2min

Gaston, stop ou encore ?

Dans notre numéro de juin (Médor 31, à paraître le 2 juin), nous consacrons une grande enquête aux dix dernières années de la vie d’André Franquin. Une période pendant laquelle une bonne partie de ses droits ont été cédés à divers hommes d’affaires et des sociétés dans des circonstances souvent obscures. Cette semaine, un tribunal d’arbitrage bruxellois a rendu une décision dans un conflit qui oppose son ayant-droit moral, Isabelle Franquin (sa fille) et les éditions Dupuis, qui veulent reprendre Gaston Lagaffe en BD. Le tribunal autorise de nouveaux albums de Gaston, mais accorde à Isabelle Franquin un droit de regard. Franquin ne souhaitait pourtant pas que son personnage phare soit repris.

franquin sterpin 2(1)
Emmanuelle Sterpin. Tous droits réservés

C’était il y a plus d’un an : en mars 2022, les éditions Dupuis annonçaient pendant le festival d’Angoulême la reprise de « Gaston Lagaffe » par le Québécois Delaf, et la sortie, en octobre, d’un nouvel album tiré à plus d’un million d’exemplaires. Depuis, plus rien : Isabelle Franquin a d’abord obtenu du tribunal de 1re instance de Bruxelles la suspension, urgente et provisoire, de toute prépublication, promotion ou diffusion des nouveaux gags de Gaston (en vertu, entre autres, de la défense de son droit moral, incessible et valable pendant 70 ans à partir du décès de l’auteur, dans le droit belge). Elle a ensuite introduit une procédure d’arbitrage pour obtenir l’interdiction pure et simple de cette reprise, avec un argument crucial : l’auteur ne voulait pas d’une reprise de Gaston.

Cette décision arbitrale est tombée ce mardi 30 mai : l’arbitre désigné, l’avocat Jean-Ferdinand Puyraimond, a décidé «  que Dupuis et Dargaud-Lombard sont autorisées à faire de nouveaux albums de Gaston », mais aussi que ceux-ci «  n’ont pas le droit de faire réaliser ces nouvelles aventures par « n’importe quel » dessinateur/auteur de leur choix. Isabelle Franquin dispose du droit d’émettre des objections quant à ce choix pour des motifs éthiques ou artistiques. Idem quant au contenu de ces nouvelles BD ».

Autrement dit : balle au centre. Les avocats d’Isabelle Franquin, qui doivent s’exprimer ce mercredi 31 mai après-midi, estiment déjà que « l’arbitre en conclut que le projet de Gaston par Delaf n’a pas été approuvé par Isabelle Franquin et qu’elle est toujours en droit de faire valoir ses observations sous l’angle éthique ou artistique ». Des observations qui devront être motivées, et que les éditions Dupuis se préparent d’ores et déjà à réfuter : dès ce mercredi matin, Dupuis sortait un communiqué annonçant la sortie prochaine de l’album de Delaf…

L’histoire semble donc encore loin d’être finie. Et ramène sans cesse à ce fameux contrat de cession de droits signé par Franquin pour Marsu Productions en 1992. Un contrat et une vente de ses droits qui sont au centre de notre grande enquête sur les dernières années d’André Franquin.

« Franquin, contrats et dégâts » est à lire dans le Médor 31, disponible sur abonnement ou, dès le 2 juin dans toute bonne librairie ! Foncez.

M31mockup copie
Tags

Dernière mise à jour

Un journalisme exigeant peut améliorer notre société. Voulez‑vous rejoindre notre projet ?

La communauté Médor, c’est déjà 3451 abonnés et 1878 coopérateurs

Vous avez une question sur cet article ? Une idée pour aller plus loin ?

ou écrivez à pilotes@medor.coop

Médor ne vous traque pas à travers ses cookies. Il n’en utilise que 3 maximum pour la sécurité et la navigation.
En savoir plus