Capitale des canins canons
Enquête (CC BY-NC-ND) : Boris Krywicki
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Et si on vous disait qu’en face du beffroi de la petite ville de Thuin, un organisme régit des compétitions dans le monde entier ? Rangez vos haltères, on parle de concours de beauté… canins. Bienvenue à Thuin, capitale du chien.
À l’entrée du patelin : « Thuin, capitale du chien ». Sérieux ? Expliquez-nous comment la Fédération cynologique internationale (FCI), rassemblant 92 pays membres, a atterri à Thuin, 15 000 habitants ? « Au départ, les bureaux se trouvaient à Bruxelles, explique Yves De Clercq, directeur exécutif. Ils se confondaient alors avec ceux de la Société royale Saint-Hubert » qui délivre au niveau belge les pedigrees aux chiens de race. La FCI, elle, gère et organise les compétitions qu’elle reconnaît comme officielles. Dans les années 1960, Charles Gendebien, alors secrétaire général, la déménage à Thuin, en Hainaut, où il a exercé comme bourgmestre avant l’actuel maïeur, l’ex-ministre Paul Furlan.
Depuis, des titres de beauté sont envoyés aux beaux gosses quadrupèdes du monde entier en provenance de la petite ville, devenue « capitale mondiale du chien » en 2010. Concrètement, si un caniche sexy de Los Angeles remporte le gros lot, sa performance est encodée dans les bureaux thudinois, qui lui envoient par voie postale un splendide diplôme à l’effigie de ses semblables. La FCI compte 8 500 éleveurs, éparpillés sur la planète, avec qui elle partage une volonté de « promouvoir l’utilisation des chiens de race », dixit les statuts de l’asbl.
Portorithuin
Voilà l’un des intérêts des fameux concours de beauté : constituer une vitrine épinglant quelle espèce est recommandée pour l’élevage. « Il n’y a pas d’argent en jeu, on paie même 50 euros par participant », raconte Boris Wiesen, exposant canin belge confirmé. Si de nombreuses compétitions ont lieu chaque week-end, il ne se rend qu’à celles reconnues par la FCI, auxquelles il faut triompher par quatre fois dans trois pays distincts pour obtenir le Graal : faire de son chien un vrai canon et obtenir le Certificat international de beauté. Mais tout se fait à distance : « Je n’ai jamais mis les pieds à Thuin en dix-huit ans de pratique », poursuit Boris. D’ailleurs, Rafael De Santiago, président de la Fédération, vit lui-même à l’étranger – à San Juan, capitale de Porto Rico, d’après les comptes annuels. « Il vient quatre fois par an, pour des réunions », assure Yves De Clercq, qui vit à Thuin et y gère l’administratif au quotidien aux côtés d’une équipe de 13 personnes. Si le rayonnement de la Fédération est assuré dans le cercle des cynophiles, elle aspire à toucher d’autres publics que ceux de niche, à commencer par les Thudinois. Du coup, même l’office du tourisme a son toutou. On suppose que ce n’est pas un bâtard.