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Le virus de la métaphore

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Nina Cosco. CC BY-NC-ND.

« Le cancer est une lutte » ; « on dort pour recharger ses batteries » ; « Lukaku est un tueur. » Tous les huit mots, nous utilisons une expression imagée. Souvent innocentes, ces tournures peuvent aussi s’avérer dangereuses. En néerlandais comme en français !

L’époque n’est pas au pacifisme. Je ne parle pas ici des victimes et des tireurs en embuscade en Syrie ou au Soudan du Sud, mais de vous et moi, et de ce qui se joue dans nos têtes et entre nos lèvres. Qu’un ministre de la Défense ait à se défendre n’est pas nécessairement étrange après une « offensive » de l’opposition. Mais le football aussi est devenu une guerre : « Lukaku est un tueur », et nous en sommes fiers, puisqu’il est indéboulonnable dans la ligne d’attaque des Diables rouges. La guerre qu’il livre est bien différente de celle menée contre la drogue. L’amour aussi est une lutte. Tantôt les partenaires « scel­lent un pacte » (à l’origine une alliance militaro-politique), tantôt ils se querellent et « tirent à boulets rouges » pour s’attein­­­­dre l’un l’autre. Mieux vaut alors éviter les sujets sensibles, sous peine de se retrouver « en terrain miné ». Quant à l’adultère, c’est la « bombe à retardement ».

Examinez notre parler à la loupe, et vous douterez vite de la bonté de l’homme. D’où nous vient tant de pugnacité ? Pourquoi tous ces termes guerriers sont-ils ancrés si profondément dans notre vocabulaire ?

Nous employons en moyenne une métaphore tous les huit mots, souvent sans en être conscients. Nous ne les identifions presque plus. Pourtant, les linguistes le disent à l’unisson : les métaphores façonnent notre pensée et orientent notre comportement.

En ce moment, Ikea mène une campagne qui expose la façon dont …

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