Lutter. Renoncer.
Cinq mois sur un piquet de grève, chez NLMK Clabecq. Un dernier bout d’acier wallon. Pour la direction, il faut licencier en masse, sous-traiter, diminuer les salaires. Les travailleurs, eux, doutent des syndicats. Lutter encore ou renoncer.
Une colonne de fumée noire s’élève vers un ciel tout aussi sombre. Sa source est un brasier de palettes, alimenté par le bras mécanique d’une pelleteuse. Trois hommes l’observent, muets. Attachés à la grille qui bloque l’entrée principale du site de Clabecq, les drapeaux verts de la CSC et rouges de la FGTB claquent au vent. À leurs côtés, un épouvantail, couvert d’un casque de chantier, d’une veste fluo et d’un pantalon de travail évoque la silhouette d’un ouvrier crucifié. Une fois dépassé ce furieux tableau, pourtant, l’ambiance n’est pas hostile. Autour d’un brasero où grillent des saucisses, une quinzaine de grévistes se saluent, échangent quelques mots. « On l’a vu venir, on nous le faisait comprendre », confie une employée, dépitée. « Mais on n’avait jamais vécu un plan aussi dur… », renchérit un collègue. Nous sommes le 12 février 2019. Cela va bientôt faire deux semaines qu’un piquet de grève bloque complètement l’usine de Clabecq.
NLMK est un groupe sidérurgique russe, dernier repreneur en date des emblématiques Forges de Clabecq, tombées en faillite en 1997. Le jeudi 17 janvier, la direction du site a annoncé ses problèmes financiers et son besoin « existentiel » de se séparer de 286 des 576 travailleurs, soit la moitié des effectifs. L’entreprise dit perdre environ 50 millions d’euros par an, depuis quatre ans. Sur la table : un licenciement collectif malgré les investissements de 18 millions prévus, des économies à réaliser sur les coûts du personnel restant, à travers un …