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La longue route des personnes séropositives contre les discriminations
Les discriminations. Épisode 2.
En 2008, une infirmière finlandaise, « remerciée » par son hôpital parce que séropositive, remportait une action en justice contre son pays pour non-respect de la vie privée. En 2017, une Belge l’emportait contre la compagnie Cardif qui lui refusait une assurance solde restant dû, parce que séropositive. Deux rares exceptions qui confirment une règle injustement tenace : les discriminations se perpétuent pour les personnes séropositives ou malades du sida. Charlotte Pezeril, ULB : « Les conséquences de la moindre fuite d’information peuvent être très rudes dans le monde du travail, par exemple, découlant sur des licenciements ou des blocages de carrière. »
Cet article s’insère dans l’un des volets de notre grande enquête participative sur l’hypersurveillance à la belge.

Elle s’appelle « I » comme infirmière. Elle a 27 ans au moment d’être testée positive au virus du sida, le VIH, en 1987. Elle est Finlandaise et travaille dans l’hôpital où sa séropositivité a été détectée. Dans la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (qui ferait bien d’adapter son nom), son identité a bien entendu été occultée. Sans qu’on sache au juste ce que cette femme, cette infirmière, allait devenir, ni si elle entendait se transformer en icône de la lutte contre les discriminations liées à la santé, « I » a commencé à souffrir en 1992. En silence.
À l’époque, le sida devient pourtant la cause de mortalité n°3 au monde. Dans l’hôpital public où elle enchaîne les contrats à durée déterminée, elle devient une habituée du service des maladies infectieuses, où on la teste tous les six mois. Le suivi classique. Mais ça murmure dans son dos. Entre collègues, on peut être chiens et chats… « I » finit par être « remerciée » par la direction, aussi cinglante qu’une porte à tourniquets.
Des données trop faciles d’accès
Licenciement abusif ? À partir de 1994, l’infirmière finlandaise engage une action judiciaire qui va durer près de quinze ans. Elle perd dans son pays, où le lien entre le VIH et la perte d’emploi ne convainc pas. Puis « I » l’emporte contre la Finlande, à …