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Chapitre 1 : Camille à la ZAD

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Katherine Longly. CC BY-NC-ND.

Le 26 octobre, des zadistes ont planté leurs tentes à Arlon, sur le site d’une ancienne sablière. Ils militent contre l’aménagement d’un zoning pour PME sur une "zone de grand intérêt biologique", selon la Région wallonne. Nous nous sommes baladés à la zone à défendre (ZAD) avec un micro et un créateur sonore. Premier volet en podcast du portrait de la Zablière.

Mise à jour : cet article a été adapté suite à un contact avec un lecteur, qui renvoyait à une interview du naturaliste Jean-Paul Jacob (Aves-Natagora) sur TV Lux où celui-ci donnait une autre vision de la biodiversité de la Sablière que celle décrite en accès public sur le site de la Région Wallonne.

L’ancienne sablière de Schoppach : un site de 30 hectares coincé entre l’E411, la N850 et la rue de Lorraine qui mène vers Arlon. Une cathédrale d’épicéas sur un tapis de boue, de mousse et de marais. Depuis que la nature y a repris ses droits, de nombreuses espèces rares y ont trouvé refuge au fil des ans, comme le triton crêté, l’hirondelle de rivage et plusieurs plantes et insectes protégés. Cet espace est répertorié comme « zone de grand intérêt biologique » par la Région wallonne, qui note que le "rare" triton crêté y a été observé en 2007 et est "peut-être encore présent" et que l’hirondelle de rivage "y a niché au moins jusqu’en 2017". Jean-Paul Jacob, naturaliste chez Aves et Natagora a expliqué lui à TV Lux que la biodiversité de la Sablière avait elle été modifiée ces dernières années, et estimait qu’il n’y avait plus d’hirondelle de rivage ni de triton crêté actuellement mais que le site conservait encore de l’intérêt biologique (si vous voulez nous faire part des espèces que vous y avez observées en 2019, c’est par ici).

Toujours est-il que cet espace vert pourrait bientôt devenir un « parc d’activités artisanal », selon les termes de l’intercommunale Idelux-Aive, propriétaire. D’autres parlent d’un « zoning pour PME », avec des bureaux et du parking.

C’est pour s’opposer à ce projet que, depuis le 26 octobre dernier, des militants occupent l’ancienne sablière. Celle-ci est devenue une « Zone à défendre » » (ZAD), sur le modèle de Notre-Dame des Landes, en France. Cette occupation – près de 10 000 personnes - a permis l’arrêt du projet d’aéroport du Grand-Ouest en Loire atlantique.

Les « zadistes » ont planté des tentes sous les épicéas. Différents campements sont dispersés à travers le bois. Les cuisines et les pièces à vivre sont posées sur des palettes en bois et couvertes de bâches en plastique. Des braséros réchauffent les doigts et les croque-monsieurs.

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Vue depuis la falaise de la Sablière vers le siège d’Idelux, l’intercommunale qui a racheté cette "zone de grand intérêt biologique" en 2017.
Katherine Longly. CC BY-NC-ND

Ici, tout le monde s’appelle « Camille », un prénom qui a été choisi pour son caractère unisexe. Cette dénomination commune à tous les militants symbolise l’absence de personnification du mouvement. Il n’y a pas de chef, pas de conseil général. « Nous ne voulons pas de représentants identifiés, explique Camille. Notamment parce que nous commettons différentes infractions, comme occuper un terrain privé. Nous ne voulons pas que certaines personnes endossent seules les responsabilités ».

Entre 15 et 60 personnes occupent le bois, pour un ou plusieurs jours ou nuitées, en fonction des disponibilités et de la résistance au froid et à l’humidité. Ils et elles ont entre 15 et 60 ans, sont étudiante.es (anthropologie, sciences-sociales, sciences, journalisme,…) ou occupent un emploi qui leur permet une certaine flexibilité. Ils et elles viennent parfois de France et de partout en Belgique. « Nous sommes venus nous greffer sur un mouvement déjà existant, poursuit Camille. Des habitants s’étaient déjà mobilisés contre le zoning industriel pour PME prévu par Idelux, comme à d’autres projets de bétonisation dans la région d’Arlon (la création d’un « éco-quartier » sur lequel nous reviendrons cette semaine, la transformation du site du Bois d’Arlon en golf et hôtel de luxe) ».

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Katherine Longly. CC BY-NC-ND

Les zadistes reçoivent beaucoup de soutien des Arlonnais qui leur apportent de la nourriture, du matériel, une douche, un conseil juridique, une consultation médicale… La Zad s’étend ainsi bien au-delà de l’ancienne sablière. « Celle-ci symbolise la lutte que nous menons contre la bétonisation et la privatisation de la planète. Un autre modèle de société est possible selon nous ».

David Stampfli, créateur sonore que nous avons rencontré durant les ateliers participatifs pour créer notre nouveau site web, a promené sa perche et son micro dans la ZAD et nous en livre un portrait sonore (20 minutes), où les Camille expliquent l’enjeu de leur combat.

Demain : on a cuisiné le bourgmestre et Idelux

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