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Stéphane Moreau : « Tu vas te taire ? ! C’est moi qui parle ! »

Syndicats, justice, médias : Il dégomme à tout va

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Colin Delfosse. CC BY-SA.

À la tête d’un empire économique et financier, le discret patron de Nethys (Voo, L’Avenir, BeTV…) et du fonds de pension Ogeo Fund est l’un des hommes les plus puissants du PS. Présumé innocent, il est poursuivi pour « détournement » et « escroquerie » dans deux dossiers judiciaires distincts. Entre minitrip à Abu Dhabi aux frais de la princesse, attaques antisyndicales, dégommage d’un juge d’instruction, pressions et boycotts publicitaires dans les médias, Médor explore la face cachée de Stéphane Moreau.

LA GRANDE BOUFFE DES MÉDIAS

Jeudi 21 juillet 2016, Saint-Tropez. À l’heure de l’apéro, lorsque les yachts confluent vers le Vieux Port, une autre transhumance, moins tape-à-l’œil, se met doucement en branle : une septantaine de per­sonnes convergent vers La Bouillabaisse, un restaurant et sa plage privée qui prétendent offrir « une des plus belles vues sur le village tropézien les pieds dans l’eau ». Elles vont y célébrer un serment, prêté 185 ans plus tôt par un certain Léopold de Saxe-Cobourg…

C’est la Fête des Belges, organisée cette année par les millionnaires liégeois Paul-François Vranken (numéro deux mondial du champagne) et André Dupont (qui a fait fortune dans le textile en Turquie). L’empereur du plâtre, Lothar Knauf, et le roi de l’immobilier principautaire, Georges Moury, figurent parmi les convives. Au menu, pour 80 euros hors vins : coupe de champagne (Vranken, bien sûr) ; pomme de terre Roseval à la truffe d’été ; croustillant de daurade royale, crème d’artichauts, beurre blanc, tomate basilic ; et cheese-cake au citron vert et fruits rouges.

Stéphane Moreau, 52 ans, puissant patron de Nethys (ex-Tecteo) et bourgmestre PS d’Ans, est assis à la table de Luciano D’Onofrio, l’ancien homme fort du Standard de Liège qui a payé, un an plus tôt, une « transaction pénale » de plus d’un million et demi d’euros pour éviter un procès pour blanchiment d’argent. À leurs côtés, un troisième personnage les éclipse : l’homme d’affaires français Bernard Tapie. C’est Luciano D’Onofrio qui a joué les entremetteurs entre Stéphane Moreau et son vieil ami « Nanard ». Proche du PS liégeois et intime de feu Michel Daerden – le mentor politique de Moreau –, D’Onofrio connaît Tapie depuis un quart de siècle. Ce dernier considère d’ailleurs D’Onofrio comme son « meilleur pote ».

À l’automne 2015 et à la surprise générale, Nethys a investi 5,2 millions d’euros pour acquérir 11 % du groupe de presse La Provence/Corse Matin contrôlé par Tapie. En mai 2016, Nethys a injecté 12 millions pour obtenir 20 % d’un autre groupe de presse du sud de la France : Nice-Matin/ Var-Matin/Monaco-Matin. Un groupe que Tapie, encore lui, avait contribué à sauver de la faillite en lui prêtant 8 millions en 2014. D’après les accords signés, Nethys pourrait monter à 49 % dans le groupe La Provence et à 51 % dans Nice-Matin.

Argent public

En observant ce trio franco-belge, les invités présents à La Bouillabaisse commen­cent à saisir les raisons de ces rachats exotiques. La société wallonne Nethys serait ainsi devenue, via D’Onofrio, la « ban­que d’affaires » de Bernard Tapie, qui est désormais ruiné. Ça semble se confirmer : l’entrée de Nethys dans ces deux groupes de presse aurait pour objectif d’empêcher que les journaux de Tapie ne tombent dans l’escarcelle de ses adversaires politiques, comme l’avait déjà affirmé Le Canard Enchaîné concernant le groupe La Provence en janvier 2016.

De l’argent public wallon investi dans la presse régionale du sud de la France, ça en interpelle plus d’un. Nethys appartient en effet à 100 % à l’intercommunale Publifin (ex-Tecteo), un holding financier public liégeois qui s’est développé sur les bases de l’Association liégeoise d’électricité (ALE) fondée en 1923. Stéphane Moreau en a pris les rênes en 2005 pour la transformer, avec brio et dans un climat social difficile, en un puissant groupe industriel diversifié dans l’énergie (Resa, Elicio…), les télécoms (Voo, Win…), les médias (BeTV, L’Avenir, Moustique…) et depuis peu l’assurance (Intégrale). L’empire Publifin, en 2015, c’est 759 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé et 2 600 collaborateurs. Le tout aux mains, essentiellement, de la Province de Liège (61,09 %), de 75 communes wallonnes et une flamande (38,4 %) et de la Région wallonne (0,4 %).

Pour opérer cette mutation, forcée par la libéralisation de l’énergie et des télécoms, Stéphane Moreau s’est très bien entouré en débauchant cadres de haut niveau, consultants et stratèges. C’était ça ou vendre le réseau de câblodistribution wallon au télédistributeur flamand Telenet. Une option totalement incompatible avec l’ADN liégeois au sein duquel l’« initiative industrielle publique » est profondément ancrée. « Dans une économie mondialisée, libéralisée, si on n’a pas conservé des leviers, on est morts, résumait il y a quelques années le bourgmestre de Liège Willy Demeyer à nos confrères du Vif/L’Express. C’était ça la vision d’André Cools. Au PS liégeois on se bat pour ça : garder des leviers, garder un pouvoir de décision à Liège. Toute l’histoire de Tecteo, ce n’est que ça. »

Et ces leviers aux mains du PS sont évidemment synonymes d’emplois. Des emplois très recherchés dans une province où le taux de chômage atteint 12,1 % et où au moins 5 422 personnes ont été exclues du chômage depuis janvier 2015.

Des médias pour quoi faire ?

La stratégie de Stéphane Moreau en matière d’acquisition de médias – en Belgi­que comme en France – reste difficile à décoder. Pour autant qu’elle existe… « Après le rachat de L’Avenir en 2013, j’ai demandé à deux reprises que Pol Heyse [bras droit de Moreau chez Nethys et président des Éditions de l’Avenir, NDLR] vienne présenter au conseil d’entreprise le projet et la stratégie de Nethys pour le journal, rapporte le journaliste Philippe Leruth, un des piliers du quotidien. Il n’est jamais venu. On n’a même jamais reçu le moindre accusé de réception ! À l’époque, il était question de “convergences” : les contenus journalistiques originaux produits par L’Avenir allaient alimenter les “tuyaux” de Voo. Trois ans plus tard, le bilan est plus que mitigé : une discrète application L’Avenir est bien disponible sur la box Évasion lancée en juillet 2015, mais c’est tout… »

« Et dans le sud de la France, enchaîne Michel Hermans, professeur de sciences politiques à HEC-École de gestion de l’Université de Liège, Nethys ne possède aucun tuyau dans lequel injecter les contenus journalistiques des groupes La Provence et Nice-Matin. Contenus qui n’ont par ailleurs aucun intérêt pour la clientèle wallonne de Voo… »

LE CORBEAU ET LES CAMIONNETTES

Mardi 30 juin 2009, Romsée. Dans la banlieue est de Liège, des enquêteurs financiers de la police judiciaire fédérale débarquent au petit matin chez l’ancien chef comptable de Tecteo, Roland Monville. Son domicile est passé au peigne fin. Puis l’homme de chiffres est mis sur le gril. Le voilà au centre de la toute première perquisition de l’« affaire Tecteo ».

Son nom a été cité dans une lettre anonyme adressée neuf mois plus tôt, en octobre 2008, à la procureure du Roi de Liège d’alors, Danièle Reynders. Une missive entièrement à charge de Stéphane Moreau : abus de biens sociaux, marchés publics contournés, emplois fictifs, consultances suspectes, harcèlement moral, etc. Le corbeau évoque des « pratiques mafieuses » et le « pillage » de la société « sans aucune limite ». Il prête à Roland Monville les propos suivants : « Si la presse apprend ça, ça va péter, ce sera Charleroi 2. » Très vite – trop vite ? – une instruction pour abus de biens sociaux et entrave aux enchères publiques est ouverte afin de vérifier ces croassements anonymes. Depuis huit ans, cette affaire empoisonne la vie de Stéphane Moreau qui, soulignons-le, bénéficie de la présomption d’innocence.

Emploi fictif

Médor a pu prendre connaissance des déclarations de l’ancien chef comptable aux enquêteurs, et est en mesure de révéler les principaux éléments qui ont coûté à Stéphane Moreau une inculpation pour « détournement » en juin 2014. Face aux pandores, Roland Monville dément d’abord les propos qui lui sont attribués dans la lettre ainsi que l’essentiel des accusations. Mais il en confirme deux : l’existence d’un emploi fictif au moins chez Tecteo (une employée, Julie P., qui est « à la disposition du président André Gilles et travaille dans son cabinet de député provincial ») et la gestion douteuse, par Stéphane Moreau – qui le conteste –, du parc de véhicules utilitaires de l’intercommunale. Il s’agit essentiellement de camionnettes Volkswagen orange de modèles Transporter, T4 ou pick-up en « fin de carrière ». Elles auraient été « vendues » à des particuliers agissant pour le compte de candidats socialistes aux élections communales de 2006 et fédérales de 2007. Et utilisées par leurs colleurs d’affiches. Les véhicules n’auraient été déclassés qu’a posteriori et facturés aux acquéreurs des années plus tard, une fois la lettre du corbeau rendue publique.

« Quand Stéphane Moreau est arrivé, il a voulu que tout passe par lui, y compris la revente des véhicules de la société, explique Roland Monville aux enquêteurs. Des véhicules déclassés ont été enlevés par certaines personnes, sur directive de Stéphane Moreau ou d’un membre du bureau exécutif, sans qu’on nous dise à qui facturer les ven­tes de ces véhicules. » Chez Tecteo, on ne conteste pas ce dernier point. Mais on l’attribue à un double « hiatus administratif »  : l’emploi de consignes verbales plutôt que d’un formulaire papier, et l’oubli d’envoyer des factures de rappel…

Comptabilité douteuse

Dans un des classeurs saisis chez Monville, les enquêteurs ont pourtant découvert des listings et trois courriels qui confirment la version de l’ex-chef comptable. « Je n’ai toujours rien obtenu de M. Moreau pour la facturation des cinq véhicules à Seraing, et ne sais pas ce que je dois faire avec les trois ou quatre véhicules à Ans depuis deux ou trois ans… », s’étonne Monville dans un mail envoyé à Claude Hubin (directeur technique de Tecteo) en septembre 2007.

Quatre mois plus tard, il s’inquiète de la « légitimité de la comptabilité » dans un autre courriel adressé à Claude Hubin, Pol Heyse (directeur financier) et Carine Hougardy (alors directrice générale adjointe). Plusieurs véhicules continuent d’exister au niveau comptable alors qu’ils ont disparu dans la nature, et Roland Monville demande qu’une décision soit prise. En annexe de son mail, une liste de véhicules fantômes où une rubrique « commentaires » indique ce qui serait la destination réelle des véhicules. Six sont attribués à Stéphane Moreau, directeur général de Tecteo et premier échevin à Ans, et cinq autres à Alain Mathot, bourgmestre de Seraing.

Ces documents sont contestés par Stéphane Moreau : il s’agirait selon lui de faux commentaires ajoutés par l’ex-chef comptable sur de vraies listes de véhicules, afin de lui nuire. Pourquoi ? Mystère.

LA GRÈVE DES TRAVAILLEURS

Vendredi 11 septembre 2009, Ans. « Perturbation égale rapport disciplinaire. C’est bien clair ? Retenez bien. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter et je commence à en avoir vraiment marre ! […] Et retenez que j’ai une excellente mémoire visuelle. Une excellente mémoire visuelle ! » Il est 8 heures du matin. Perché au sommet d’un escalier métallique devant quelque 350 membres du personnel de Tecteo, Stéphane Moreau est excédé. Il menace de représailles les « perturbateurs » qui lui tiennent tête. « Et croyez bien que je n’ai peur de personne ! Je n’ai peur de personne ! », assène-t-il. Quel­ques jours plus tôt, quelqu’un l’a menacé anonymement de lui « mettre un couteau dans la panse ». La grève couve depuis plusieurs semaines. Les travailleurs s’opposent au « plan McKinsey », commandé par la direction, qui prévoit la fermeture de deux centres d’exploitation, le reclassement dans une filiale privée de 229 travailleurs et une série d’efforts financiers : passage de 36 à 38 heures de travail, réduction de 40 % de la prime barémique et évaluation annuelle des agents avec sanctions à la clé.

La scène, qui se passe dans le hangar à véhicules de Tecteo à Ans, a été filmée par un ouvrier. La vidéo a très vite été publiée sur YouTube, DailyMotion et Facebook. Des DVD ont été envoyés par la CGSP, syndicat socialiste des services publics, à des personnalités politiques liégeoises de tous bords. Objectif : montrer le vrai visage de Stéphane Moreau, mandataire socialiste, face à une mobilisation syndicale. Mais la vidéo n’est restée que six jours en ligne : le patron de Tecteo a personnellement menacé le vidéaste amateur de le poursuivre en justice et de lui réclamer un demi-million d’euros de dommages et intérêts pour « atteinte à son image ». Craignant pour son emploi, l’ouvrier s’est exécuté.

Au premier rang, Christine Planus, déléguée principale CGSP, s’indigne de ce « dialogue social » lapidaire. Stéphane Moreau réplique : « Ce n’est pas une réunion syndicale ! Le premier rapport disciplinaire, il va être pour toi si tu continues. […] Tu vas te taire ! » Le patron serine ensuite au personnel de l’intercommunale qu’il faut s’adapter à la libéralisation du marché de l’énergie : « Soit on s’adapte. Soit on disparaît. »

Le mandataire PS s’en prend alors au syndicat socialiste : « Je vous rappelle quand même que des délégués CGSP, je cite, sont venus me dire : “Vire les 230 contractuels et ne touche pas aux statutaires.” Alors s’il y en a ici qui sont contractuels, je vous conseillerais bien de créer un petit syndicat. Parce que vous n’êtes pas fort défendus… » La déléguée a beau protester, c’est Stéphane Moreau qui a le monopole du micro : « Mais oui, oui, oui, oui ! J’ai dix témoins !, poursuit-il. Et tu peux applaudir, j’ai dix témoins. J’ai dix témoins, et tu le sais. Et tu le sais. Et tu l’as dit ! Et tu me l’as dit ! Et tu auras la parole après, c’est moi qui parle ici ! » Le patron de Tecteo dézingue ensuite « le couple des Thénardier de la CGSP », formé par Christine Planus et son compagnon, délégué permanent FGTB siégeant au conseil d’entreprise de l’intercommunale.

Stéphane Moreau tente ensuite de « responsabiliser » les travailleurs. Et révèle sa vraie crainte, son enjeu personnel, d’où il tire l’essentiel de son pouvoir : « Les communes sont exsangues. Et on va annoncer cette année un dividende Tecteo zéro… On va foutre toutes les communes en déficit. Après Dexia, Tecteo. Zéro. » Le rapport annuel 2009 de l’intercommunale annoncera quelques mois plus tard un dividende global de 19,8 millions d’euros (contre 25 millions en 2008) : on est donc très loin du zéro annoncé pour mettre la pression sur le personnel.

Diviser pour régner

Pour Christine Planus, la syndicaliste, cet épisode marque le « baptême du feu social » de Stéphane Moreau, son premier grand conflit syndical à gérer. « Ses attaques contre la CGSP sont tombées à plat. Et sont à l’origine de la grève qui a démarré dix jours plus tard. » Elle durera deux semaines et aurait provoqué le départ de 2 000 clients pour une perte de 1,1 million d’euros, d’après La Libre Belgique. Ça fait cher le coup de gueule… Lors de cette grève, le patron multicasquette de Tecteo fera voter une ordonnance communale, en tant que bourgmestre d’Ans, qui interdit toute manifestation sur le territoire ansois, la distribution de tracts et les attroupements de plus de trois personnes revendiquant quel­que chose.

LE MINITRIP « PROFESSIONNEL »

Dimanche 13 novembre 2011, Abu Dhabi. Lewis Hamilton est le premier à franchir la ligne d’arrivée du magnifique circuit Yas Marina, sur Yas Island, une île artificielle au nord de la capitale des Émirats arabes unis. Le pilote britannique remporte le Grand Prix de Formule 1 d’Abu Dhabi devant Fernando Alonso et Jenson Button. La course a débuté en fin d’après-midi, sous une chaleur humide mais agréable de 26°C, et s’achève à la tombée de la nuit… Confortablement installés dans les loges VIP de la banque suisse UBS, qui sponsorise le Championnat du monde de F1, Stéphane Moreau, Marc Beyens et Alain Pal­mans savourent cette expérience unique.

Les deux premiers sont respectivement administrateur délégué et membre du comité de direction d’Ogeo Fund, le cinquième plus grand fonds de pension de Belgique. Le troisième homme, Alain Palmans, dirige depuis peu la Compagnie intercommunale liégeoise des Eaux (Cile), un important client d’Ogeo.

La filiale belge d’UBS fait alors prospérer une partie des actifs d’Ogeo, lequel pèse près d’un milliard d’euros. Et comme la banque sait dorloter ses key clients – les plus riches –, elle a invité le trio à vivre le Grand Prix en direct. Un pur voyage d’agrément programmé du jeudi 10 au lundi 14 novembre 2011, comme l’avait raconté Le Soir en mars 2013.

Le deal ? UBS prend tout en charge – frais d’hôtel, restaurants et toutes les dépenses sur place – sauf le voyage en avion. La banque l’a cependant préfinancé pour ses invités, à leur demande. Ils devront donc lui rembourser leurs trois billets d’avion en business class, soit un total de 10 375 euros. Un des deux directeurs d’UBS Belgium, Jean-Marc Legrand, accompagne les trois Liégeois. Pour détendre ses hôtes, il les invite à Ferrari World, un rutilant parc à thème avec montagnes russes au cœur même du circuit. Parc aquatique, parcours de golf, centre équestre et hôtels haut de gamme : on ne s’ennuie généralement pas sur Yas Island.

Mais voilà, afin de travestir ce séjour d’agrément privé en séminaire professionnel, Marc Beyens a demandé à la banque de réaliser un faux programme de travail. À la demande de Stéphane Moreau. C’est en tout cas ce qu’indiquent des enregistrements téléphoniques réalisés par UBS, dont Médor révèle la teneur. L’objectif de ce maquillage est simple : si le voyage privé devient « professionnel », il est normal qu’Ogeo prenne en charge les trois billets d’avion. On a beau gagner très bien sa vie, il y a certaines dépenses privées qu’on préfère « collectiviser » discrètement…

Aux frais de la princesse

Mercredi 18 mai 2011, Liège. Alors qu’un soleil estival inonde la Cité ardente, Marc Beyens, le bras droit de Stéphane Moreau chez Ogeo, est un brin contrarié. Depuis son lumineux bureau sis dans l’ancien couvent des Augustins, boulevard d’Avroy, il téléphone à « Jean-Philippe », le chargé de clientèle d’Ogeo au sein de la banque UBS à Bruxelles. Nous sommes six mois avant le voyage à Abu Dhabi, et Marc Beyens ne sait visiblement pas que la banque enregistre – légalement – toutes les conversations avec ses clients. Après diverses considérations, Beyens se lance, hésitant :

– « Euh… Donc… Abu Dhabi, c’est fin novembre…

Oui…

Euh… […] C’est une demande de Moreau qui touche un petit peu au niveau politique. Il a un problème si jamais un journaliste épingle le fait qu’on a dépensé de l’argent pour aller à Abu Dhabi pour voir un Grand Prix. […] Mais il est très chaud pour y aller, hein ! […] Il a peur qu’il y ait un journaliste de La Meuse qui dise : “Tiens, Monsieur Moreau, dans le cadre de ses mandats nombreux et variés, il va passer trois jours à Abu Dhabi aux frais de la princesse.”

Mmmm… Mmmm…

Bon. On est donc en train de faire du window-dressing [« travestir » la réalité pour améliorer la présentation comptable d’une entreprise, NDLR]… Première chose : est-ce que vous pouvez m’envoyer un petit programme en disant Abu Dhabi, y a le Grand Prix, mais, à la limite, j’m’en fous, je rencontre Pierre, Paul et Jacques, […] je m’en fous qu’on les rencontre ou non, […] c’est du window-dressing, hein ! hi hi !

Oui, oui, oui…

Bon ! Voilà ! Alors… Donc, il faut que : primo, on puisse… en tout cas sur un bout d’papier un peu officiel qui vient de chez vous, qu’on ait rencontré Pierre, Paul ou Jacques… […] ; secundo, si possible, donc, c’est vous qui prendriez en charge tous les billets d’avion… Et vous me les refacturez derrière. Je n’ai pas envie que ça soit moi qui les décaisse vis-à-vis de l’agence de voyages.

Mmmm… OK.

Pour Steph… C’est Stéphane Moreau qui insiste là-dessus […], il dit : “Si je suis invité complètement par un prestataire, alors là, ça va, quoi. C’est pas Ogeo, quoi”.

Mmmm…

On est dans de la vaste hypocrisie, mais bon… […] »

Cet enregistrement ruine la défense d’Ogeo, avancée par Marc Beyens, qui a répété au Soir en mars 2013 ce qu’il avait déclaré sur l’honneur à la justice un an plus tôt : « Je pensais qu’UBS allait prendre tout en charge mais en rentrant, on a appris que les billets d’avion nous seraient refacturés. »

Deux programmes, deux factures

Le « bout d’papier un peu officiel » demandé par le directeur d’Ogeo à UBS a été retrouvé lors de la perquisition de la banque, en avril 2012. Envoyé à Marc Beyens sur papier à en-tête, on y trouve des mentions ronflantes comme « Conférence avec notre chef économiste sur l’avenir de la zone euro et les perspectives d’investissement qui s’ensuivent ». Un programme différent de celui envoyé à Alain Palmans.

Les enquêteurs ont également mis la main sur deux versions de la facture d’UBS. La communication « Refacturation billets d’avion Grand Prix de Formule 1 d’Abu Dhabi » figurant sur un projet de facture a été modifiée, à la demande de Marc Beyens, en « Refacturation frais de séminaire (avion) », toujours pour légitimer la thèse du voyage professionnel. Fin février 2012, trois mois après qu’Ogeo a reçu cette facture d’UBS et après une vague de perquisitions, Marc Beyens fait finalement endosser les trois billets d’avion litigieux par sa propre société de management, Bema Conseil.

Chez UBS, cette affaire a eu des répercussions très concrètes. Le 13 janvier 2012, le chargé de clientèle qui gérait le dossier Ogeo, Jean-Philippe S., est congédié. Et le responsable du marketing, Patrick S., a reçu un blâme écrit et a été privé de la moitié de son bonus annuel. Mais surtout, UBS a mis unilatéralement fin à sa collaboration avec Ogeo. Et depuis, à la demande de l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA), Marc Beyens a été contraint de démissionner de la direction d’Ogeo en juin 2014. Il a retrouvé une place chez… Nethys et au conseil d’administration de Mithra.

LAS VEGAS ET LES MILLIONS

Samedi 29 juin 2013, Liège. Sous le titre « Mathot et Moreau s’en vont à Vegas », le quotidien Le Soir révèle que la justice s’intéresse, dans le cadre de l’enquête Tecteo, à de possibles abus de biens sociaux réalisés avec la carte de crédit de BeTV. De 2009 à 2011, BeTV, filiale de Tecteo, a en effet payé les voyages et séjours d’Alain Mathot (bourgmestre de Seraing) et Stéphane Moreau (patron de Tecteo) au salon Consumer Electronic Show de Las Vegas. Et ce, alors qu’aucun des deux hommes n’est administrateur ou salarié de BeTV. Ces séjours ont systématiquement été prolongés après la clôture du salon. Tecteo justifiera ces dépenses – plus de 23 000 euros – par le fait que Seraing accueille des projets pilotes de l’intercommunale en matière de télécoms, et déclarera avoir remboursé ces frais à sa filiale.

Ce samedi matin-là, Marie-Pierre Deghaye est sur le pont. Deux mois plus tôt, cette ancienne journaliste de la RTBF spécialisée dans le judiciaire – elle couvrait notamment l’affaire Tecteo – a été recrutée par Stéphane Moreau comme chargée de communication. Après 23 années de journalisme de terrain, elle connaît nombre de magistrats et policiers à Liège. Elle connaît aussi très bien celui qui signe l’article du Soir, son ex-confrère Joël Matriche, avec qui elle a plusieurs fois collaboré.

Le Soir privé de pub

Marie-Pierre Deghaye rédige rapidement un communiqué de presse annonçant des poursuites judiciaires imminentes contre Le Soir et son journaliste. Titre du communiqué : « Tecteo et BeTV attaquent Rossel et Joël Matriche pour calomnie et diffamation. » Sous-titre : « 5 millions d’euros sont réclamés à Rossel et 1 million d’euros à Joël Matriche. » La plainte ne sera jamais déposée, aucun droit de réponse ne sera réclamé. Par contre, trois mois plus tard, sous le titre « Tecteo se venge de Rossel », Le Vif/L’Express révélera que le groupe de Stéphane Moreau a retiré toutes les campagnes de pub initialement prévues dans les pages du Soir depuis juillet. Manque à gagner pour le quotidien au cours de ce seul trimestre : « entre 60 000 et 70 000 euros ».

Voilà les autres médias prévenus. Tecteo (aujourd’hui Nethys), qui exploite la marque Voo (télévision numérique, internet, téléphonie), est un des principaux annonceurs de la presse écrite belge francophone. En 2013 et 2014, avec un budget annuel de plus de 30 millions d’euros, il est le deuxième annonceur dans les médias du sud du pays (presse écrite, radio, TV, web), juste derrière le géant mondial Procter & Gamble.

TENSIONS SUR LES MÉDIAS

Jeudi 9 octobre 2014, Namur. La Dernière Heure et La Meuse annoncent, en fin d’après-midi sur leur site internet, que cinq cadres d’Ethias ont été inculpés par la justice liégeoise dans une fraude à l’assurance présumée concernant une propriété de Stéphane Moreau. Début 2010, un arbre situé dans une prairie de Xhendremael (Ans) appartenant au patron de Tecteo s’est abattu sur la pergola d’un voisin. Les dégâts s’élèveraient à 53 000 euros. Problème : le mandataire socialiste, client chez Ethias, ne possède pas d’assurance couvrant ce type de sinistre. Deux contrats auraient alors été rédigés après coup, antidatés et signés, pour que l’indemnisation puisse avoir lieu.

Très vite, l’agence Belga reprend l’information. Qui se retrouve donc rapidement sur la plupart des sites des médias du royaume. Y compris sur celui de L’Avenir, racheté un an plus tôt par Tecteo/Nethys. C’est à ce moment qu’entre en scène Pol Heyse, président des Éditions de l’Avenir et bras droit de Stéphane Moreau chez Nethys.

Pression téléphonique

Philippe Leruth était à la rédaction principale du journal, à Bouge (Namur). Actuel président de la Fédération internationale des journalistes et reporter à L’Avenir depuis 39 ans, il se souvient : « Pol Heyse a appelé la rédaction en soirée, à une heure où le rédacteur en chef était déjà parti. Il a suggéré à un rédacteur en chef adjoint que la dépêche Belga sur le site internet suffisait. Et donc qu’il n’était pas nécessaire de reprendre l’info dans le journal papier du lendemain. La pression était très claire. Directe. Mais on a tenu bon. Céder sur cela, c’était créer une brèche, ouvrir la boîte de Pandore un an seulement après le rachat du journal. » Le lendemain matin, les abonnés de L’Avenir ont ainsi pu lire un article intitulé « Cinq cadres d’Ethias suspectés d’avoir “post-assuré” Moreau », agrémenté d’une photo du principal concerné.

En mai 2016, L’Écho annonce que le parquet général de Liège, dans ce dossier, demande le renvoi de neuf personnes devant le tribunal correctionnel pour faux et usage de faux. Parmi elles, Stéphane Moreau et Bernard Thiry (alors CEO d’Ethias). La dépêche Belga sera reprise sur tous les sites d’information, mais, cette fois, seule La Libre Belgique la publiera dans son édition papier du lendemain…

L’interventionnisme de Stéphane Moreau vis-à-vis des médias est bien connu dans le milieu. « Un homme qui ne supporte pas qu’on parle de lui… si ce n’est en bien », témoigne Rodolphe Magis, qui a été chef d’édition du quotidien liégeois La Meuse de 2011 à octobre 2016. « Chaque fois qu’un article lui déplaisait, il me téléphonait à 7 h du matin pour me le faire savoir ! »

Boycotts publicitaires

Le patron de Tecteo sait aussi jouer avec les cordons de la bourse. Le boycott publicitaire du Soir en 2013 n’est pas un cas isolé. Le 30 septembre 2009, le quotidien L’Avenir publie sous la plume de Philippe Leruth une double page titrée « Tecteo : un patron champion des cumuls ». Le journal s’interroge sur les 28 mandats de Stéphane Moreau dont 10 sont rémunérés, sur l’importance de son salaire – secret –, et sur son potentiel conflit d’intérêts : « Comment justifier qu’un échevin, bourgmestre faisant fonction, exerce une fonction de direction dans une intercommunale, dont sa commune est membre ? »

Furax, Moreau frappe L’Avenir au portefeuille en supprimant ses pubs pendant plusieurs semaines. « Quand Voo a replacé des encarts dans le journal, l’administrateur délégué des Éditions de l’Avenir de l’époque, Quentin Gemoets, m’en a fait la remarque en conseil d’entreprise d’un ton mi-amusé, mi-soulagé », se rappelle Philippe Leruth.

Ces méthodes pourraient-elles amener des journalistes ou leur hiérarchie à s’autocensurer ? En avril 2012, comme l’a raconté Apache.be, il n’aura fallu que 30 secondes d’images dans un JT de RTL-TVI pour qu’un débat éclate entre direction et rédaction. Le mini-sujet évoquait des perquisitions dans le cadre du dossier Tecteo chez le bourgmestre socialiste de Grâce-Hollogne, Maurice Mottard. Il sera jugé « inopportun » par le directeur de la rédaction de RTL, Laurent Haulotte, mécontent du traitement de ce devoir d’enquête sans grand intérêt éditorial à ses yeux. Un différend qui a conduit la Société des journalistes (SDJ) de RTL à publier en interne un communiqué s’interrogeant : « Les liens existant entre Tecteo/Voo/Stéphane Moreau et RTL entravent-ils le traitement de l’info par notre rédaction ? »

Article bloqué

À Liège, chez Sudpresse, la pression est maximale. Selon nos informations, recoupées à multiples sources, un article concernant les déboires judiciaires de Stéphane Moreau dans le dossier « pergola » est bloqué depuis fin mai 2016. Il a été relu par l’éditeur, a été amendé par le journaliste. L’article, qui précise la manière dont les faux contrats d’assurance présumés ont été conçus, est prêt à être publié. Mais « ce n’est pas le moment… », a répondu, à plusieurs reprises, la haute hiérarchie du groupe à Rodolphe Magis, alors chef d’édition du quotidien liégeois.

« Moreau n’a qu’une seule crainte, c’est d’avoir des articles qui écornent son image dans La Meuse. Car c’est ce que lisent ses électeurs et ses proches. Il a bâti toute sa carrière politique en région liégeoise, c’est donc la presse locale qu’il craint par-dessus tout », décode un journaliste de Sudpresse.

LE JUGE ET SES LIAISONS « DANGEREUSES »

Mercredi 30 novembre 2011, Ans. « Je suis fini… Je suis fini… », répète Stéphane Moreau à voix basse. Les enquêteurs qui passent au peigne fin son appartement ansois sont surpris. Lui qui crie à la diffamation anonyme, qui clame son innocence depuis le début de l’affaire Tecteo, aurait-il finalement quelque chose à craindre d’une simple perquisition ? Dehors, un soleil blafard éclaire cette matinée de fin d’automne. Le juge d’instruction Philippe Richard a accompagné sur les lieux le chef d’enquête de la police judiciaire de Liège, Marc Van de Wouwer, et ses hommes.

Jeudi 26 février 2015, Liège. Dans son cabinet logé au 3e étage du nouveau palais de justice de Liège, le juge Richard doit se sentir bien seul. En cinq pages, il vient de réfuter point par point tous les arguments avancés par les avocats de Stéphane Moreau. « Toutefois, conclut-il, au vu, notamment, de l’orientation que prend ce dossier, je me déporte. » Le climat, délé tère, a atteint un point de non-retour.

Ce n’est pas une reconnaissance d’une quelconque faute, mais c’est un coup de tonnerre dans le monde judiciaire liégeois. Me Masset et Me Bourtembourg, les avocats de Stéphane Moreau, avaient déposé, mardi 24 février, une requête en récusation de 14 pages contre le juge financier. Selon eux, le magistrat manquerait d’impartialité, aurait convaincu ses enquêteurs que la cible du dossier Tecteo est leur client, et serait incapable de faire respecter le secret de l’instruction. Plusieurs témoignages sont joints pour donner de la substance à ces allégations.

Le timing de cette requête est surprenant : le juge Richard avait en effet convoqué Stéphane Moreau le 25 février à 14 h pour l’entendre, en présence de son avocat, dans le dossier « pergola », et procéder ensuite à son inculpation pour faux, usage de faux et escroquerie.

« Est-ce pour éviter un déballage d’ordre très privé, en audience publique devant la cour d’appel, que le juge Richard a accepté de se retirer ? », s’interrogera quelques jours plus tard notre confrère de la RTBF Michel Grétry. En effet, la requête en récusation s’achevait sur un dernier argument, sibyllin, en quatre lignes. Il suggérait de manière très indirecte que le juge aurait entretenu, à une certaine époque, une relation privilégiée avec l’épouse d’un troisième avocat de Stéphane Moreau.

Au palais de Justice de Liège, on fait valoir qu’un recours devant la cour d’appel aurait considérablement ralenti la gestion du dossier Tecteo, ouvert en 2008 et déjà très critiqué pour tirer en longueur. Quelques jours plus tard, le dossier était transféré au juge d’instruction Frédéric Frenay, qui devrait le boucler début 2017.

Faux témoignages ?

Parmi les attestations à charge du juge, il s’en trouve une signée par l’ex-journaliste Marie-Pierre Deghaye. Elle écrit que le commissaire X lui a affirmé, lors d’un déjeuner fin 2014, « avoir dépensé beaucoup d’énergie pour l’enquête Tecteo, qui avait été rebaptisée enquête “Moreau” et à propos de laquelle, très vite, le juge Richard avait donné instruction de trouver un maximum d’éléments à charge de Stéphane Moreau ». Or le commissaire X, que Médor a retrouvé, dément formellement avoir tenu de tels propos. Il n’a d’ailleurs aucun souvenir d’avoir rencontré Marie-Pierre Deghaye fin 2014 et son agenda, qu’il nous a montré, ne contient aucune mention d’un tel déjeuner. Un autre témoin, Gaetano Lana, vieil ami de Stéphane Moreau, a lui aussi signé une attestation affirmant que X lui aurait dit, lors d’une rencontre fortuite à la galerie Cora de Rocourt, qu’on l’avait perquisitionné « dans le but de trouver quelque chose sur Monsieur Moreau ». « Non seulement il est rarissime que j’aille faire mes courses là, déclare X, qui dément, mais en plus je serais bien incapable de reconnaître ce monsieur que je n’ai vu qu’une seule fois. »

Parallèlement au dépôt de la requête en récusation, qui ciblait le juge, un rapport anonyme de 50 pages, qui ciblait l’expert judiciaire Olivier Deblinde, a été envoyé aux rédactions de la RTBF et de La Meuse. Le texte a pour principal objectif de décrédibiliser cet expert, auquel le juge Richard faisait régulièrement appel pour analyser des documents comptables. Olivier Deblinde serait beaucoup trop cher et, chiffres à l’appui, le juge serait coupable d’une « utilisation abusive du recours à ces expertises comptables ».

Mais surtout, le rapport développe que l’épouse du juge, qui est médecin, avait choisi comme comptable pour son cabinet un homme qui était, jusqu’à son décès en 2012, lié à l’expert Deblinde au sein d’une association de fait. Sur la base de ce seul lien, l’auteur de la note anonyme insinue que Deblinde aurait travaillé à la fois comme comptable pour la femme du juge et comme expert judiciaire pour le magistrat, qui ne serait dès lors plus impartial. C’est sur ce fragile raisonnement que la RTBF décidera d’ouvrir son JT samedi 28 février avec un sujet intitulé « Les liaisons dangereuses » suivi d’un direct depuis Liège devant le palais des Princes-Évêques annonçant que le juge se retire du dossier.

Avant de s’offrir la tête du juge, Stéphane Moreau et ses avocats avaient déjà eu celle de son enquêteur en chef dans le dossier Tecteo. En 2013, Marc Van de Wouwer avait été écarté à la suite d’accusations de prosélytisme religieux protestant soulevées à la Chambre par la députée socialiste Julie Fernandez Fernandez. Il a été blanchi par une enquête interne, classée sans suite en mai 2016.

Contactés à plusieurs reprises par Médor, Stéphane Moreau et son attachée de presse Marie-Pierre Deghaye n’ont pas donné suite à nos demandes d’interview.

Une vidéo qui mit le feu aux poudres… Extraits ci-dessous. Version intégrale ici

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