Jan De Nul. Le roi des dragueurs
Enquête (CC BY-NC-ND) : Quentin Noirfalisse
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Le groupe flamand Jan De Nul drague mers et voies d’eau à toute berzingue. À la clé, des contrats qui se chiffrent en centaines de millions. Sous le vernis de la réussite apparaissent des risques environnementaux d’envergure, des familles évincées de leurs terres en Égypte, une marée noire en République du Congo et des chantiers polémiques aux Philippines et en Russie. Chez nous, dit le boss, « c’est pas le Club Med ».
On dit de Jan Pieter De Nul, l’un des hommes d’affaires les plus riches du pays, qu’il cultive 80 sortes de tomates dans son jardin près d’Alost, en Flandre-Orientale, aime les dessins de Reiser et peut disserter sur les algues de la mer Méditerranée. Un joli chapelet de hobbies bien vite évaporés par sa plus grande passion : le travail. Au boulot, on ne l’appelle pas Monsieur De Nul. Son surnom, c’est « Japie ».
Japie, qui frise la septantaine, n’a pas que le sort de ses tomates entre les mains, mais aussi celui d’un mastodonte industriel flamand, le Jan De Nul Group, numéro deux mondial du dragage, actif aussi dans le génie civil et maritime. Un coup d’œil à la deuxième page du rapport annuel 2016 étale l’ampleur de la « bête » : plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, pour la sixième année consécutive, 7 370 employés, 343 projets dans 54 pays. Cette entreprise, restée entièrement familiale, puise ses racines dans une menuiserie d’Alost. En 1938, Jan Frans Jozef De Nul, le père de Japie, lance sa propre société de génie civil. Sans expérience dans le domaine, il remporte un appel d’offres pour draguer du sable afin de construire l’autoroute E40, en 1951, au niveau de Jabbeke.
En 1968, Jan De Nul achète le navire Sanderus pour un premier contrat international, au Havre. À cette époque, il existe près d’une trentaine d’entreprises de dragage en Europe. Elles s’occupent surtout d’aménager, d’entretenir et d’élargir au besoin les …