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Sébastian parmi les hommes

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Axel Korban. CC BY-SA.

Il a un prénom très cool, joue au rugby et déteste Médor. C’est normal. Dans le dernier numéro, il s’est fait égratigner pour sa gestion musclée de la commune de Chiny, dont il est le bourgmestre absolu. Du coup, le 9 septembre dernier, Sébastian nous écrit. Ou plutôt, il nous met en copie d’un échange avec un journaliste de LAvenir du Luxembourg.

Extraits :

« Les bobos écolos me laissent de marbre… Sans doute Médor va-t-il influencer l’élection communale de Chiny en 2024 en interrogeant, comme dans ce numéro, uniquement des calotins ou des bobos ? »

Et bam, bam, bam, dans les dents ! « Bobos », le mot est lâché ! Sébastian, avec son franc-parler, dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas : Médor est un ramassis d’écolos roulant à vélo. Bruxellois, de surcroît. Ce qui ne lui échappe évidemment pas : « Après tout, c’est la base du commerce de Médor, tiré à 6 500 exemplaires ! Et combien en-dehors de Bruxelles et du Brabant wallon ? Et combien d’exemplaires en province de Luxembourg ? Il faut bien soutenir ses coopérateurs en écrivant des articles leur plaisant, car sinon, qui financerait Médor ? »

Tu as raison, Sébastian. Et tu as le chic pour mettre le doigt là où ça fait mal : au-delà du sillon Sambre-et-Meuse, la notoriété de Médor s’effondre. Si l’on prend les derniers chiffres, nous avons 1 115 abonnés à Bruxelles, 268 en Brabant wallon et 1 094 abonnés en provinces de Liège, Namur et Hainaut (habitants respectables que tu oublies un peu vite, quand même). Mais, effectivement, nous n’en avons que 127 en province de Luxembourg (où vivent moins de 300 000 personnes, tu peux nous accorder ça).

Quant à ta fine observation sur les bobos, Sébastian, elle tombe pile au moment où notre rédaction se lance dans un vaste « plan diversité », que les mauvaises langues qualifient déjà de « bien-pensance tarte à la crème ».

Notre objectif ? Nous faire plein de nouveaux amis, qui ne nous ressemblent pas. Des amis lecteurs ou coopérateurs (si possible un max à Chiny, Arlon et Meix-devant-Virton) mais aussi – et surtout – des amis journalistes, d’origines sociales et culturelles plus diversifiées. Parce que tu as raison, Sébastian : nous avons un problème. Mis à part le fait que les autrices de cet article sont des femmes (oui, Sébi, les bobos disent « autrices »), ici à la rédac, nous sommes surtout des mecs blancs universitaires. Et tu devrais voir le profil de ceux qui nous proposent des enquêtes – une vraie équipe de rugby : et vas-y que j’ai un sujet sur les centrales nucléaires ; et moi sur la mauvaise gouvernance dans une intercommunale ; et par ici le dragage des fonds marins ; alerte, il y a une usine de bagnoles qui va fermer. Il faut bien le reconnaître, c’est un peu chiant.

Nous avons fait un baromètre de notre numéro 14, publié dans notre numéro 15 (juin 2019). Les résultats ne sont qu’indicatifs, mais ils sont édifiants : nos collaborations et notre information manquent de diversité. Pas assez de femmes, pas assez de minorités visibles, trop d’intervenants issus des « catégories socio-professionnelles supérieures » (expression qui, quand on y pense, ne doit pas donner super-envie aux autres). Tous les trimestres, nous publierons un nouveau baromètre pour évaluer le changement. Mais comment faire pour se faire des amis ?

Ça tombe à pic. C’est justement le titre d’un best-seller mondial,vendu à plus de 40 millions d’exemplaires dans le monde (mais combien en province de Luxembourg ?) : Comment se faire des amis, de l’auteur américain Dale Carnegie. Ce gourou intersidéral de l’amitié d’affaires nous conseille ceci :

C’est pile ce que nous allons faire : rencontrer des gens et nous intéresser à eux. Plutôt que de hurler sur le marché d’Arlon qu’il faut lire et s’abonner à Médor, nous allons nous y installer pendant une semaine et voir ce qui préoccupe les habitants et habitantes (c’est l’une des étapes de notre Médor Tour automnal). Nous essayons aussi de susciter des propositions de collaboration venant de personnes qui ne se reconnaissent pas dans la triade « homme, blanc, universitaire ». (Désolées, Seb, mais donc pour toi, ça n’ira pas.) On a même une bourse de 4000 euros à proposer pour un projet d’enquête. Si vous connaissez des journalistes répondant au profil, envoyez-les ici (mais grouillez, la date limite, c’est le 15 octobre 2019).

Et puis, tous les 15 jours, on vous donnera des nouvelles, ici même, de l’avancement de notre plan diversité. Parce qu’on n’imagine pas une seconde que ça va être simple.

Si, comme Sébastian, vous avez des remarques constructives, des idées géniales, des conseils ou des seaux de tomates, envoyez-les à diversite@medor.coop.

On vous revient bientôt !

Bisous

Les Autruches

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