la nationalité. Depuis tout jeune, il sait qu’il ne sera jamais un Belge comme les autres. Un jour, à ses cinq ans, il contemple d’un balcon la place Morichar, à Saint-Gilles, où il habite. « C’est là que j’ai tout compris. Tous ceux qui étaient en bas, c’étaient les Noirs, les Maghrébins. Les autochtones, comme vous dites, étaient en haut. »

Bougnoule

« Bougnoule, j’ai tellement entendu ce mot dans ma vie. » Parfois, l’évocation du racisme ressemble à un prétexte pour ses méfaits. Parfois, le racisme prend le visage des agents de l’État. En mars, le tribunal de Première instance a condamné un groupe de matons de Forest pour avoir fait régner un climat de terreur pendant des années. L’un d’eux se faisait appeler Hitler. La plupart ont été mis à pied dans l’attente du jugement en appel. Certains ont été réintégrés, dont l’un que les détenus surnomment T-Rex. « Il est là, ce fils de pute, il ne me dit pas bonjour. »

Les prisons belges sont peuplées d’étrangers : environ 45 % des détenus n’ont pas la nationalité belge. Près d’un sur dix est marocain, comme Beh-Beh. Parmi les Belges, beaucoup sont d’origine étrangère. La prison n’est pas pour les cols blancs. Proportionnellement, elle est assez peu pour les blancs tout court.

À cet état de fait, Beh-Beh oppose une morgue rigolarde. « Si j’étais Noir, j’irais à la Banque nationale, je sonnerais et je leur dirais “mettez les diamants, ouvrez un compte à mon nom”. » Rapport au pillage colonial du Congo. Pour un type qui a décroché de l’école, ou précisément parce qu’il est autodidacte, il connaît des épisodes de l’histoire nationale qu’on enseigne peu à l’école. Il parle souvent des tirailleurs marocains, enterrés à Gembloux, tombés pour défendre la Belgique de la poussée allemande en 1940. « Mon sang a coulé dans ce pays avant même que je vienne. On dirait que je suis déjà venu sur cette terre. » Son père, en réalité, est celui qui a fait le voyage en premier, depuis Tanger. « Il travaillait chez Vaneste-Brel », la cartonnerie fondée par le père du Grand Jacques. « Ouais, le plat pays qui est le mien. Ma mère est venue après. Mon grand frère et ma sœur sont nés là-bas. »

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Noémie Marsily. CC BY-NC-SA

Nonante-sept pour cent

Il n’est pas belge, mais sait mieux le français que certains « pure souche » incarcérés. « Tu vois des gamins de 19 ans, 20 ans, qui ne savent pas écrire. La première fois que j’ai entendu ça, c’était à la prison d’Andenne, quand ils l’ont ouverte. J’ai fait l’ouverture, en quelque sorte, en 1997. Il y en avait un qui s’appelait Sylvain. » Pour lui, Beh-Beh joue à l’écrivain public. « Il n’y avait pas de services sociaux à Andenne. Il y avait une assistante pour 400 détenus. »À Forest, l’aide sociale est plus importante que dans les autres geôles du royaume. Elle est même vaste, selon le directeur, avec une offre « psychologique, sociale, médicale, familiale, sportive, artistique ». La commission de surveillance n’en a pas moins enregistré de nombreuses plaintes relatives à la difficulté de rencontrer un assistant social.

« Comment tu veux te réinsérer ? Il n’y a pas de structure réelle, rien. Si je sors, je pète un câble. » À la prison de Tournai, Beh-Beh a suivi un cours de gestion. À Ittre, il a obtenu un diplôme d’architecte paysagiste. « C’est moi qui ai fait l’entrée du jardin. Mais les diplômes, à quoi ils servent ? On sait d’avance que dehors… » Dehors, sans revenus, avec vingt-huit années de prison sur le CV, il y a peu d’espoir de trouver un emploi. La prison ne réinsère pas. Tous les observateurs du système carcéral le disent. La majorité des détenus n’étaient déjà pas insérés en entrant. Quand on l’interroge sur le sujet, le directeur de la prison de Forest a des ambitions modestes. « Si on arrive à faire en sorte que des gens en sortent sans un sentiment de haine contre le système, c’est déjà un triomphe. » Il n’existe pas de statistiques officielles du taux de récidive en Belgique. Peut-être parce qu’elles mettraient à nu l’inefficacité de la politique menée. L’Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) réclame depuis des années des financements pour créer, à l’instar des pays voisins, un moniteur régulier de la récidive. Pour le directeur du département de criminologie, Christophe Mincke, celui-ci constituerait « un outil de politique publique essentiel », notam­ment pour savoir qui doit bénéficier prioritairement de la libération conditionnelle. En vain. Pour Beh-Beh, c’est clair. « Nonante-sept pour cent, à l’aise, vont revenir en taule. »

Au Maroc

Début juin, je vois Beh-Beh pour la dernière fois. Au septième tête-à-tête, il hésite encore à me donner du « tu ». Le vouvoiement revient au détour des phrases, comme un rappel que nous n’appartenons pas au même monde. Moi, derrière sa grande gueule, je connais un peu de l’enfant qu’il a été. L’air de rien, on a pas mal rigolé dans ce cagibi d’un mètre sur deux.

Tu vas faire quoi en sortant, Beh-Beh ? « Avant, je faisais tout pour avoir la conditionnelle. Maintenant, j’irai à fond de peine, en 2021. »

Le jour de sa sortie, il partira au Maroc. Direct. Seul. En car. Pas en avion, qui le terrifie. « Il y a des hectares au Maroc, on a du sel. Je vais m’installer. Personne ne va me dire : fais ci, fais ça. » Du côté de sa mère, des terres en héritage miroitent au soleil de son imagination. Quand il était jeune, elles ne l’intéressaient pas. À son grand-père qui, lui montrant un entrepôt de sel, lui dit « c’est à toi », il n’opposa que du mépris : « Ce qu’il y a dans l’entrepôt, c’est ce que je claque chaque semaine. » Il rigole encore de son insolence. « Que le Seigneur me pardonne. »

À l’heure de se dire au revoir, on prolonge encore un peu. Beh-Beh devise sur la géopolitique, la guerre du Golfe, l’Iran, les Contras du Nicaragua, Manuel Noriega du Panama. « Il a eu 186 ans de prison, lui. Il est bien. Il ne faut pas lui demander ses projets. » Comme si une part de lui enviait le dictateur panaméen, qui a fini ses jours en prison. Beh-Beh, lui, sortira en 2021, à 51 ans, après avoir passé plus de la moitié de sa vie enfermé. Il ne connaît pas le jour exact, mais ce sera à 17 h. Heure d’un nouveau délit, ou de la rédemption, tout dépendra de lui. Pas d’une institution carcérale trop pauvre pour y changer quoi que ce soit.

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Noémie Marsily. CC BY-NC-SA
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