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Mais pourquoi BOB ?

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Emilie Plateau. CC BY-NC-SA.

Cela fait 24 ans que la sécurité routière nous bassine avec ses campagnes Bob. Le mec qui ne boit que de l’eau. Mais d’où vient le prénom « Bob » ?

Bob, c’est le diminutif de Robert. Mais c’est un peu court comme explication. Pourquoi avoir choisi le prénom Bob pour incarner le (ou la) plus sage d’entre nous ? A-t-on évité des campagnes « C’est la fête quand Paul conduit ? » ou « Qui fait le Jean ? » 

Benoît Godard, porte-parole de l’Institut Vias (le nouveau nom de l’IBSR – Institut belge pour la sécurité routière), n’était pas encore dans les murs et il n’y a plus grand monde pour se souvenir du moment, en 1995, où Bob fut créé. « Les campagnes étaient très dures à l’époque, avec beaucoup de sang. Cela ne marchait pas trop. »

Mais il y a peut-être une autre explication au manque de mémoire de l’IBSR. L’agence de sécurité routière n’a tout simplement pas participé à la création du concept de campagne, l’initiative venait de la seule… Interbrew. En 1994, l’alcoolémie autorisée au volant était passée de 0,8 à 0,5 milligramme d’alcool par litre de sang. Embêtant pour les brasseurs. Interbrew convoque alors une quinzaine d’agences publicitaires. L’objectif : contrer le message négatif de la sécurité routière et trouver une parade à la nouvelle législation.

Nom de code

L’agence Magnesium se met au travail et planche sur la tolérance zéro plutôt que 0,5. Elle garde la fête, mais « sacrifie » une personne à l’eau. Le concept est né ! Avec un prénom et une couleur, le jaune, comme la bière. Parfait pour les brasseurs : les autres fêtards peuvent continuer à boire. Mais pourquoi ce prénom à peine utilisé chez nous ? Des « Bob » en Belgique, c’est comme des « Svanhildur », ce n’est pas fréquent. Ils étaient 441 en 1995 (dont 418 en Flandre) à être affublés de ce prénom palindromique. Si l’agence qui a inventé le concept « Bob », Magnesium, n’existe plus, Médor a remis la main sur le patron de l’époque, Robert Madrenas. Robert ! Bob, c’est donc lui ! « Ah ah ah. Je ne crois pas que les créatifs ont voulu me faire plaisir. Mais c’était une idée de génie. » Autre coup de génie : Interbrew a ensuite été voir l’IBSR pour lui vendre le concept. Et cela a marché. Avec une réussite à la clé. « La Noël de cette année, il n’y eut aucun mort. » « Bob est arrivé un peu par hasard, raconte Arnaud Grandjean, alors créatif chez Magnesium. Ce fut d’abord un nom de code pendant des mois. C’était court, sympa, il fonctionnait dans les deux communautés, on l’a gardé. »

L’idée sera reprise à l’étranger, mais la campagne aura pourtant fait une victime : le prénom en lui-même. En 2018, ils ne sont plus que 19 (dont 18 en Flandre) à avoir reçu le prénom Bob. Hypothèse : les parents n’ont pas envie qu’une fois adulte, ce soit toujours leur progéniture qui ramène les potes bourrés. Explication farfelue ? Pourtant, comme Bob, elle tient la route.

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