Un Indien sur un plateau
Raoni et Jean-Pierre Dutilleux
Textes (CC BY-NC-ND) : Colin Delfosse
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Jean-Pierre Dutilleux est l’homme qui a révélé Raoni à la face du monde. Son documentaire (1977) a bouleversé la vie du chef amazonien, devenu l’icône mondiale de la défense des droits indigènes. Mais leur histoire est surtout celle d’un emballement médiatique hors norme, qui va sceller le destin des deux hommes, de Malmedy à Hollywood.
Cannes 2023. Sur le tapis rouge, Raoni Metuktire, entouré de ses proches, défile toutes plumes dehors. L’homme au célèbre plateau labial, les 90 ans passés, est devenu au fil des décennies « le » représentant des luttes des droits indigènes. En cette fin de printemps 2023, sur la Croisette, il vient une nouvelle fois défendre sa cause, et monte les marches main dans la main avec Jean-Pierre Dutilleux. Les deux hommes sont en promo pour le nouveau film du réalisateur belge, Raoni, une amitié insolite, 46 ans après le documentaire Raoni, présenté à Cannes, en 1977. « Le chef indien » apparaissait alors pour la première fois sur un écran. Et donnait un visage à l’Amazonie.
Sur la Croisette, l’ambiance a bien changé pourtant. Oui, les deux hommes défilent main dans la main, mais c’est pour la galerie. Le nouveau documentaire n’est pas dans la sélection officielle du festival. Le film, qui devait couronner un demi-siècle d’une amitié « sans faille », n’a pas de distributeur en Europe.
Lors de ses interviews, Raoni Metuktire ne prononce pas un mot sur le film ni sur la relation qu’il entretient depuis les années 1970 avec « Kritako » (Nez en lame de couteau), le surnom dont il a affublé Jean-Pierre Dutilleux. Pourquoi un tel silence ? Interrogé un an plus tard par Médor, le vieux chef confie : « Je ne veux plus travailler avec lui, je n’ai plus aucune relation avec lui, et je ne veux plus qu’il m’approche. » Mais que s’est-il passé ? Et, d’abord, qui est ce Jean-Pierre Dutilleux ?
Christophe Colomb
Né à Eindhoven en 1949, le jeune Dutilleux grandit dans les forêts ardennaises. Issu d’une famille de la classe moyenne (le père est médecin), il passe de Malmedy aux bancs de l’Université catholique de Louvain, où il entame le droit, mais rêve de grands horizons. Il jette toutes ses économies dans trois malles qu’il remplit de jeans d’occasion avant de s’embarquer, en 1973, à bord du Christophe Colomb, un paquebot italien à destination du Brésil.
Sa compagne d’alors est la fille d’un anthropologue de renom, Francisco Meirelles. C’est lui qui le mettra en contact avec les Kayapos, une tribu amazonienne vivant en quasi autarcie le long du rio Xingu. Dans son livre Mémoires d’un chef indien (2010), Dutilleux raconte sa première rencontre avec la tribu : « Avec leurs yeux brillants […] leur corps luisant de la noire teinture, leurs bouches déformées par des plateaux rouge sang et leur massue de bois, ils sont effrayants. »
Le jeune baroudeur gagne la confiance de ce chef imposant en soignant son fils, qui a une plaie à la jambe. Le cacique lui permet alors de filmer, malgré la méfiance du clan. Trois ans plus tard, Dutilleux y retourne pour faire de Raoni le personnage central du film homonye. Un documentaire dans la vague indigéniste de l’époque, où un monde premier, « sauvage et hostile », tente de résister au monde industriel et à sa technologie agressive.
Après la projection du film à Cannes, le combat du leader Raoni, né quelque part au début des années 1930, résonne pour la première fois en dehors du Brésil. Cette lutte des peuples autochtones pour sauver leurs terres est en phase avec les préoccupations écologiques du moment. La crainte de voir disparaître le dernier « poumon vert » de la planète propulse Dutilleux comme défenseur de la cause amazonienne en Europe. Raoni, lui, y voit l’occasion de sauver ses terres menacées.
De cette convergence d’intérêts, où l’un veut défendre sa cause, l’autre faire des films à succès, naît donc une amitié, inégale. Dutilleux voit les choses en grand : après une projection du film à l’Université libre de Bruxelles à l’hiver 1979, il part pour Hollywood.
Le photographe espagnol, installé en Belgique, Alexis de Vilar, raconte : « Dutilleux m’a appelé depuis Hollywood pour y organiser la soirée de gala de ce documentaire. On a fait la projection au mythique Chinese Man Theater, qui nous avait été prêté pour l’occasion. Le Tout-Hollywood était présent. » Dutilleux parvient même à convaincre Marlon Brando d’assurer le doublage du film et décroche dans la foulée une nomination aux Oscars en 1979.
Chez Jacques Bredael
Mais le point de bascule de cette histoire se situe quelques années plus tard, en 1987. Dutilleux est alors « au bord de la faillite » comme il l’avouera ensuite au magazine Rolling Stone. Le Belge va trouver le chanteur Sting (fraîchement divorcé de Police), lors d’un concert à Rio, et le convainc d’aller rencontrer Raoni dans son village au cœur de la forêt amazonienne. Un coup de poker médiatique. Dutilleux vend ses photos de la rencontre du chef indien et de l’idole pop aux rédactions du monde entier. L’homme au plateau labial devient une icône.
Deux ans plus tard, Jean-Pierre Dutilleux échafaude alors avec l’interprète de Roxane la première tournée mondiale pour faire connaître le combat de Raoni (et, au passage, son film à lui). Le 1989 World Tour les emmène de Rio à Sydney, en passant par Londres, Los Angeles, Tokyo et… Malmedy.
La cité ardennaise reçoit en grande pompe le trio, qui fera un passage au JT de Jacques Bredael sur la RTBF. Raoni perdra même son plateau de balsa aux alentours des bureaux de la télévision publique. Mais c’est leur passage sur TF1 quelques jours plus tard qui leur ouvre les portes de la gloire et les rendez-vous avec Mitterrand, le prince Charles et le pape Jean-Paul II.
Raoni se rappelle bien ce premier voyage hors du Brésil et l’optimisme qui régnait alors : « Au début de notre relation avec Jean-Pierre, nous avons bien travaillé. Il a participé à la campagne pour la démarcation de notre terre, à laquelle a également participé Sting. Il est arrivé en disant qu’il voulait aider. Il enregistrait mes discours en vidéo et nous amenait aux bonnes personnes pour demander de l’aide. Nous avons parlé à Sting, lui et moi, et nous avons obtenu beaucoup de soutien, nous avons réussi à délimiter le territoire. »
Sting, l’actrice anglaise Trudie Styler et Dutilleux mettent sur pied la Fondation Rainforest, de même que douze antennes dans différents pays pour récolter des fonds et permettre la création de la plus grande réserve indigène. Cette tournée de dix-sept pays va générer plus d’un million de dollars, et inscrire Raoni au Panthéon des luttes écologistes. Elle installe par la même occasion Dutilleux comme son protecteur.
Le viol de la forêt vierge
Mais cette épopée médiatique est rapidement rattrapée par les controverses. Dès 1981, bien avant le World Tour, le quotidien brésilien Folha de S.Paulo accuse déjà Dutilleux de n’avoir pas respecté son contrat avec la Fondation chargée de la défense des peuples autochtones (FUNAI), qui demande un versement de 5 % des droits d’auteur du film pour les communautés.
Plus tard, c’est surtout l’opacité de la gestion des fonds de la tournée mondiale qui fait parler d’elle. « À cette époque, pendant le voyage en Europe pour la campagne, nous avons reçu de nombreux dons financiers, se souvient Raoni. Mais Dutilleux et son équipe disaient qu’il valait mieux que je ne touche pas à l’argent, que c’était dangereux de prendre de l’argent dans la valise et de l’apporter au village autochtone. Et, à ce jour, je ne sais pas où est allé cet argent. Jusqu’à présent, je ne l’ai pas vu. »
En 1990, le magazine Rolling Stones allume les deux initiateurs du projet dans un article intitulé « Sting a-t-il violé la forêt vierge ? » qui les accuse de s’être enrichis sur le dos du combat écologiste. En cause également, la sortie du livre Jungle Stories, en 1989, coécrit par le réalisateur et le chanteur dont les droits d’auteur doivent revenir à la Rainforest Foundation. Sting et Dutilleux perçoivent chacun 50 000 livres sterling de royalties. Le chanteur fera don de sa part. Quelques mois plus tard, il lâche Dutilleux, l’accusant de pratiques frauduleuses. Le réalisateur belge est mis à la porte de la Fondation qu’ils ont cofondée. Dans un documentaire de la BBC de l’époque, il se défend de tout détournement. « La moitié de l’avance du livre, c’était pour moi, et je l’ai gardée. »
Les accusations tombent aussi à Bruxelles où Alexis de Vilar, qui a également fondé une organisation avec Dutilleux, la Tribal Life Fund, l’accuse d’avoir détourné les fonds de la soirée de charité à Hollywood. « 30 % devaient revenir aux peuples autochtones des États-Unis et 20 % à ceux du Brésil. On a dû rassembler au minimum 50 000 dollars avec le prix des places et les dons des stars. Mais après l’évènement, il m’a dit qu’on était à perte. J’étais en colère. J’ai alors fermé la branche de la fondation américaine qu’on venait de créer. Puis je suis rentré à Bruxelles pour dissoudre notre association dont Dutilleux était vice-président. Il a par la suite créé de nouvelles organisations et répété le même procédé. C’est un malhonnête de première classe, sa cause n’est pas celle des Indiens et cela ne l’a jamais été. Il les utilise pour son profit personnel. »
Contacté par Médor, Dutilleux, qui vit aujourd’hui entre Rio et Paris, se dit sidéré que l’on donne un quelconque écho à ces « fausses rumeurs, répandues par les ennemis de notre belle cause, par de petits escrocs et autres affabulateurs, jaloux, envieux ». Et promet de nous répondre, lorsqu’on sera « mieux informés ».
Ruptures à répétition
Au début des années 2000, Raoni est devenu la figure incontestée de la lutte pour la sauvegarde de l’Amazonie et le porte-voix des peuples indigènes. Jean-Pierre Dutilleux a, lui, creusé le sillon en quatre livres (dont L’Indien blanc) et plusieurs documentaires.
Une nouvelle tournée en Europe est organisée par Dutilleux en 2001, avec un nouvel objectif ambitieux qui motive le chef kayapo : la création d’un institut Raoni. Celui-ci se retrouve avec Elio Di Rupo devant la gare (désaffectée) d’Harmignies (sur la ligne Mons-Chimay). L’un et l’autre apposent l’empreinte de leurs mains pour inaugurer la place Raoni ; Dutilleux et Raoni vont ensuite chercher le soutien de Jaques Chirac et du gouvernement flamand.
Le plan de l’institut, chiffré à 7,8 millions d’euros, est pensé par le réalisateur. Il prévoit un éco-lodge au cœur de la réserve, mais aussi un dispensaire et l’achat d’un avion pour les Kayapos. Mais après une étude de faisabilité financée par l’Élysée, l’institut ne verra pas le jour et, deux ans plus tard, c’est la rupture. Du moins la première.
Raoni déclare aujourd’hui : « Il a dit qu’il apporterait des ressources pour soutenir l’Institut Raoni, mais il n’est jamais venu. Au fil des ans, Jean-Pierre cachait toujours ses ressources. Nous n’avons jamais eu de projets réalisés avec son soutien. Il n’arrêtait pas de mentir. Et mes amis ont commencé à me dire et à me montrer qu’il me trompait, qu’il me mentait. » La même année, la FUNAI, sur demande de Raoni, porte plainte pour « abus d’utilisation du nom et de l’image du cacique Raoni » auprès du ministère public fédéral de l’État du Mato Grosso, qui restera sans suite. S’ensuit un long silence entre Raoni et l’« Indien blanc ».
Pendant cette période, une version locale de l’Institut Raoni est créée non loin du village Metuktire. « En 2001, nous, les communautés kayapos, avons créé l’institut pour défendre les intérêts de notre peuple, raconte Helena Borges, porte-parole de l’Institut. Nous luttons pour l’accès aux politiques publiques qui garantissent la qualité de vie, la santé et l’éducation adéquate des peuples. » Un organisme indépendant, sans lien avec Dutilleux.
Menacé de mort par le neveu de Raoni s’il s’avisait de remettre un pied dans le village, le « sorcier blanc » (comme l’a rebaptisé un journal brésilien) est pourtant de retour en terre kayapo en septembre 2009. La tribu manque de fonds et l’Institut Raoni est financièrement exsangue. Face caméra, Kritako – vous vous souvenez, c’est le surnom de Dutilleux – promet d’aider grâce à un nouveau projet : la publication des Mémoires de Raoni. Ce qu’il fera. Le contrat sera signé à l’ambassade de Belgique à Brasilia devant l’ambassadeur. Et les émoluments, 4 550 réaux, soit 1 750 euros, payés en cash. « Ne gaspille pas tout », glisse le réalisateur en donnant la liasse à Raoni.
Ensuite, c’est rebelote tournée européenne, coucou chez le prince Albert de Monaco et le président français, nouveau projet d’institut Raoni (alors que les Brésiliens en ont déjà créé un), millions d’euros recherchés et montée des marches de Cannes (même sans film).
L’histoire sans fin
L’équilibre implicite selon lequel le réalisateur lève des fonds pendant que Raoni défend sa cause est balayé par l’actualité brésilienne. En 2011, un projet de barrage à Belo Monte, sur les eaux tumultueuses du rio Xingu qui borde les terres kayapos, met en colère de nombreuses tribus, qui se fédèrent. Un vent de révolte souffle dans la région. La tournée mondiale de Raoni est alors vue par les activistes comme une opportunité pour faire stopper le projet.
Mais à l’arrivée de la délégation à Paris, silence radio de Raoni sur le barrage. Christian Poirier, de l’ONG Amazon Watch qui milite pour l’arrêt du barrage, résume l’épisode : « Lorsque Raoni voyage avec Dutilleux en 2011, il est empêché (par Dutilleux, NDLR) de parler de Belo Monte lors de réunions avec des fonctionnaires français et des représentants d’entreprises. Nous avons compris qu’il s’agissait en fait de ne pas contrarier ou interférer avec les intérêts des entreprises françaises dans la construction de barrages, comme ceux d’Engie ou d’EDF. Nous soupçonnions que la motivation de Dutilleux était de ne pas contrarier ces intérêts afin de leur soutirer de l’argent. » Et Belo Monte, le quatrième plus grand barrage au monde, verra finalement le jour cinq ans plus tard.
C’est le début d’une succession d’invectives et de réconciliations, amplifiées par le web, qui facilite les prises de parole – et les insultes – des deux côtés de l’Atlantique. Par exemple, en 2014, lorsque l’association Forêt vierge, dont Dutilleux est alors vice-président, dépose la marque de cosmétiques et produits de beauté « Raoni » en France, sans le consentement de ce dernier. Ou en 2017, quand Raoni et son neveu invectivent Dutilleux à coups de vidéos YouTube, dénonçant le projet d’un nouveau documentaire produit sans leur consentement. Ils lui interdisent de revenir et d’utiliser les images qu’il a prises « illégalement ».
Mais un an plus tard, Dutilleux est de retour dans le village kayapo pour signer un nouveau projet… « Ces revirements peuvent sembler un peu difficiles à comprendre vu de l’extérieur », admet Fiona Watson, directrice du plaidoyer à Survival International qui travaille avec les Kayapos depuis une trentaine d’années. « Dès le départ, l’affaire était mal partie. Le problème, c’est que personne ne devrait collecter de l’argent pour sauvegarder des territoires, car le gouvernement brésilien a l’obligation constitutionnelle de le faire. Et si l’on commence à collecter des fonds pour une tribu ou un peuple indigène, où se situe la limite ? Où s’arrêter ? C’est donc un précédent très dangereux. »
Tombée de rideau ?
En 2019, le duo entame un « ultime » périple pour la promotion du livre Raoni, le dernier voyage. Qui sera suivi d’une « der des ders » en 2023 (la fameuse montée des marches à Cannes pour la promo du dernier film). Un de nos interlocuteurs, qui souhaite rester anonyme, a pu visionner ce film, principalement composé d’archives. « L’histoire tourne plus autour de Dutilleux que de Raoni lui-même. Vu de l’extérieur, ça ressemble à une tentative d’autoréhabilitation. » Raoni n’a pas assisté à la projection cannoise et nous dit ne jamais avoir vu ce documentaire.
« Raoni a été manipulé par un tout petit groupe d’Indiens corrompus et par certains individus qui veulent s’emparer de cette belle cause à leur profit et se débarrasser de moi qui en sais trop, nous écrit Dutilleux. Lorsqu’il l’a compris, Raoni s’est rétracté et, depuis, notre amitié est revenue au beau fixe. »
Le réalisateur nous a même envoyé une lettre datée d’avril 2024 et signée par Raoni. Écrite en portugais, à la première personne, cette lettre atteste que le film (de 1977) et ses droits d’auteur ont été donnés à l’Institut Raoni. Le chef kayapo y dit également avoir regardé « plus d’une fois » le dernier film de Kritako, ce qui lui a fait « revivre avec joie ces voyages à travers le monde ».
Étrange… Si le vieux chef kayapo parle bien portugais, il ne sait ni lire ni écrire. Les mots de Raoni ont souvent été mal traduits, voire instrumentalisés – est-ce encore le cas ici ? L’anthropologue Patrick Menget, grand spécialiste de la région du Xingu (aujourd’hui décédé), rappelait dans Le Monde en 2019 que « les traductions de Raoni par Dutilleux, à l’époque de la tournée, étaient grotesques ! Il parlait très mal portugais et prétendait parler kayapo. Tout le monde sentait qu’il frimait ».
Avec ou sans Dutilleux, la parole de Raoni reste, aujourd’hui, une des rares à porter hors des frontières du Brésil. Et après des décennies de combat pour la sauvegarde de la forêt, le vieux chef continue inlassablement de parcourir le monde. Il prévoit une nouvelle étape en Europe d’ici à l’automne. Entre-temps, il a reçu, en mars 2024, la Légion d’honneur des mains du président français, dans une cérémonie médiatique au cœur de la forêt brésilienne. Dutilleux, qui avait été l’entremetteur avec tous les présidents français depuis Mitterrand, était absent. Jusqu’à la prochaine tournée ?
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Nous utilisons ici et dans le titre le terme impropre d’« indien » en écho au vocabulaire empreint de colonialisme de l’époque.
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Bredael demandera à Raoni de réagir à des images du dernier tome du Marsupilami (qui se passe dans la forêt de Palombie…).
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Compilées sur le site amazonia-leaks.org.
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