
Deux sociétés belges sont championnes de l’« importation parallèle » de médicaments. L’intérêt direct pour le patient ? Selon les experts, aucun. Huit fois sur dix, ces médocs sont aussi chers que les originaux. Ce business discret coûterait de 10 à 15 millions d’euros annuels à la Sécu. Et en « grattant » plus loin, vous découvrirez l’autre face de la pilule…
Ouvre l’armoire. Saisis ta pharmacie. Prends un médicament au hasard. Ouvre la boîte, sors une plaquette. Retourne-la. Tu vois cette feuille d’aluminium argentée, y a-t-il une deuxième couche collée sur la première ? Oui. Alors, gratte-la délicatement. Avec une pièce de monnaie, avec un petit couteau. Et apparaît alors un autre nom que celui indiqué sur la boîte. Tu croyais acheter du « Diovane » ? Tu as acheté du « Valsartan Sandoz ». Tu croyais acheter un médicament original ? Raté. Tu as acheté une marque générique. Et cela fait (au moins) cinq ans que cela dure.
En juin dernier, Thomas De Rijdt, à la tête du département de pharmacologie de la KULeuven, président de l’Association belge des pharmaciens d’hôpitaux, a fait ce même test. Il a publié sur Twitter des photos de médicaments au blister gratté, découvrant un autre nom que celui du médicament dit « princeps » (l’original). Il interpelle alors l’EMA (l’Agence européenne des médicaments) et la ministre belge de la Santé Maggie De Block. Avec les hashtags #traceability, #FMD (pour Falsified Medicines Directive, NDLR), #patientsafety et cette phrase : « L’impression qu’on a laissé la porte arrière ouverte. Qui explique ? »
Allons-y…
Ces médicaments nous viennent d’Europe. De Tchéquie, Pologne, France, Roumanie, Espagne, Irlande, Slovénie, etc., via deux sociétés belges : PI Pharma et Impexeco. Au nom du libre marché, elles achètent des médicaments à un grossiste intermédiaire dans un pays d’Europe, les réemballent via des sociétés en France, en Irlande, en …