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Pour uniques montagnes

Quand Médor indague sur un détail-farce du quotidien

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Cléo Totti. The Moon, 2017.

Faire de l’escalade au Plat Pays, ce n’était pas gagné. Les grimpeurs belges, pas vite découragés, ont inventé la salle de grimpe. Enquêteke historique.

Le 17 février 1934, Sa Majesté Albert Ier périt de manière tant tragique que mystérieuse alors qu’Elle escalade en solitaire la Roche du Bon Dieu, à Marche-les-Dames. Elle laisse derrière elle des sujets traumatisés, certes, mais pas assez pour qu’ils abandonnent l’ascension verticale. Sauf que, pour trouver des falaises à arpenter, il n’y a pas trente-six solutions : ils doivent faire la navette vers les vallées de la Meuse ou de la Sambre. Du moins jusqu’à ce que s’ouvre à Bruxelles, en 1987, la première salle d’escalade commerciale au monde.

« Terres neuves » voit le jour dans une ancienne fabrique de chaussures bruxelloise, à la suite d’une soirée où les grimpeurs Isabelle Dorsimond et Marc Bott rencontrent le grimpeur et entrepreneur Pierre D’Haenens. Celui-ci a mis au point en 1986 un prototype de panneau multiperforé, auquel il fixe des prises en résine « faites maison ». Autrefois de brique et de béton, ces nouvelles prises amovi-bles permettent de moduler les voies à l’infini. C’est aujourd’hui la norme dans le monde entier.

Vertus de la drache

« On n’a rien inventé, on a pris ce qui existait déjà et on l’a mis à l’intérieur », assure la grimpeuse Isabelle Dorsimond, star dans la discipline, à propos des salles intérieu-res. Les sceptiques leur rétorquent à l’époque qu’il est fou de faire payer les gens pour pratiquer un sport d’extérieur à l’intérieur. Que nenni, le phénomène s’empare de la Belgique. Dès 1994, le pays compte une vingtaine de salles. Entre 2017 et 2019, près de dix salles commerciales auront été ouvertes ou rénovées rien qu’à Bruxelles et en Wallonie. Et c’est compter sans les centaines de murs d’escalade répartis entre écoles et centres sportifs.

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Cléo Totti. The Yellow Foot, 2017

« Quand il est mouillé, le rocher est impraticable. » Selon Isabelle Dorsimond, c’est la raison pour laquelle l’escalade en salle s’est développée plus tôt chez nous qu’ailleurs. Entre quatre murs, la pratique évolue et s’ouvre à la compétition. Inventer un sport offre l’avantage d’avoir une longueur d’avance lors des championnats internationaux. Dès la première Coupe du monde d’escalade, en 1989, Isabelle Dorsimond décro-che ainsi une première place en catégorie « vitesse » et, en 2016, c’est un autre Belge, Simon Lorenzi, qui remporte le titre de champion mondial junior en catégorie « difficulté ». L’escalade fera sa grande entrée aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020 et « l’équipe nationale devrait avoir de bonnes chances de se démarquer », pronostique Marie Pierret, responsable communication du Club alpin belge. Seule ombre au tableau, la Slovène Janja Garnbret, qu’on surnomme « celle qui ne tombe jamais », sera de la partie. Tremble, Albert.

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