Le poids des seins
Textes et photos (CC BY-NC-ND) : Laura Collard & Philomène Raxhon
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400 grammes. L’équivalent d’un pamplemousse. C’est le poids minimum qu’il faut retirer à chaque sein pour qu’une opération de réduction mammaire soit remboursée en Belgique. Un critère lourd, qui renvoie de nombreuses patientes dans la catégorie « chirurgie esthétique ».
Dans sa chambre d’enfant, en région liégeoise, Sarah, 25 ans, ausculte sa poitrine dans le miroir de la penderie, étire son téton pour révéler la cicatrice blanche qui l’entoure. À l’adolescence, ses seins sont apparus très vite, atteignant un bonnet C sans passer par la case A ou B. Dans les vestiaires de gym, elle observe ses camarades en petites brassières de sport, se compare. Sa maman, Béatrice, 56 ans, la regarde et se souvient de sa propre expérience : « À 12 ans, en 6e primaire, j’étais une des seules à avoir des seins qui poussaient et, en secondaire, j’étais toujours celle qui en avait le plus. » Mère et fille ont toutes deux eu recours à une opération de réduction mammaire, à 15 ans d’intervalle, pour diminuer ces seins qui prenaient toute la place.
En Belgique, entre 2012 et 2022, 3 680 réductions mammaires ont été prises en charge par l’Institut national d’assurance maladie invalidité (INAMI) par an en moyenne. Un chiffre bien loin derrière celui de l’augmentation mammaire. En 2023, plus de 14 000 augmentations mammaires ont été pratiquées en Belgique, selon le rapport annuel de l’International Society of Aesthetic Plastic Surgery (IPSAS). Les seins bombés sont encore et toujours le standard de beauté, que les influenceuses contribuent à normaliser sur les réseaux sociaux.
En comparaison, personne ne parle de la réduction mammaire. …