Premières impressions à Huy

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Olivier Bailly. CC BY-NC-ND.

L’équipe du Médor Tour a visité HUY pendant deux jours en septembre 2019. Elle livre un condensé hautement subjectif de ses premières impressions. Cette ville duale cherche un projet pour relier gauche et droite, politiques et citoyens. Aidez-nous à le trouver !

Le fil est coupé. Le téléphérique ne relie plus rien. Ni le haut ni le bas. Ni la rive gauche, ni la rive droite. Hutoises et Hutois, mais où est la mixité sociale dans la ville ?

Parce que nous l’avons ressentie duale.


D’un côté, un centre commercial désuet, abandonné par les clients et les commerçants. De l’autre, un patrimoine historique prisonnier de ses échafaudages depuis des dizaines d’années… La collégiale et les tours de Batta se font face, mais s’ignorent. De jour, la ville est surtout jeune et se peuple d’environ 40 000 personnes. De nuit, il en reste la moitié : ses habitants. Les jeunes étudient à Huy, mais n’y vivent pas.

Huy a toujours eu une image de ville bourgeoise. Et elle veut plus que tout la conserver. Alors elle cache. Elle ferme les yeux. Et laisse les contrastes s’amplifier.

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Olivier Bailly. CC BY-NC-ND


À gauche, on y voit des jeunes qui trinquent, étudiant à deux pour une chaise, les vols, le centre commercial en discount permanent, des maisons qui se murent dans le silence, des commerces qui s’évaporent le long d’une rue - éventrée par un trou béant -, qui monte jusqu’au New Exotica de « mamy ». Et quand même la gare. Et les tox.

À droite, c’est le charme des ruelles historiques, ce sont les services sociaux à deux pas de la Grand Place (mais pourquoi ne s’installent-ils pas plus proches de leurs publics ?), la Grand place donc, des jolis pavés pour de jolies boutiques. Et des jeunes qui trinquent à la santé des uns et des autres.

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Olivier Bailly. CC BY-NC-ND

À droite, la deuxième plus grande foire de Wallonie. À gauche, aux abords du port de Statte, la foire à 1euro…

Parfois, la ville fait bloc. Après la découverte du corps de Valentin Vermeesch, c’est l’ensemble de la ville qui se réveille « groggy ». « Le procès Valentin, c’est une plongée dans un monde d’oubliés » écrivait le quotidien Le Soir au moment du procès aux Assises. À Huy, les acteurs sociaux s’avouent « choqués, mais pas étonnés », tout en avouant avoir bien du mal à toucher et à appréhender ce public si loin d’eux. « On ne peut pas les obliger, hein ! »

Aujourd’hui, 22 % des Hutois n’ont pas d’emploi. La croissance de la pauvreté infantile préoccupe les écoles de devoirs. Les squats se multiplient. Des pharmacies deviennent des « comptoirs d’échange » pour tox (avec le discret soutien du collège). Aujourd’hui, rares sont les personnes qui fréquentent encore la rue Entre deux portes, jadis rue commerciale principale. Même sur la rive droite, on déconseille d’aller se promener le soir dans le quartier de Sainte-Catherine, situé à 500 mètres de la Grand Place.


Et pourtant, aujourd’hui, on continue de dire que Huy est une ville sûre, qu’on ne s’y sent jamais en danger. Et c’est vrai. Et la ville est belle. « Ca, vous allez le dire, qu’elle est belle ? » C’est fait, et c’est vrai aussi.

Hutoises et Hutois, comment relier les deux rives ?

Huy, ville des événements qui rayonnent. 15 août. Tour de France. Flèche Wallonne. Rallye du Condroz. Son marché de Noël et ses deux patinoires. Huy aime voir grand. « Plus belle la ville » avance le slogan. Mais la gueule de bois n’est jamais loin, une fois les festivités terminées. L’après-nucléaire, les matins de rentrées scolaires, les embouteillages quotidiens rappellent les problèmes du lendemain.


Huy, c’est la ville des fantômes et des missives anonymes. Un journal qui dézingue et rase gratuit. Des élus qui découvrent dans leur courrier des messages diffamatoires tirant sur Roba. Le politique rame à écrire la nouvelle histoire de Huy. Parce qu’« Anne-Marie » est partout, Collignon nulle part. Ou alors à Namur.

Mais qui aide la ville ?

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Cette ville où son patrimoine vaut 1 euro, où les jeunes débarquent au Planning familial sans fard pour demander l’avortement, pour mettre en lumière leur mal-être. Cette ville où les fêtes culturelles s’enchaînent, tantôt pour les habitants, tantôt pour les riverains. Cette commune avec 10 % d’Albanophones trop heureux de rester entre eux. « Nous on connaissait Anne-Marie, mais on ne savait pas où était Huy ».


Une dernière question, Hutois, Hutoise, vous avez trois parcs, plutôt des pelouses nous dit-on. Même l’herbe hésite à grandir ici. À part le petit toboggan proche de la piscine, c’est pour bientôt ton parc pour se poser, ta plaine de jeux pour s’amuser, ta piste de skate pour s’éclater ? Ou on attend les soldes ?

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Olivier Bailly. CC BY-NC-ND
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