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Les barrières du roi

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None. CC BY-SA.

À Bruxelles, des barrières métalliques traînent régulièrement sur les trottoirs situés entre le palais royal et le palais des Académies. Mais pourquoi donc ne les range-t-on pas ?

« Il y a deux façons d’enculer les mouches, disait Vian, avec ou sans leur consentement. » Regaillardis par les mots du poète, nous avons interrogé la police bruxelloise, sur la présence de ces intrigantes barrières Nadar et chevaux de frise abandonnés sur les trottoirs du roi. Stratégie de la terreur ? Oubli systématique ? Désordre policier ? Réponse pragmatique de notre interlocuteur : « On ne va quand même pas tout le temps les sortir de l’arrière du Palais, rue de Brederode, hein… » Ben non. La police doit pouvoir verrouiller le plus rapidement possible la « zone neutre » (zone interdite aux manifestions, incluant les principaux ministères, les deux chambres du Parlement et le palais royal) sans devoir chaque fois trimballer des kilos de barrières Nadar sur des dizaines de mètres. Fourte, quoi.

Cette enquêteke bouclée plus vite que prévu, il me reste 866 signes pour vous raconter l’origine du belgicisme « barrière Nadar ». En 1864, le photographe et aéronaute français Nadar ramène à Bruxelles son gros ballon, le Géant. Le Yann Arthus-Bertrand de l’époque attire une telle foule près du Botanique qu’on installe un nouveau type de barrières pour la contenir. Dès le lendemain, la presse bruxelloise les baptise « barrières Nadar ».

D’ailleurs, je découvre que le photographe s’en plaint au journal bruxellois Le Petit Bleu du Matin, en 1900 : « Veuillez comprendre combien cela pèse sur quelqu’un d’être considéré à perpétuité comme le parrain d’une barrière, surtout si cette personne a toujours rejeté l’utilisation de quelque barrière que ce soit. Laissez-moi au moins l’occasion de protester contre ce baptême forcé. » Pardonnez-nous, Monsieur Nadar, d’en remettre encore une

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