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Comment Médor se met une grosse pression (atmosphérique)

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Axel Korban. CC BY-SA.

Ça fait un moment qu’on en parle et qu’on vous dit qu’on voudrait faire ça chaque trimestre mais que ça coûte un bras. Eh bien, cette fois, on l’a fait : un nouveau «  Baromètre diversité  » (le premier, à lire ici, c’était en juin 2019).

Pour comprendre de quoi il s’agit, mettons-nous d’accord sur les mots, avec l’aide de Google (qui avait déjà sauvé notre « bourse inclusion », souvenez-vous).

Et donc, le « baromètre diversité », c’est simplement un outil pour mesurer la variété dans nos pages.

Comment ça marche ? Prenons un texte au hasard : l’étymologie de « Médor », trouvée sur wiktionary.

Médor (XVIIIe siècle) : Nom d’un soldat sarrasin qui épouse Angélique dans le Roland furieux de L’Arioste de 1516. Illustration de la page : Angélique et Médor par Andrea Casali.


Là, on enverrait ce texte à notre ami Sabri Derinöz (chercheur en sciences humaines de l’ULB, spécialiste de la question), et on lui demanderait, à partir des informations données, de classer tous les intervenants de cette définition, selon des critères de genre, de catégories socio-professionnelles, d’origine (supposée, en fonction des détails donnés, du nom ou de la photo), de voir le rôle qu’ils tiennent dans le discours (auteur, expert, vox populi, victime, etc) et la façon dont ils sont présentés. Ça donnerait un truc du genre (en vrai, Sabri fait ça très sérieusement avec des tableaux de fou) :

  • soldat sarrasin : homme, non-Blanc, catégorie socio-professionnelle inférieure. Appelé par son nom (Médor)
  • Angélique : femme, Blanche. Aucune indication sur la catégorie socio-professionnelle (on sait juste qu’elle se fait épouser – rôle passif). Appelée par son prénom.
  • Arioste : homme, Blanc, catégorie socio-professionnelle supérieure (artiste/poète). Appelé par son nom.
  • Andrea Casali  : homme, Blanc, catégorie socio-professionnelle supérieure (artiste peintre). Equipé du kit complet (nom, prénom, profession)

Et puis, on pourrait voir si des tendances se dégagent concernant, par exemple, la manière de représenter les Sarrasins ou les femmes dans les notices étymologiques. Faire cet exercice sur deux lignes de texte est profondément ridicule car l’échantillon n’a aucune valeur représentative (merci, merci, on sait). Mais le faire, systématiquement, chaque trimestre, sur les 128 pages d’un numéro de Médor, ça commence à vouloir dire quelque chose.

Nous avions fait l’exercice il y a un an avec Sabri. Nous venons de lui demander d’analyser à nouveau deux numéros de Médor. Pour comparer. Tous les résultats sont à lire ici.

Et ça dit quoi, vite fait ?

En gros, que les hommes des catégories socioprofessionnelles supérieures continuent à être surreprésentés dans Médor, mais dans une proportion moins grande que dans la presse quotidienne.

En revanche, Médor s’améliore sur plusieurs points :

  • Meilleure identification des femmes qu’avant (on donne plus souvent leur nom complet et leur profession)
  • Parole donnée davantage aux femmes qu’avant. Mais un truc attire notre attention – et celle de Sabri - sur les différences de résultats obtenus selon que le journaliste est un homme ou une femme. Les auteurs ont tendance à favoriser les intervenants de sexe masculins et des catégories socio-professionnelles supérieures, tandis que les autrices ont tendance à être plus diversifiées dans le choix de leurs intervenants.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’en favorisant la diversité et en incitant les femmes à rejoindre nos équipes (notamment via notre bourse inclusion), nous amenons automatiquement plus de variété dans nos pages ? La même évolution s’observe-t-elle lorsque l’on intègre plus de journalistes non-Blancs (ce qu’on fait aussi, avec cette bourse inclusion) ? Un prochain baromètre pourrait se concentrer sur les journalistes et voir si des tendances se dégagent en fonction de leur profil. Cela permettrait d’attirer notre attention sur nos réflexes inconscients et, peut-être, nous inciter à brasser plus large.

Quand on vous dit que Médor se met une grosse pression…

D’ici à ce qu’on atteigne la perfection, n’oubliez pas : Si vous avez des remarques constructives, des idées géniales, des conseils ou des seaux de tomates, envoyez-les à inclusion@medor.coop.

Bisous

Les Autruches


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